Réagissant aux décisions prises par le Président lors du Conseil des ministres de jeudi dernier, en l'occurrence la levée de l'état d'urgence et l'ouverture des médias lourds à l'opposition, les Etats-Unis et l'Union européenne saluent ce qu'ils considèrent comme «un pas positif et encourageant». Jusqu'à hier, seuls Washington et Bruxelles se sont exprimés sur les mesures prises par l'Algérie de libérer le champ politique et médiatique. Au plan national, le PT, par la voix de sa secrétaire générale qui s'est exprimée sur les ondes de la Chaîne III, s'est dit satisfait par les décisions prises même s'il reste beaucoup à faire pour rendre la parole au peuple. Le FLN a traduit, dans un communiqué, sa «grande satisfaction» de ces mesures qui interviennent «au moment opportun» et sont en «parfaite harmonie avec l'évolution de la société et la dynamique du peuple algérien qui aspire à davantage de progrès et de bien-être». Le RND s'est félicité de l'annonce de ces mesures, estimant que «la décision de lever l'état d'urgence et de substituer à ce dernier des mesures juridiques dans le prolongement de la lutte antiterroriste» attestait de la validité du «modèle démocratique pluraliste en vigueur dans notre pays». Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a, lui aussi, salué la décision du président de la République par laquelle il a chargé le gouvernement d'œuvrer immédiatement à élaborer un texte législatif pour permettre la levée de l'état d'urgence, estimant qu'«il s'agit d'un important pas en avant». Le MSP a appelé l'administration à «réunir les conditions nécessaires à une vie décente pour tous les citoyens et dans toutes les wilayas, à même d'influer positivement sur la vie politique, les libertés et les droits de l'Homme, tout en œuvrant au parachèvement des réformes globales et à la modernisation des différentes lois régissant les relations politiques, à leur tête la loi sur les partis, la loi électorale, les codes communal et de wilaya et d'autres textes liés à l'information et à l'audiovisuel». Le PJL de Mohamed Saïd abonde dans le même sens et trouve ces mesures positives. Moussa Touati, au nom du FNA, a estimé que la décision de lever l'état d'urgence «est courageuse mais tardive», appelant le gouvernement à mettre en œuvre «dans les meilleurs délais» les directives du président de la République et à présenter le projet de loi relatif à la levée de l'état d'urgence dès les premières séances de la prochaine session de printemps du Parlement. Le mouvement Islah considère pour sa part que lier la levée de l'état d'urgence à l'élaboration par le gouvernement de lois relatives à la lutte antiterroriste tout en excluant Alger pour ce qui est de l'organisation de marches, consacrait le caractère «ambigu» de cette décision. Le président du mouvement, M. Ahmed Ben Abdesslam, a déclaré à l'APS que son parti invitait le pouvoir à «définir clairement ses positions en fixant des délais précis pour la levée de l'état d'urgence», ajoutant que les «justifications» apportées à l'interdiction de manifestations à Alger «sont loin de convaincre, sauf si l'objectif est d'empêcher les citoyens d'exprimer leurs préoccupations aux responsables au pouvoir». Le mouvement a exhorté le pouvoir à lever l'état d'urgence le mois en cours «sans exclure aucune région du pays» de cette mesure, appelant les médias lourds à «ne pas se contenter de couvrir les activités des partis mais à consacrer des émissions au débat contradictoire entre les formations politiques». Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a, de son côté, interpellé le pouvoir à l'effet de «répondre aux aspirations légitimes du peuple, notamment le changement du système politique […] au lieu de prendre des mesures susceptibles de créer la diversion». De son côté, le secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), M. Karim Tabou, a exprimé la position de son parti concernant certaines mesures. Dans une déclaration à l'APS, il a indiqué que «la décision envisagée de lever l'état d'urgence dans un avenir proche peut être perçue comme un signal positif» mais le projet d'élaboration d'une nouvelle loi intitulée loi antiterroriste «engendre l'inquiétude et le soupçon». Pour le FFS, les choses sont claires, «le peuple algérien aspire à un changement radical et pacifique», a-t-il dit. Pour sa part, le mouvement Nahda déterminera sa position face aux récentes mesures présidentielles à l'issue de la session extraordinaire de son conseil consultatif vendredi soir. Par ailleurs, Hillary Clinton, qui redoute une situation chaotique au Moyen-Orient, a appelé hier à partir de Munich les pays arabes à engager des réformes démocratiques pour répondre aux aspirations populaires à la liberté. Mais Mme Clinton n'a soufflé aucun mot sur l'ordre économique mondial dont les conséquences sur les peuples menacent les espaces de liberté cquis. A. G.