Alors que la publication d'un rapport accusateur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) est attendue comme une preuve implacable par les va-t-en guerre occidentaux, le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, a rejeté toutes les charges sur un programme nucléaire militaire de son pays, affirmant que les accusateurs n'avaient toujours «aucune preuve sérieuse». Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a, lui, critiqué vivement l'attitude belliciste de Washington. «Les Etats-Unis, qui possèdent 5 000 bombes atomiques, nous accusent avec impudence de fabriquer l'arme atomique, mais ils doivent savoir que si nous voulons couper la main qu'ils ont étendue sur le monde nous n'aurons pas besoin de la bombe atomique», dira-t-il.Le nouveau rapport de l'AIEA fait suite à la campagne anti-iranienne des occidentaux et israéliens sur les ambitions militaires présumées du programme nucléaire iranien. Téhéran s'est toujours défendu, preuve à l'appui, de vouloir acquérir un nucléaire militaire assurant que ses recherches sont purement civiles. «L'Occident et les Etats-Unis exercent une pression sur l'Iran sans arguments sérieux ni preuves», a tenu à préciser M. Salehi. «Nous n'avons cessé de répéter que nous n'allons pas fabriquer d'armes nucléaires. Notre position a toujours été de ne pas utiliser notre programme nucléaire à des fins autres que pacifiques», ajoutera-t-il précisant que «si l'AIEA présente un rapport qui n'est pas objectif, elle perdra de la crédibilité». Dans ce fameux rapport, l'AIEA devrait critiquer de nouveau «l'absence de coopération» de Téhéran et «le non-respect de ses obligations» en tant que pays membre, en particulier la poursuite de l'enrichissement d'uranium. Israël, doté de centaines d'ogives nucléaires qui menacent en permanence ses voisins et qui entretient des rapports de défiance envers l'agence de Vienne, est en effervescence. L'extrémiste ministre des Affaires étrangères de l'Etat hébreu, Avigdor Lieberman, a appelé à imposer à l'Iran des sanctions «très sévères et paralysantes». Shimon Peres a, de son coté, averti que «la possibilité d'une attaque militaire contre l'Iran était plus proche qu'une option diplomatique».D'un autre coté, la Chine a préconisé «le dialogue et la coopération». Le président russe Dimitri Medvedev a mis, pour sa part, en garde contre «une rhétorique dangereuse». «Il faut que les parties prenantes reviennent au calme et il faut éviter les menaces et ce type de commentaires belliqueux […], tout cela pourrait conduire à un conflit très important et ce serait une catastrophe pour le Moyen-Orient», a-t-il déclaré. Les Iraniens ont dit à la Russie qu'ils «étaient prêts à coopérer, mais il n'y a malheureusement pas eu de pas dans ce sens», a ajouté Medvedev.Le numéro deux du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne, Ali Bagheri, est attendu à Moscou pour des discussions en ce sens. Washington et ses alliés occidentaux comptent utiliser le rapport de l'AIEA pour durcir encore leurs sanctions unilatérales contre l'Iran et essayer de convaincre Moscou et Pékin de fermer les yeux sur leur attitude de plus en plus belliqueuse envers Téhéran. M. B.