Le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, a minimisé la portée des marches organisées en Algérie, il y a quinze jours, et celle de samedi dernier, tout en confirmant la levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis 1992, «dans les jours prochains». «Prochainement, on en parlera au passé, mais je dis bien qu'elle (la levée de l'état d'urgence) interviendra dans les jours prochains», a affirmé M. Medelci sur les ondes d'Europe 1, confirmant ainsi la promesse faite par le président Bouteflika, le 3 février, lors d'un Conseil des ministres. Le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que cette mesure signifiera un «retour, en Algérie, à l'Etat de droit qui permet, de manière totale, l'expression des opinions, mais toujours par référence à la loi». «Les mesures exceptionnelles, prévues par l'état d'urgence qui permet au ministre de l'Intérieur et aux walis de prendre des dispositions, pourront être levées», a indiqué le ministre des Affaires étrangères, assurant toutefois que la lutte contre le terrorisme «se poursuivra». Il a rappelé que le gouvernement algérien, sous la conduite du président Bouteflika, a «ramené la paix, mais n'a jamais baissé la garde contre le terrorisme». Interrogé sur les manifestations de rue en Algérie, dont celle de samedi dernier, le ministre des Affaires étrangères en a réduit la portée en affirmant que «les marches organisées il y a quinze jours et samedi ont bien démontré que ces mouvements sont des mouvements minoritaires. De défection en défection, ces minorités n'ont pas amélioré leurs scores. Et je suppose que de marche en marche, elles ne feront pas mieux». Le ministre des Affaires étrangères a, en outre, assuré que les personnes interpellées lors de la tentative de marche de samedi dernier «l'ont été pour quelques heures», et ont été «toutes relâchées». M. Medelci a relevé, à cet égard, «la force de retenue exceptionnelle» des forces de l'ordre qui, a-t-il dit, «n'ont pas répondu à des provocations et ont reçu des coups qu'ils n'ont pas rendus». Invité à commenter la présence du numéro deux du FIS (parti dissous) à la marche de samedi et cette «chance» que voudraient prendre les islamistes pour se mêler à l'opposition, le chef de la diplomatie algérienne a estimé que «les islamistes ont montré leurs limites» et que «pour en arriver là, l'Algérie et les Algériens ont payé un prix très très fort». Il n'a toutefois pas exclu une «crainte» de voir le mouvement islamiste essayer de réinvestir la rue. «Rien n'est exclu, il faut rester vigilants. Et cette vigilance, nous l'appliquons au quotidien», a affirmé le ministre. A la question sur un éventuel changement du gouvernement, il a répondu que «la décision appartient au seul président de la République qui en évalue la possibilité, comme il l'a fait par le passé». Dans l'interview qu'il a accordée à Jean-Pierre El Kabbach, le ministre algérien des Affaires étrangères, M. Medelci, a indiqué que les événements qui ont secoué la Tunisie et l'Egypte «ne peuvent pas ne pas avoir d'influence ni sur l'Algérie ni sur les autres pays, y compris ceux qui ne sont pas dans la sous-région. C'est incontestablement la démonstration d'un soulèvement populaire de ces deux peuples qui n'est pas sans nous rappeler ce que nous avons vécu nous-mêmes en octobre 1988». A la question de la légitimité du soulèvement de ces deux peuples, il dira, qu'«il est difficile de parler à la place des peuples. Les peuples sont respectables et sont eux-mêmes responsables de leur destin», avant de rappeler que «l'Algérie a toujours respecté les autres, surtout lorsqu'il s'agit d'un mouvement populaire d'une aussi si grande intensité». A. R.