Jeudi dernier, 18 heures, en descendant vers Bab El Oued par la route de Chevalley, l'absence de véhicules laisse penser que quelque chose se prépare… Arrivés à Triollet, on découvre qu'une bande de jeunes en colère a incendié une voiture sous le regard menaçant de la brigade antiémeute. Les jeunes sont là, face aux policiers. Ils attendent le coucher du soleil pour passer à l'action. Une fois la nuit tombée, les jeunes envahissent les rues de Bab El Oued. Des groupes de casseurs mettent à sac et ravagent tout ce qui leur tombe sous la main. Les cabines téléphoniques sont arrachées et brulées, les Abribus saccagés, des voitures incendiées… Des pneus en feu enfument le quartier. Les pavés et le carrelage des trottoirs sont arrachés par les jeunes qui en feront des projectiles. Une demi-heure plus tard, les déflagrations des bombes lacrymogènes résonnent. Les coups de feu leur font écho. Ce sont des tirs de sommation des policiers pour dissuader les casseurs de s'attaquer au commissariat du quartier. Les jeunes s'en prennent à d'autres cibles. Ils ne reculent devant aucun obstacle et entament un véritable jeu de cache-cache avec les policiers.Il faut rappeler que la veille, le quartier de Bab El Oued a connu des actes de vandalisme, même le commissariat du cinquième arrondissement a été attaqué par des jeunes déterminés à le brûler. Parmi les dégâts observés sur place, la destruction de l'arrêt de bus du quartier des Trois Horloges, les centres de Mobilis, Djezzy et Nedjma. Le showroom de Renault a été incendié avec toutes les voitures qui s'y trouvaient. «Il ne reste plus rien à casser, dans un moment ils vont se mettre à arracher les arbres», déplore un citoyen en regagnant sa maison. Quelques instants plus tard, les habitants de Bab El Oued entendront le bruit des pare-brises brisés suivi de quelques déflagrations. Les affrontements entre agents de l'ordre et manifestants ne prendront fin qu'à une heure tardive. On soulignera toutefois la lourde atmosphère et la tension qui régnaient dans le quartier en début de matinée d'hier suite à la rumeur de la reprise des émeutes. Tous les commerces du quartier ont baissé rideau à midi. W. S.