Une association joue, par définition, le rôle de courroie de transmission entre l'administration et la société. En assumant cette mission, l'association devient un agent social actif et actant, avec le soutien des autorités qui, évidemment, doivent conditionner l'aide qu'elles accorderaient avec l'exigence d'un programme d'action bien encadré et ficelé. Donc, logiquement, quand les acteurs sont là et que les conditions de travail en collaboration sont réunies, l'activité au sein du mouvement associatif devrait être celle d'une fourmilière. Or, ce n'est pas le cas en Algérie. Pourtant, des associations qui en abattent de la besogne plus que des institutions plus riches et mieux pourvues, il y en a partout à travers le pays. A Oran, l'association Santé Sidi El Houari (SDH) qui a pris le nom du quartier historique de la ville vient de boucler une formation aux anciens métiers de la construction dont ont bénéficié 241 jeunes garçons et filles âgés de 16 à 20 ans, sur une école-chantier que l'association a créé en 2003 dans et pour le quartier qui nécessite une restauration. Les jeunes ont, d'ailleurs, été formés à des métiers qui leur permettront d'intervenir sur les chantiers de réhabilitation du vieux bâti, telles la maçonnerie traditionnelle, la taille de pierre, la forge, la menuiserie… L'école, qui emploie une dizaine de formateurs, offre aussi des stages aussi bien aux apprenants qu'au personnel pédagogique. Ces stages sont soutenus par l'Union européenne et l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (Aecid) dans le cadre d'un partenariat entre ces institutions et l'association. Dans la même ville, la fondation El Amel et l'association culturelle qui y est affiliée ont, elles, formé plus de 800 jeunes comédiens dans l'école de théâtre qu'elles ont ouverte en 1989. Mieux, la fondation et l'association ont marqué la 35e année de leur existence par l'organisation, du 21 au 24 décembre, de journées théâtrales, au cours desquelles seront présentées les trois dernières productions théâtrales d'El Amel qui sont interprétées par les comédiens que l'association a formés. Petit lecteur est cette autre association de la même ville qui, comme son nom l'indique, travaille à la promotion du livre et de la lecture chez les enfants. Une autre s'occupe de la peinture. Bel Horizon a, elle, investi le domaine du patrimoine. L'association a formé des guides, encadré des sorties, mis sur pied des programmes de visites et vieille sur les sites.A l'autre bout du pays, une petite association a réussi à inscrire Constantine sur les carnets de rendez-vous de grosses pointures du jazz après la création d'un festival international dédié à ce genre musical, le DimaJazz. Annaba a aussi son association, au moins, qui bataille pour la diffusion de la culture. A Tizi Ouzou, à Béjaïa ou à Tamanrasset, on trouve également des associations qui essayent de mettre la culture à la portée de tous les habitants de la ville et/ou de la région. Elles «essayent». Ce n'est pas gagné d'avance. Les associations, pour la plupart, se démènent pour garder la tête hors de l'eau, en nageant à contre-courant qui plus est bas. Car, l'administration ne joue pas toujours le jeu, ou plutôt soutient souvent des associations élues pour leur disponibilité à caresser dans le sens du poil. Ce faisant, non seulement, elle prive les associations entreprenantes d'un appui qui leur permettrait d'être plus performantes, mais encourage en plus la médiocrité et creuse un peu plus profond le fossé avec la société. La responsabilité de l'administration est ainsi complètement engagée. Elle doit d'abord faire le ménage au sein du mouvement associatif et débarquer les opportunistes, les clandestins et les aigrefins pour ne garder que les associations «sérieuses» qui doivent être accompagnées pour qu'elles assument pleinement et efficacement ce fameux rôle de courroie de transmission et d'agent social actant. H. G.