Les Shebab ont perdu le contrôle d'une ville du centre de la Somalie, alors qu'ils tentent depuis un moment de mener des attaques désespérées dans la capitale Mogadiscio. Considérée comme une ville stratégique, Dhusamareb est passée aux mains des miliciens pro-gouvernementaux au terme de plusieurs jours d'affrontements sanglants et dont on ignore toujours le bilan exact du nombre de morts. En effet, les Shebab se sont affrontés à un autre groupe islamiste radical, Ahlu Sunna Wal Jamaa, soutenu par l'Ethiopie. Des civils ont péri dans ces combats, ont affirmé des témoins aux agences de presse. «Des militants d'Al-Quaïda ont attaqué la ville mardi dernier (...) mais les combattants d'Ahlu Sunna les ont battus plus tard, après de violents combats», a déclaré Sheikh Mohamed Yusuf Hesow, un dirigeant régional d'Ahlu Sunna qui a repris le contrôle donc de Dhusamareb. Les Shebab se sont retirés de Mogadiscio en août dernier, affirmant qu'il s'agissait d'un changement dans leur stratégie. Mais récemment, en février dernier, ils étaient également contraints d'abandonner leurs positions dans la ville de Baïdoa (sud), chassés par l'armée kenyane qui s'est alliée à quelques tribus locales. A Mogadiscio, le centre de la capitale est actuellement sous le contrôle des forces gouvernementales et des forces de maintien de la paix de l'Union africaine (Amisom). Les rebelles Shebab qui ont fait allégeance à Al-Qaïda sont à la périphérie de Mogadiscio et se sont contentés, depuis août, de quelques attaques sporadiques ciblées. Toutefois, ces attaques ont été dirigées contre les camps de réfugiés pour leur voler l'aide alimentaire et sanitaire internationale. Au début de cette semaine, de nouvelles attaques à l'obus ont eu lieu contre un centre pour déplacés. Six civils ont été blessés, sans compter les dégâts occasionnés à ces camps de fortune, gérés par les organisations humanitaires dépendant des Nations unies. Il y a une semaine, un attentat kamikaze raté avait été perpétré contre le siège de la présidence du Gouvernement somalien de transition à Mogadiscio. Les Shebab ont revendiqué cette attaque avortée. Hier matin, un énième attentat à la voiture piégée a été déjoué à Mogadiscio mais un policier a été blessé, selon des sources sécuritaires locales. Le véhicule avait été garé sur la très fréquentée route Maka Al-Mukarama, qui mène au palais présidentiel. «Il a explosé après avoir été repéré par les forces de sécurité qui avaient fait évacuer les alentours», selon un porte-parole de la police locale. A noter que le véhicule a explosé à environ deux kilomètres du palais présidentiel. Les Shebab semblent désappointés sur une stratégie efficace pour reprendre le contrôle des positions stratégiques. Accusant les dirigeants du gouvernement de transition d'être un pro-occidental, ils ont tenté à maintes reprises de le faire tomber mais la présence des forces de l'Amison a fait éviter à la Somalie de sombrer davantage dans le chaos. Le pays, en plus d'être en guerre armée, est confronté depuis quelques mois à l'une des plus graves crises climatiques (sécheresse) depuis des décennies. Des centaines de milliers de Somaliens sont en fait menacés de famine, selon les Nations unies. La guerre constitue un fait aggravant cette situation humanitaire, car les Shebab tentent à chaque fois de fermer l'accès aux convois humanitaires et mènent régulièrement des attaques contre les centres de déplacés pour leur extorquer de la nourriture et les médicaments destinés aux femmes et aux enfants mal-nourris. L. M.