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A l'est… l'Eden
BAINS DE SIDI-M'CID
Publié dans La Tribune le 05 - 07 - 2011


Photo : A. Lemili
De notre correspondant à Constantine
Abdelhamid Lemili
Les bains de Sidi-M'cid ont été réalisés en 1872 par l'architecte Drouot à la demande des services communaux de l'époque qui avaient pensé à récupérer la quantité d'eau naturelle phénoménale qui pouvait être autrement exploitée au lieu de se perdre dans les nombreux cours d'eau alimentant la plaine de Hamma-Plaisance (aujourd'hui Hamma-Bouziane). En fait, en réalisant le projet de bains, Drouot n'emprisonnait pas l'eau qui permettait l'irrigation des nombreux jardins et potagers privés qui longeaient les cours d'eau, mais en tirait un deuxième avantage en offrant aux Constantinois et plus particulièrement aux Français auxquels elle semble plutôt destinée une oasis en retrait des nuisances, sous toutes leurs formes, de la ville. La matérialisation du projet aura pour illustration la réalisation de deux bassins captant la cataracte d'eau tout en préservant la configuration naturelle des lieux, l'implantation des bassins respectant au mieux l'aspect topographique et géomorphologique. Ce qui donnera effectivement un aspect édénique d'un endroit surplombé de massifs rochers, entouré par une formidable végétation dont des arbres séculaires qui fournissent à longueur de journée une pénombre utile et prodiguent la fraîcheur voulue aux lieux. Initialement, ce sont donc deux bassins dont l'un appelé dans le jargon populaire «moyen» de forme géométrique imprécise mesurant 33,33 m dans sa longueur la plus favorable et l'autre dit «le petit» de 25 m. Pour l'administration qui ne peut se prévaloir de telles appellations, les deux bassins sont dits «d'entraînement (moyen) et initiation (petit)». Au début des années 1930, les pouvoirs publics français décident de l'aménagement d'un autre bassin, plus grand et répondant aux standards internationaux de l'époque. Le bassin olympique. Celui-ci, majestueux, est livré en 1935 et va permettre aux nombreux nageurs locaux, notamment ceux qui résident à la périphérie de la piscine, de s'y rendre régulièrement pour se baigner et s'entraîner en vue de challenges. D'ailleurs, dans une requête adressée au ministre de la Jeunesse et les Sports, le wali argumente la nécessité de réhabiliter conséquemment les lieux par la liste des champions dont les bassins évoqués avaient été le berceau. Soulignons que dans cette requête où les champions cités restent d'illustres inconnus pour le citoyen lambda et pour cause d'un palmarès modeste qui ne dépasse pas les frontières algériennes, à l'exception de la médaille de bronze gagnée par Oumamar au cours des Jeux méditerranéens d'Izmir et à un degré moindre les titres de Raouf Benabid à la fin des années 1990.
Dans sa missive au département de Djiar, l'administration locale omet toutefois de souligner que les bassins de Sidi-M'cid ont contribué à l'éclosion d'un nageur qui sera champion d'Afrique du Nord (1931), présent aux jeux Olympiques de Berlin 1936, championnats du monde universitaires, record d'Europe et du monde de brasse papillon en 1941, champion de France des 100 et 200 m nage libre et également les 100 et 200 m brasse papillon. Ce nageur d'exception appelé aussi «le nageur d'Auschwitz» est Alfred Nakkache, d'origine juive, qui a fourbi ses premières armes à la JN Constantine avant de trôner sur le toit du monde.
Progrès malvenu et nature meurtrie
Assidument fréquentée par les habitants de la ville des Ponts, la piscine de Sidi-M'cid avait ses habitués mais il n'en était pas moins avéré qu'elle était fréquentée aussi bien par les jeunes, les vieux que les hommes et les femmes. La mixité y était ancrée et des filles seules ou en groupes n'hésitaient pas à la rejoindre pour y passer qui la matinée, qui l'après-midi.
