Photo : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad On construit peu, même très peu et souvent mal à Tizi Ouzou et partout en Kabylie, où les différents projets étatiques de logements souffrent de multiples contraintes et blocages à l'instar d'ailleurs de tous les autres programmes des secteurs sensibles. Ainsi, un rapport de décembre 2010 de la commission de l'aménagement du territoire, du développement local et du tourisme de l'Assemblée populaire de wilaya (APW), a noté que les délais de réalisation des logements restent «un engagement théorique étant donné la réalité du terrain» qui ne traduit pas les annonces pompeuses et électoralistes des autorités à tous les niveaux.Et ce n'est là qu'un constat parmi tant d'autres qui sont tous aussi déplorables. Les bilans dans le domaine de l'habitat sont tout simplement catastrophiques et devraient inquiéter tous les responsables dont la plupart se cachent derrière la litanie des «contraintes et difficultés» du secteur de l'habitat dans la wilaya de Tizi Ouzou telles que le relief accidenté, le manque d'assiettes foncières, le non-achèvement des travaux de voirie et des réseaux divers (VRD) comme l'assainissement, le gaz et l'eau potable, le retard dans la réalisation des études du Plan de développement et d'aménagement urbain (PDAU) et du Plan d'occupation du sol (POS), les tares de l'outil de réalisation ainsi que les lenteurs administratives.Même si certaines contraintes sont réelles telles que le relief accidenté et le manque de terrains, on ne peut toutefois les considérer comme insurmontables et elles ne peuvent aucunement justifier cette situation. Avec les développements et la modernisation qu'ont connus les méthodes de construction, aucun relief, si accidenté soit-il, ne peut être considéré comme inaccessible. La wilaya de Tizi Ouzou a, selon la Direction de wilaya de l'urbanisme et de la construction (DUC), bénéficié d'un programme de réalisation de 48 778 logements, dont 24 408 sont déjà livrés, soit un taux de 50,04%, 20 431 (41,89%) sont en cours de réalisation, alors que 3 332 sont en souffrance et 607 à l'arrêt pour les dernières années. Pour l'année 2009, la Direction du logement et des équipements publics (DLEP) de la wilaya de Tizi Ouzou avait prévu la réalisation de 17 045 logements, toutes formules confondues. S'agissant du programme de résorption de l'habitat précaire (RHP), le directeur de l'urbanisme et de la construction avait déclaré à la même époque que ce phénomène nouveau dans la région de Kabylie sera éradiqué à la fin du programme mis en cours. Parmi les formules adoptées pour la résorption de l'habitat précaire dont souffrent la majorité des communes de la wilaya de Tizi Ouzou, l'autoconstruction présente un intérêt certain, car elle permet de répondre en grande partie à la demande insatisfaite par les organismes de l'Etat. 34 communes sont en effet touchées par l'habitat précaire, soit 104 sites précaires (138 hectares) englobant quelque 3 000 familles et 3 612 habitations. En 2007, la wilaya de Tizi Ouzou avait bénéficié de deux programmes de 900 logements RHP, répartis sur les communes d'Iferhounène, de Tizi Ouzou, d'Aïn El Hammam, d'Aït Yahia Moussa, des Ouadhias et d'Illoula. En 2008, elle avait bénéficié d'un programme de 1 000 logements dans le cadre de la RHP. Elle a réceptionné, fin décembre 2008, 11 143 logements dans le cadre du programme quinquennal RHP. Pour l'année 2008, 6 920 habitations ont été livrées.Mais quelle que soit la formule retenue et le programme engagé, la crise du logement et les demandes insatisfaites, même si elles sont atténuées, demeurent. Des chantiers sont lancés partout, mais, globalement, ils ont pour dénominateur commun le retard dans l'avancement des travaux pour différentes raisons. Arrêté à la fin de l'année 2010, le bilan fait d'ailleurs état d'un retard énorme dans la réalisation des opérations prévues.Effectivement, depuis 2006, seuls 34 246 logements ont été réceptionnés sur un total (le programme précédent de 16 611 unités inclus) de 67 003 affectés, soit un peu plus de la moitié. Les programmes de logements sociaux locatifs (LSL) sont les plus touchés par les prorogations de délais de livraison avec seulement un taux de 33% réceptionné, soit 4 867 appartements sur les 14 602 prévus. Avec de tels résultats qui montrent l'incapacité de l'Etat à satisfaire toute la demande en logements de la population locale, l'autoconstruction (42 000 demandes pour les aides ont été enregistrées) apparaît comme la panacée pour les milliers de demandeurs de logements qui attendent depuis des années, parfois des décennies. Mais même cette formule accuse des lacunes et des manques. 20 000 aides seulement ont ainsi été octroyées et uniquement 13 533 logements ont abouti entièrement, soit un taux de 67,67% de réalisations. Les formules de logement social participatif (LSP) et de logement rural (autoconstruction), dans ce cas de défaillance structurelle et d'absence de réponse de la part du secteur, très demandées par les nécessiteux parmi la population, restent malheureusement très contrariées.