Les indicateurs sont au vert. La santé financière du pays est au beau fixe. L'Algérie connaît grâce à un prix élevé du pétrole une embellie financière jamais égalée. Cette manne doit trouver le canal idéal pour sa fructification, préconisent les économistes. faire fructifier l'argent du pétrole passe inévitablement par une économie saine et performante. Laquelle pourra, au fil des ans, générer des richesses durables pouvant assurer un bon avenir aux générations futures. Somme toute, une économie créatrice de richesses et d'emplois. Les pouvoirs publics, ces derniers temps, semblent opter pour le soutien du secteur économique national, qu'il soit public ou privé. Alors que jusque dans un passé pas si lointain, ce secteur économique était exposé à toutes sortes de situations. Ce revirement est en soi un pas positif. Les investissements des nationaux doivent, en effet, être le cheval de bataille de l'économie, selon la nouvelle vision économique du pays, mais également des investissements productifs, alors que, il y a quelques mois, on misait beaucoup plus sur les investissements étrangers. Néanmoins, ce qui freine et provoque un ralentissement du développement de ce secteur économique national est, en partie, le manque de soutien et d'appuis financiers nécessaires pour le montage des différents projets. Le soutien financier demeure, selon de nombreux spécialistes, le seul et unique moyen de propulser l'économie d'un pays. Après l'Etat qui vient de décider, il y a quelques jours, de consacrer une aide consistante aux entreprises économiques déficitaires, la Banque d'Algérie vient de dresser l'état des lieux et de recommander certaines mesures économiques dans ce sillage, à savoir l'augmentation des crédits par les banques. Une manière de conforter les orientations du gouvernement et en même temps inviter les banques à tendre un peu plus la main aux investisseurs et entreprises et même mettre la main à la poche. Le premier argentier du pays, Karim Djoudi, a dans un passé récent exhorté les banquiers à faire des suggestions en vue de mettre un terme au statu quo. Ahmed Ouyahia, quelques semaines après sa désignation à la tête du gouvernement, a tenu à réunir les directeurs des banques pour le même objectif. Cela dénote l'importance que revêt le financement des différents projets d'investissement. L'exemple le plus en vue actuellement est celui des 13 stations de dessalement de l'eau de mer en cours de réalisation financées par les banques à hauteur de 80%. Il y a aussi des montages financiers pour la réalisation de projets dans la pétrochimie pour lesquels 20 milliards de dollars seront fournis par les banques publiques. Les chiffres de la Banque d'Algérie confortent et soutiennent cette idée qui commence à prendre forme. Les chiffres de la Banque d'Algérie Dans son récent et dernier bulletin de conjointure, cette institution a fait remarquer que «les crédits à l'économie (avant rachat des créances non performantes) ont augmenté de 5,15% au 1er semestre 2008 contre 15,22 % pour toute l'année 2007 et 12,16 % pour 2006». Cela fait que le taux a augmenté en l'espace d'une année de 3 points. Le gouverneur de la Banque d'Algérie estime à ce propos qu'«une analyse de la structure des crédits par secteur juridique montre qu'une plus grande partie de crédits continue à être allouée au secteur privé». «A la fin de juin dernier, la part de crédits distribués au secteur privé a atteint 52,95% de l'ensemble des crédits, se conjuguant avec une diminution de la part relative des crédits non performants. En termes de maturité de ces crédits, la part relative des crédits à moyen et à long terme est passée de 51,26% à fin décembre 2007 à 50,90% à fin juin 2008», a-t-il expliqué. De plus, selon M. Laksaci, l'évolution des crédits à l'économie, sous l'angle des termes de maturité, témoigne de la poursuite du relatif trend haussier pour les crédits à moyen et à long terme. En effet, la part relative de ces crédits est passée de 49,58 % à fin décembre 2006 à 51,26 % à fin décembre 2007. Il est également utile de noter que les crédits hypothécaires ont également enregistré un élan appréciable, en 2007, selon le document de la Banque d'Algérie. La progression des crédits à moyen et à long terme est en phase avec le caractère favorable des conditions de financement bancaire de l'économie nationale dans un contexte où l'augmentation des crédits d'investissement intervient en complément au fort flux de financements en provenance de la sphère budgétaire au titre des décaissements réalisés sur le budget d'équipement de l'Etat, a commenté le gouverneur. Il a estimé que «compte tenu de la disponibilité de fonds prêtables accrus et des besoins d'investissements productifs, il est attendu que les crédits sains à l'économie augmentent en 2008 et que les banques financent davantage les investissements». Il est également attendu que les banques poursuivent d'une manière plus résolue la nécessaire amélioration de l'évaluation, de la gestion et de la maîtrise des risques, vu l'acuité de la question au niveau international : «Pour cela, un renforcement des fonds propres des banques est requis», a-t-il recommandé. «Avec les ressources accrues du Fonds de régulation des recettes, le Trésor public est le créancier net de l'ensemble du système bancaire depuis fin 2004», précisera M. Laksaci. Le message de la Banque d'Algérie est clair. Il faut que les banques publiques et les banques privées fassent un effort supplémentaire pour financer les projets productifs. Ainsi, après le souhait émis par le patronat et la centrale syndicale, les choses semblent confortées par cette note de conjoncture qui a souligné que la disponibilité de fonds prêtables accrus et des besoins d'investissements productifs devrait donner un nouveau souffle aux crédits sains à l'économie. S. B.