Photo : Riad De notre correspondant à Constantine A. Lemili Avec la régularisation de la situation des vendeurs informels, promus d'ailleurs par les autorités locales au rang de «commerçants», un titre auquel fait face un sérieux renâclement de l'association corporative de ces derniers, les différentes mairies s'évertuent à trouver une solution immédiate, en planchant sans désemparer sur les meilleurs voies et moyens d'apprêter les différents souks destinés à accueillir à l'avenir des milliers de nouveaux commerçants.Dans cet ordre d'idées, le souk hebdomadaire du Khroub, à la réputation incontestable à travers le pays depuis fort longtemps, s'apprête à son tour à changer de statut pour devenir un marché quotidien, ce qui n'est pas sans lui faire courir de risque au point de vue ordre et organisation. Une anarchie nettement prévisible, car difficile d'échapper aux concepteurs du projet et autres décideurs, sauf à considérer que la conjoncture et, plus particulièrement, «la volonté politique» dominantes ne peuvent que laisser passer à la trappe une normalisation devant pourtant être concrétisée depuis un mois, déjà. Les pouvoirs publics locaux n'ont envisagé qu'au mois de janvier seulement la réhabilitation des artères et places des différentes communes, notamment au niveau du chef-lieu de wilaya. Au motif que le commerce informel rognait dramatiquement la notion d'autorité publique, autrement dit, l'Etat, et le respect de ses institutions. Nous en donnons pour preuve les orientations données par le ministre du Commerce, en visite de travail et d'inspection, en novembre 2010, précisément à hauteur des différents marchés du Khroub, confirmant, surtout, la volonté des pouvoirs publics, précédemment rappelée, d'éradiquer le commerce informel.Saddek Hemaïzia, premier édile du Khroub, n'hésite pas à évoquer de l'ampleur des projets sociaux auxquels son équipe municipale est appelée à faire face, et ce, dans des conditions d'improvisation quasi totale. S'agissant du marché hebdomadaire de la ville, il confirmera «la décision, voire la nécessité de le rendre fonctionnel, sept jours par semaine». Aux yeux de notre interlocuteur, un tel choix ne devrait pas interférer sur le fonctionnement habituel des lieux, au vu des 50 millions de dinars annuels de recettes de location que rapporte l'espace en question depuis janvier 2011 à la municipalité qui l'a cédé pour un bail de 3 années au même locataire depuis pratiquement vingt années et les 100 dinars forfaitaires dont s'acquitteront les jeunes désœuvrés qui auront à bénéficier d'un emplacement volatil dans la mesure où l'attribution ne leur est pas faite définitivement, mais au gré de la présence de chacun d'eux sur les lieux chaque jour. Entre les deux montants de location et le respect du cahier des charges inhérents comme l'entretien du souk, il ne risque pas, forcément, d'y avoir photo d'autant plus qu'il faudrait additionner aux 150 millions de dinars les rentrées financières, au titre de l'impôt, estimées approximativement à un milliard par an. Le souk du Khroub est, par ordre d'importance, le deuxième du pays après celui de Tadjenanet. La masse monétaire qui y circule en trois jours d'activité dépasserait les 250 millions de dinars, nous a-t-il été confié par un ancien cadre de la commune, lequel a souligné qu'il s'agit là «d'une masse d'argent énorme sur laquelle l'Etat, hélas ! ne récupère pas de droits». Alors où se situerait le bénéfice pour son locataire ? Dans le droit pour chaque commerçant qui s'y installe de verser une contrepartie financière. L'échelle des tarifs varie en fonction de l'importance du stand, mais le plus gros gain se fait à hauteur des maquignons et, plus particulièrement, par rapport au nombre de bêtes entrant au souk. A ce stade commercial, celui (souk) du Khroub est incontestablement le plus important, au niveau national.Toutefois, la municipalité ne semble pas inflexible sur le respect du cahier des charges, sachant que le souk en question se limitait à l'origine au seul espace clôturé. Or, son adjudicataire est littéralement sorti de cette limite, exploitant d'autorité une grande partie des alentours, percevant les mêmes taxes sans rien en reverser au fisc. Interrogé à ce sujet, S. Hemaizia, maire du Khroub, nous a vite répondu que ledit espace «faisait partie de la location». Mais ceci est loin d'être corroboré par les déclarations des commerçants que nous avons approchés et pour lesquels «la taxe payée se fait plutôt discrètement et sans délivrance de justificatif».