De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi M. Cherif Rahmani ne devrait-il pas clore la saison estivale par une petite virée à Constantine pour s'enquérir de visu de l'état local de ce secteur vraiment mal en point. Le désarroi affiché par les responsables locaux du tourisme au niveau de la direction de wilaya illustre on ne peut mieux la gravité de la situation du secteur dans une ville pourtant au potentiel inépuisable. «Nous ne disposons d'aucune commodité pour faire notre travail selon des bases élémentaires. Figurez-vous que même la voiture de la direction n'est pas mise à notre disposition», déplore un cadre de cet organisme. Pis, si on devait se référer aux règles strictes de la Protection civile et de l'hygiène, la direction fermerait ses portes sans le moindre bruit. L'établissement se trouve au creux de la vague en renvoyant un cliché négatif sur le développement de ce volet. Les acteurs du secteur, unanimes, pointent un doigt accusateur sur l'état des lieux. Nombre de défaillances complètent le tableau déjà noirci. A commencer par une anomalie dans l'application de la loi régissant les infrastructures hôtelières. Seuls trois hôtels fonctionnent avec des autorisations d'exploitation, et encore elles ne sont que provisoires ! Pour les autres, on en dénombre au moins 10, dont trois classés (entre étatiques et privés) qui sont régis par des registres du commerce seulement. La cause en est que, pour pouvoir bénéficier de ladite autorisation, il faut remplir quelques conditions : hygiène, sécurité et normes du tourisme des bâtiments. En clair, appliquer la règle sans détour et Constantine pauvre en hôtels verra son potentiel se réduire comme peau de chagrin. Dans ce sillage, le département de Rahmani aura sollicité les différentes directions régionales d'appliquer la réglementation 2000-136 stipulant la délivrance intrinsèque des autorisations d'exploitation et de classement. Toutefois, cette exigence constitue un véritable casse-tête chinois pour les responsables. «Comment pourrait-on appliquer cette directive pour les anciennes bâtisses dont le plan est introuvable ?», s'interroge un cadre du tourisme. Pour ce qui est des infrastructures opérationnelles à Constantine, on en dénombre environ 14 répondant aux normes d'«hébergement» car la prestation, c'est une autre question, précise la même source. Par ailleurs, il est à noter que la ville compte quelque 50 agences de voyages dont la priorité est accordée à «l'exportation touristique» plutôt qu'au développement du tourisme local. Pour le 1er trimestre 2008, Constantine aura accueilli 1 600 étrangers, selon les statistiques fournies par la direction du tourisme, soit 3 800 nuitées enregistrées dans différents hôtels. Les statistiques relevant de la saison estivale 2008 n'ayant pas encore été finalisées, des inspectrices sont en train d'adresser des correspondances aux structures hôtelières afin de leur fournir les derniers chiffres de la saison. Par contre, l'année 2007 a vu la présence de près de 7 000 touristes étrangers hébergés dans 17 hôtels. Ce nombre demeure en deçà des attentes au vu du potentiel touristique de la ville, qui demande à être pris au sérieux. Le manque d'infrastructures d'accueil reste sans conteste le talon d'Achille, mais quand des irrégularités entachent déjà les structures existantes, cela remet en cause toute la stratégie touristique. C'est pourquoi la tutelle devrait intervenir pour ne pas encore différer… l'exploitation de «Constantine touristique». La vieille ville, le monument aux morts, le pont Sidi M'Sid… «prient» pour que leurs visiteurs soient pris en charge touristiquement, voire passent une nuit dans un hôtel… digne de ce nom. Ibis et Novotel qui avancent à grand pas ne vont certainement pas attirer du monde, encore moins l'hôtel 5 étoiles prévu au 7ème km et dont les travaux «languissent», tant le motif touristique n'est pas pris en considération par la direction. En d'autres termes, il s'agira de dissocier l'administration des opérateurs sur le terrain, d'opérer en somme une redistribution des tâches et des prérogatives de chaque partie. Constantine mérite d'être visitée par une délégation de la tutelle, la ville vaut le détour et la surprise serait grande…