Le débat public sur les législatives du 10 mai prochain tarde à s'instaurer. C'est à peine si le citoyen lambda commente, souvent avec beaucoup d'ironie et de légèreté, ce qui s'écrit à propos des législatives dans la presse nationale. La rue parle plutôt de la hausse vertigineuse des prix de produits agricoles et des autres difficultés du quotidien. Malgré tout le tapage médiatique orchestré autour de cette importante échéance, la base se focalise sur des soucis plus immédiats et reste généralement circonspect. Les nombreux acteurs politiques, engagés dans cette course, ne font pas, non plus, grand-chose pour alimenter la discussion. Pour les 14 sièges à pourvoir dans la wilaya de Béjaïa, on a enregistré la validation de 41 listes de prétendants à la députation, dont deux indépendantes. «Dans une petite région comme la nôtre, a-t-on réellement 560 vrais profils pour ça ?», s'interroge-t-on sur ce record de candidatures jamais égalé auparavant. Des partis comme le FFS, le FLN, le PT et le RND, qui se présentent en favoris, traversent des moments difficiles en raison de l'habituel mécontentement qui accompagne la confection des listes de candidatures. Au doyen de la classe politique nationale, des militants de la vallée de la Soummam, constatant l'absence d'un des leurs aux premières loges, menacent d'une démission collective. Une grogne de plus qui vient s'ajouter aux remous latents du mouvement de redressement conduit par Salah Goudjil. Au parti d'Aït Ahmed, on estime aussi que des inconnus au bataillon ont pris les premières positions dans l'équipe titulaire. La formation du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, subit également les contrecoups de l'agitation qui secoue son sommet. Les déclarations récentes de Nouria Hafsi suscitent déjà des vagues. Au Parti des travailleurs, les anciens militants et les syndicalistes de l'Ugta ne font pas forcément bon ménage. On pourrait dire autant des autres formations traditionnelles en lice. Beaucoup de militants déçus ont changé de parti pour figurer dans la course. Les nouveaux partis récemment agréés constituent une aubaine aux transfuges. Des députés sortants, inscrits aux abonnés absents ces cinq dernières années, ont également profité de cette période du «mercato» pour se qualifier sous de nouveaux atours. Autre record, le nomadisme politique a atteint cette fois un seuil nouveau. Toutes ces considérations éloignent les citoyens, qui dans leur for intérieur, croient que la majorité des prétendants cherche plutôt à se servir de cette précampagne électorale. Il faut peut-être attendre le début effectif de la campagne électorale pour que la machine s'emballe.Les têtes de liste auront certainement du pain sur la planche pour convaincre un électorat qui semble profondément blasé par les expériences précédentes.