Photo : Sahel Par Amar Rafa La pagaille. C'est le moindre mot pour qualifier la situation créée par la grève du personnel navigant commercial d'Air Algérie. Des milliers de passagers de la compagnie étaient laissés sur le carreau tant au niveau des aéroports du pays, qu'à l'étranger, et qui attendent le dénouement de cette grève, dans des conditions déplorables. Les pouvoirs publics sont interpellés pour prendre les dispositions nécessaires. Hier, sur les 150 vols programmés, la direction générale d'Air Algérie n'a pu réaliser que 35 vols, un chiffre à même de montrer l'ampleur de la situation. Pour tenter un tant soit peu d'y remédier, la direction générale d'Air Algérie, selon Toubal Réda Mohamed Séghir, directeur des opérations au sol, a assuré 8 vols durant la matinée, vers Paris, Casablanca, Madrid, Barcelone, Bruxelles et Alger-Batna, Marseille, et Alger-Annaba-Paris. De plus, la compagnie nationale a fait appel à des compagnies étrangères pour l'affrètement d'avions de passagers, soit deux gros porteurs pour la journée d'hier, et un autre qui va désengorger la destination Paris. «Air Algérie ne ménage aucun effort pour faire tout ce qui est dans ses moyens pour rapatrier le maximum de nos concitoyens à l'étranger», a-t-il assuré. Benatallah : «La situation est prise en charge par le gouvernement» Face a cette condition posée, une cellule de crise a été installée dans l'enceinte même de l'aéroport international d'Alger. Le secrétaire d'Etat à la communauté nationale à l'étranger, Halim Benatallah, qui s'est exprimé sur ce sujet à la radio, a affirmé qu'il s'agit d'«une situation tout à fait soudaine et même étrange, étant donné les conséquences qu'elle est en train de développer sur le plan national et international, y compris sur l'image du pays». Il a ensuite exprimé ses regrets vis-à-vis surtout de notre communauté à l'étranger. Le ministre déléguée, tout en assurant que le dossier est pris en charge par le gouvernement, a précisé que «des mesures sont en train d'être prises». «Le gouvernement, le Premier ministre, le ministre des Transports, moi-même ainsi que le directeur général d'Air Algérie, sommes pleinement conscients de cette situation», a indiqué M. Benatallah, en ajoutant qu'un dispositif est en train d'être mis en place, et que pour ce qui le concerne, le réseau consulaire est en train d'être mobilisé pour aider notre communauté, et d'être en contact avec les autorités locales, notamment les autorités policières avec lesquelles nous avons une bonne coopération. M. Benatallah a tenu à l'occasion à démentir «la rumeur» selon laquelle «il y a aurait eu une intervention musclée des forces de l'ordre». A la fin, il se montrera rassurant en déclarant : «Cela va se décanter. La crise pourrait se résorber demain.» Bouletif : «Les portes du dialogue sont ouvertes» Le directeur général d'Air Algérie, Mohamed Salah Bouletif, en annonçant une batterie de mesures visant à remédier à cette situation, a indiqué hier que les dispositions pour la journée d'hier étaient identiques à celle prises durant les deux journées précédentes. La compagnie a exploité le maximum de vols selon les disponibilités de la compagnie et du personnel navigant commercial, a-t-il précisé. 19 vols pour la France, soit 4 370 passagers, 14 vols sur le réseau international, soit 3 980 passagers, 34 vols sur le réseau domestique avec 4 180 passagers, et enfin l'Afrique, avec la compagnie Tassili Airlines, un vol sur Niamey au départ d'Alger avec 200 passagers, et un vol Alger-Ouagadougou-Bamako avec 250 passagers. Cela s'ajoute aux capacités mises en place par l'ENTMV, dont le directeur général Ahcène Gueraïria a affiché sa disponibilité à mettre les moyens nécessaires pour la prise en charge totale des voyageurs d'Air Algérie, à bord des bateaux de son entreprise, sans aucune incidence financière. A titre d'illustration, il a indiqué que la compagnie dispose d'un gros porteur d'une capacité de 1 845 passagers, et qui fait actuellement la navette Oran-alicante, en pouvant assurer le transport de 200 à 300 passagers d'Air Algérie à chaque traversée.S'agissant du personnel gréviste, le directeur général d'Air Algérie a affirmé à la radio avoir eu recours au licenciement des meneurs de grève. «Nous avons opéré des licenciements à l'encontre des meneurs de cette grève», à propos de laquelle il dira qu' «elle est illégale», ajoutant que «nous continuons à envoyer des mises en demeure à tout le personnel navigant commercial, programmés journée par journée, et il est évident que lorsqu'il y a des défections et des refus d'obtempérer, on passera à des licenciements systématiques». Mais le dialogue ne s'est pas pour autant arrêté. «Pour nous, les portes du dialogue sont toujours ouvertes. On en appelle encore une fois à la sagesse de ce collectif, pour lui dire que le dialogue n'est jamais tout à fait rompu, et j'insiste que je reste disponible à tout dialogue ? Toutefois, dans ce contexte, ce que je demande, c'est qu'il y ait une reprise du travail, on peut reprendre le dialogue et on peut trouver une solution», conclut-il. Personnel gréviste : «On demande d'être payés en tant que personnel navigant» Au personnel gréviste, rappelle-t-on, la direction a proposé une revalorisation salariale de 20%, mais les hôtesses de l'air et stewards ont rejeté catégoriquement cette proposition. A en croire l'un des représentants des grévistes, le PNC ne réclame pas seulement une augmentation de salaire mais aussi un statut de personnel navigant. «On est un corps qui est payé comme un personnel au sol, alors qu'on est un personnel navigant. Nous ne demandons pas d'augmentation, mais d'être payés en tant que personnel navigant. C'est tout ce qu'on demande», a-t-il affirmé. A. R. Grève à Air Algérie : détresse à Orly Selon le témoignage fourni par un compatriote établi à Paris, des scènes indescriptibles se sont déroulées au cours de la journée d'hier à l'aéroport d'Orly. Des milliers de voyageurs algériens en attente de trouver une place pour se rendre au pays sont dans le plus grand désespoir. Notre correspondant, qui voyage avec une autre compagnie, s'est dit «effaré et surtout triste de la solitude de mes compatriotes sur place, et surtout de l'indifférence que semblent avoir les autorités nationales à l'endroit des personnes qui voyagent en famille, hommes, femmes et enfants et pour lesquels aucune solution ne semble poindre dans l'immédiat».Cela étant, il nous fera une description des moyens mobilisés par les autorités françaises sur place pour anticiper sur tout risque de débordement, signalant «la présence d'une demi-douzaine de véhicules d'intervention des différents services d'ordre». Notre interlocuteur croit savoir qu'un avion seulement a pu être affrété à destination de la capitale algérienne alors que les vols vers les autres villes algériennes ont tout simplement été annulés.