Photo : Riad Par Ziad Abdelhadi Le ministre du Commerce a réuni, mercredi dernier en son siège, les opérateurs nationaux versés dans la production d'huile de table pour leur annoncer que leur marge bénéficiaire sera dorénavant plafonnée à 7%, au lieu de 15% comme cela était d'usage auparavant. Une décision qui, selon le patron du groupe Cevital, Issad Rebrab, présent à une rencontre sur la performance de la grande distribution et du service après-vente organisée jeudi dernier à l'hôtel Hilton par le cabinet-conseil Ernst & Young, est un non-sens. Pour M. Rebrab, cette mesure «ne tient pas en compte la réalité du terrain». Et d'avancer : «Ce plafond qu'on veut m'imposer n'aura d'autres conséquences que de voir de nombreux partenaires abandonner leurs activités car ce plafonnement de 7% va leur faire perdre de l'argent puisqu'ils ne pourront plus rien vendre et, du coup, ils vont disparaître. Ce qui va encore rajouter de l'eau au moulin de ceux qui m'accusent aujourd'hui de détenir le monopole du sucre et de l'huile. Alors qu'en réalité, le groupe Cevital est loin d'avoir le monopole du marché national de l'huile et du sucre». Non sans reconnaître : «C'est vrai que nous sommes en position de dominance, et nous en sommes fiers, par ailleurs.» Toujours à propos de la décision du ministère, il a été estimé que celui-ci ne devrait pas user du mot «plafonner» car pour lui, «il faut plutôt donner une marge minimale d'au moins 7%. Mais si Cevital peut gagner plus par son efficacité, tout en respectant la concurrence et les prix, pourquoi donc veut-on nous reprocher nos performances ? Pis, on nous a accusés d'avoir cassé les prix à la sortie d'usine. Mais, en réalité, qu'est-ce que nous avons fait ? On a seulement pris les anciens prix appliqués sur le marché auparavant et d'y soustraire les 22% que l'Etat a décidé dernièrement de supprimer». Et de s'étonner d'entendre que 41% des taxes ont été exonérés. «C'est faux ! Il n'a jamais été question d'abroger les taxes à hauteur de 41%. Pour preuve, l'impôt sur les bénéfices n'est pas une charge puisqu'il se calcule sur la base des bénéfices réalisés», nous a expliqué M. Rebrab. «La Direction des impôts nous a rappelé que cette exonération ne concerne pas l'impôt sur le bénéfice, c'est seulement l'acompte provisionnel qui a été différé. Donc, il n'y a pas eu, en réalité, de réduction de 19% d'impôts sur les bénéfices comme annoncé par le gouvernement», expliquera-t-il. Le patron du groupe Cevital est revenu sur le fait que certains de ses confrères lui ont reproché de baisser les prix, alors que c'était dans le but de donner plus de marge de bénéfice aux acteurs du réseau de distribution. Il nous révélera : «Ceux-là mêmes ont proposé d'octroyer 10 DA de bénéfice le kilogramme à partager entre distributeurs, grossistes, demi-grossistes et détaillants. Ce qui est pour le moins insensé.» Avec une si petite marge, il devient impossible à tous ces intervenants de fructifier leurs activités. De plus, «en vendant le kilogramme de sucre à 90 DA, que peut-il leur rester ? Même pas de quoi payer leurs impôts, une TAB de 1,4%», déplore M. Rebrab. Et devant une telle situation, «c'est dans le circuit informel que vont certainement se convertir les plus fragiles des opérateurs dans le circuit de la distribution», a lâché d'un air dépité notre interlocuteur. Un secteur informel auquel il est temps de mettre fin. Pour ce faire, «il faut donner des marges correctes aux opérateurs pour qu'ils puissent rester dans la légalité», a observé M. Rebrab. Il indiquera aussi que pour éliminer une bonne partie du secteur de l'informel, «il faut développer la grande distribution, mais encore faut-il trouver des terrains pour ce faire». Z. A. Issad Rebrab : «le marché national couvert à 200% pour le sucre et à 300% pour l'huile» Selon Rebrab, les besoins nationaux en sucre et en huile s'élèvent respectivement à 1 200 000 et 525 000 tonnes par an. En ce qui concerne les capacités de production, le marché national est couvert à 200% pour le sucre et à 300% pour l'huile. C'est pourquoi Cevital compte exporter en 2011 un volume de 800 000 tonnes de sucre vers 28 pays. Rebrab a aussi fait savoir que son groupe a été redevable, pour l'exercice 2010, vis-à-vis de l'administration des impôts de la somme de 400 millions de dinars qu'il a versés intégralement.