Dans un rapport, l'OCHA (Bureau de coordination des affaires humanitaires), une agence des Nations unies, écrit que «la crise dans le sud de la Somalie devrait continuer de s'aggraver tout au long de 2011, l'ensemble des régions du Sud basculant dans la famine». L'OCHA déclare qu'il faudrait réunir encore 1,4 milliard de dollars de fonds «pour apporter une assistance humanitaire à plus de 12 millions de personnes» réparties dans quatre pays de la Corne de l'Afrique, étant donné que la situation va se détériorer un peu plus dans les trois à quatre mois qui viennent. La situation est grave à l'heure actuelle en Somalie, dans le nord du Kenya, à Djibouti et en Ethiopie, écrit l'OCHA.La crise est aggravée en Somalie du fait des combats, une bonne partie du territoire étant contrôlée par les islamistes d'Al Chabaab, qui empêchent les ONG caritatives d'acheminer des vivres.Pour tenter d'apporter leurs aides aux populations affamées, les soldats de l'Amisom, la force de paix de l'Union africaine, ont lancé jeudi une large offensive contre des positions des milices islamistes Al Chabab dans la capitale, Mogadiscio. Appuyés par des tanks, les casques blancs ont attaqué la ligne de front autour du marché de Bakara, bastion des islamistes. L'opération, qui a coûté la vie à au moins six personnes, aurait permis de s'emparer de trois carrefours stratégiques. «Cette action va renforcer un peu plus la sécurité et permettre aux agences humanitaires de continuer à agir pour acheminer du ravitaillement» dans le pays, a affirmé un porte-parole de l'Amisom. Selon ce dernier, la décision des milices, la semaine dernière, d'interdire aux organisations humanitaires d'opérer dans les zones qu'elles contrôlent a empêché des centaines de milliers de Somaliens de bénéficier de rations alimentaires. L'attaque a néanmoins étonné et beaucoup doutent que l'avancée ait un quelconque impact sur la distribution de l'aide humanitaire. «L'attaque vise sans doute à anticiper un raid des islamistes qui se montrent toujours très actifs dans les jours précédents le Ramadhan», explique un humanitaire. L'Amisom, une force de quelque 9 000 soldats, est le principal soutien du gouvernement de transition fédéral (GTF). Un «gouvernement» si faible qu'il ne contrôle en tout et pour tout que 60% de la capitale et quelques postes frontières.Ces dernières semaines le GTF a regagné un peu de terrain sur Al Chabab, dont la popularité est durement minée par la famine. L'Amisom et GTF entendraient aussi par cette offensive maintenir la pression sur Al Chabab.Reste que l'attaque intervient au lendemain du début d'un pont aérien du programme alimentaire mondial (PAM) vers Mogadiscio pour venir en aide aux mêmes victimes de cette sécheresse. Un premier avion du PAM en provenance de Nairobi avait débarqué mercredi 10 tonnes de suppléments nutritionnels pour les enfants souffrant de malnutrition. Une dizaine de rotations sont prévues, avec pour objectif d'acheminer au total près de 100 tonnes de ces suppléments destinés aux 35 000 enfants pris en charge dans la capitale. Ailleurs dans le «triangle de la faim», la région où se rejoignent l'Ethiopie, le Kenya et la Somalie, l'aide s'organise. Plusieurs dizaines d'ONG acheminent des vivres et du matériel médical vers les camps au Kenya où près de 380 000 Somaliens ont trouvé refuge. Les Nations unies estiment que déjà des dizaines de milliers de personnes sont mortes de faim. Mais selon des témoins, le flux des réfugiés arrivant de Somalie vers le Kenya semblait jeudi un peu s'infléchir. Une baisse qui pourrait être le fruit de la mobilisation des organisations en Somalie même, notamment celle des organisations islamiques dans la zone comme l'Organisation de la conférence islamique (OCI) et l'organisation caritative islamiste turque IHH. Le PAM estimait jeudi qu'il lui manquait toujours 175,7 millions d'euros pour financer l'aide en Afrique de l'Est.Le Programme alimentaire mondial (PAM) a poursuivi hier également son pont aérien vers la Somalie pour venir en aide aux victimes de la sécheresse, avec l'arrivée d'un deuxième avion à destination de Mogadiscio, a annoncé l'agence onusienne dans un communiqué. Le pont aérien avait débuté mercredi, avec un premier avion du PAM en provenance de Nairobi transportant 10 tonnes d'aide. «A ce jour, le PAM a acheminé dans la capitale somalienne 28 tonnes» d'aide alimentaire «qui viennent compléter les stocks distribués par des ONG locales dans les centres de santé de 12 districts de la ville», précise le communiqué. La sécheresse en Afrique de l'Est menace environ 12 millions de personnes, selon les Nations unies. G. H./Agences