Les jeunes Constantinois s'y rendaient par divers moyens. Le trajet normal de 6 km environ du centre-ville était superbement écourté par des raccourcis parfois très dangereux comme la descente des rochers de la corniche mais rarement le risque était évalué ou craint. D'ailleurs, de mémoire d'homme nul n'a souvenir d'un incident du genre. Jusqu'à la moitié des années 1980, les bassins allaient garder leur lustre. Contribuaient à ces moments d'extrême bonheur pour les Constantinois une gestion impeccable due notamment à la disponibilité d'une eau abondante, renouvelée par une source prodige, intarissable, une fréquentation civilisée et un respect des mœurs en avance sur le temps comparativement à d'autres sociétés dites développées. A la fin des années 1990, à cause des travaux engagés par une société italienne (Cogefar) sur la voie ferrée surplombant à environ 200 m à vol d'oiseau les bassins, la source allait s'en trouver déviée. Conséquence immédiate de ce tarissement impromptu, les bassins allaient s'en retrouver vides. Et depuis cet incident, les lieux n'auront plus droit à une desserte d'eau abondante comme ce fut le cas un siècle durant. Les rares tentatives des pouvoirs publics de trouver un moyen de substitution à ce que fournissait la nature allaient s'avérer vaines. Pis, le bricolage confinait littéralement au ridicule. Comme l'idée de faire semblant d'inaugurer par un ministre la réouverture d'un bassin (olympique) à l'occasion du 5 Juillet 2000 en alimentant le bassin par des camions citernes garés discrètement derrière l'imposante structure. Une fois le ministre parti, la piscine fonctionnera le temps que les microbes n'infestent l'eau en question. Depuis cette inauguration folklorique dont se sont d'ailleurs gargarisés et le ministre et les pouvoirs publics locaux, les lieux seront littéralement livrés à tous les prédateurs au motif que la commune jugeait plus profitable d'en céder la
gestion au privé selon un cahier des charges lequel, soit dit en passant, n'a jamais été respecté. Il est vrai que la connivence fait rage dans les allées de l'administration locale et le monde des affairistes. Comme l'atteste le scandale étouffé lors de la dernière concession faite à un opérateur privé qui ne disposait ni des moyens affichés et encore moins de la moralité requise pour la gestion de tels lieux publics. Sur ces cessions douteuses, les services communaux ont de tout temps entretenu la plus grande opacité, d'où la décision du wali de dessaisir l'APC de ce patrimoine et de le confier à la Direction de la jeunesse et des sports. Ladite direction a effectivement engagé des travaux imposants de réhabilitation et, selon son premier responsable que nous avons rencontré, «les deux bassins entreront en exploitation à partir du 5 juillet prochain. Nous nous engageons auprès de la population locale que plus jamais ne se posera le problème de la disponibilité de l'eau, de sa qualité et de celle des prestations sachant que les lieux ne seront plus jamais confiés au privé. Autrement dit, la gestion se fera par un organe relevant de l'administration publique». Seuls les deux bassins seront fonctionnels cet été, ce qui n'est pas négligeable. Le bassin olympique étant aujourd'hui dans un très mauvais état, il présente de grands risques au cas où sa réouverture serait envisagée. «Toutefois, les fonds à même de permettre sa mise en exploitation à nouveau sont disponibles et nous ferons face à toutes les charges qui en découleraient à l'avenir. L'essentiel étant pour nous de réhabiliter définitivement un joyau demeuré trop longtemps en déshérence. Dans un premier temps, 8 milliards de centimes ont été consacrés pour redonner aux lieux la physionomie dont avait souvenir la population constantinoise»,
précisera le DJS.
A. L.
APC Constantine : Mépris, indolence ou incompétence ?
Nous avons saisi l'opportunité de la visite, au cours du mois de juin, à Constantine du ministre de la Communication pour lui dire que la plus grosse difficulté à laquelle est confronté le journaliste reste l'impossible accès aux sources. Sauf affinités et relations amicales entretenues avec un cadre dans une administration donnée. Pour obtenir des informations sur la piscine de Sidi-M'cid, nous avons saisi par télécopie la direction du patrimoine de l'APC de Constantine en précisant nos questions. Des questions, au demeurant, très anodines et qui n'engageaient en rien notre interlocuteur et encore moins la stabilité de l'institution. Quinze jours plus tard, nous n'avons rien vu venir et la seule fois où nous avons pu obtenir M. Dekkari, le directeur en question, au téléphone nous avons appris que la réponse à nos questions était prête mais qu'elle était à la signature. De nombreux appels par la suite nous feront confronter à un vide sidéral, notre interlocuteur étant tout le temps pris par des réunions, des briefings, etc. Et point de réponse donc. Alors y a-t-il besoin de partager l'avis du ministre ou d'accepter sa sentence quand il reproche aux journalistes d'écrire n'importe quoi et de s'exposer aux poursuites pour diffamation sans tenir compte des informations auxquelles ils peuvent accéder en se rapprochant des sources concernées ? Cela nous l'avons affirmé au ministre et avons même insisté qu'une telle question était prioritaire et tout autant urgente que la satisfaction de «nos droits sociaux» que nous sommes en mesure d'arracher autrement parce que la règle du jeu est moins absconse.
A. L.
Précisions
En réponse à l'article paru dans votre édition du dimanche 3 juillet 2011 en page 5, intitulé «Noureddine Boutarfa Résident des cités Sonelgaz : Il y a de l'électricité dans l'air !», nous vous signalons qu'un communiqué de presse rapportant les conclusions de l'audience accordée par le PDG de Sonelgaz aux représentants des occupants des logements de SOPIEG (filiale de Sonelgaz) a été mis en ligne sur l'espace presse du site de Sonelgaz le mercredi 29 juin 2011. Nous regrettons que le communiqué de Sonelgaz n'ait pas été pris en considération dans le compte rendu que vous avez publié. Nous nions, pas ailleurs, les propos indument attribués au PDG de Sonelgaz.


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