C'est maintenant ancré dans leurs habitudes, les commerçants ne semblent pas près de revoir leur comportement lors des fêtes de l'Aïd. En dépit des appels des citoyens et des tentatives de sensibilisation de leur organisation, il est clair maintenant que ceux qui exercent cette profession ne tiennent pas compte de la nécessité de satisfaire les besoins des consommateurs durant ces journées. Ils font fi aussi bien de leur hiérarchie que d'une union qui se fend chaque année à cette occasion d'un communiqué à leur direction, sans résultat. Cette année encore, les commerçants ont affiché leur manque de professionnalisme en baissant rideau le jour de l'Aïd El Fitr. A certains endroits, cela a commencé la veille de l'Aïd, anticipant avec l'ambiance morose qui caractérise ces journées. Le long des trottoirs, dans certains quartiers, les «gens du métier» semblaient s'être donné le mot pour fermer leurs boutiques. Les citoyens retardataires en ont été pour leurs frais. La tension sur le pain et sur le lait était visible dès la matinée de mardi, veille de l'Aïd. Devant les rares boulangeries restées ouvertes, des chaînes interminables se formaient et ceux qui ont confié leur quota à la surveillance des vendeurs ont été surpris de constater à leur retour que des baguettes manquaient. Quant au lait, il était tout simplement introuvable. Les marchés n'ont pas été épargnés par le phénomène puisque les étals étaient déjà dépourvus cette veille de l'Aïd. Les paniers étaient retournés vides au désespoir des ménagères et des pères de famille qui avaient différé leurs achats pour une quelconque raison. Fruits et légumes étaient absents des étalages et pour plusieurs jours, les lieux étaient sinistres et, pour beaucoup de familles, le repas de l'Aïd manquait de saveur par manque de certains légumes indispensables à sa préparation. Il faut croire que ce phénomène risque d'avoir la vie longue, tant il se répète chaque année au nez et à la barbe des autorités compétentes. Alors que l'organisation représentant les commerçants peine à se faire entendre, les pouvoirs publics semblent impuissants à venir à bout d'une telle attitude et à imposer ne serait-ce que le service minimum. R. M.