De notre correspondant à Constantine : Nasser Hannachi
On dénombre près de 1 000 autistes dans la région de Constantine. Un taux qui n'est pas pris en charge dans sa globalité. Aucune structure adaptée n'y a encore vu le jour, malgré les promesses de la tutelle. Encore que le diagnostic précoce soit quasi absent dans cette wilaya. Wafa, l'unique association, se charge d'apporter des aides psychologiques aux parents et à une trentaine d'enfants. Pour le reste, on ignore le devenir du pourcentage restant. Les premières alertes de l'autisme surgissent avant l'âge de trois ans. C'est le constat global élaboré par les spécialistes depuis que ce trouble a fait son apparition dans la nomenclature médicale. «A ce stade, seul le diagnostic précoce suivi d'une prise en charge pourront permettre aux sujets de développer des capacités de communication avec autrui. Et c'est ainsi que l'autiste devait casser les parois de sa bulle et pouvoir communiquer avec le milieu. «D'origine génétique, biochimique, immunologique et traumatique», selon les spécialistes, l'autisme demeure un trouble du développement du cerveau pendant sa période de maturation. Malgré cette multitude de facteurs, la maladie pourra aspirer à un «allègement» en l'absence d'un traitement curatif approprié. Un substitut dont le nom est une structure adaptée renfermant en son sein orthophonistes, psychologues, pédagogues. Ce qui manque cruellement à l'échelle nationale. La capitale de l'Est attend toujours cette «école» pourtant promise par les pouvoirs publics en vue d'accueillir les enfants malades. Déficit. D'autant que les expériences antérieures menées par des médecins et scientifiques illustrent l'importance de la prise en charge des sujets au niveau des établissements. La région de Constantine totalise près de 1000 autistes. Une pléiade dont le souhait est d'être intégrée dans une structure spécialisée comme celles existantes à Blida et à Chéraga. Pourtant, tout allait pour le mieux à la faveur de cette option lorsque M. Ould Abbès détenait le portefeuille de la Solidarité nationale en 2010. Le choix de l'implantation du centre avait porté sur la commune de Didiouche-Mourad. Depuis, ce château de cartes pour autistes ne soufflera pas mot au grand dam des parents et notamment des enfants. «L'intégration sociale et scolaire devra passer inéluctablement par ce genre d'établissement», admettent les pédagogues. «Ce sera un espoir redonné aux parents», souligne une psychologue affiliée à l'association mécène Wafa, présidée par Mme Boufama. Active depuis 2004, ladite association vient compenser un manque, voire une sorte de démission des pouvoirs publics locaux vis-à-vis de cette pathologie. Disposant de moyens dérisoires – à l'exception du concours de l'Assemblée de wilaya qui débloque un fonds annuellement –, ses membres maintiennent leur engagement pour venir en aide aux enfants et apporter aux parents des rudiments valeureux pour «suivre l'évolution» de leur enfant malade. Cela s'étant traduit en premier lieu par la vulgarisation de la maladie à travers des journées de présentation. Actuellement, Wafa s'occupe de 25 autistes en s'appuyant sur ses trois psychologues, son éducatrice et son préparateur physique. «10 malades viennent quotidiennement suivre des séances, alors que les 20 autres sont présents périodiquement selon le cas», souligne Mme Boufama qui déplore au passage l'absence d'un centre de diagnostic et de dépistage précoce à Constantine dont le rôle est prépondérant pour entrevoir des chances de réinsertion des malades. «Les parents sollicitent la capitale pour y soumettre leur enfant aux premiers tests», devait rappeler la présidente. Avant de s'interroger sur le flegme affiché par les centres pédopsychiatres de Constantine quant au refus d'y insérer des enfants autistes alors qu'en d'autres localités du pays cela s'opère même timidement. En matière de vulgarisation de cette pathologie faudra-t-il mettre en relief les étapes enchaînées entérinées par Wafa puisqu'elle a pu aiguillonner d'autres régions à enfanter leurs propres associations. Oum El Bouaghi, Khenchla et Batna. Et El-Oued a vu naître récemment son association baptisée Tej. «C'est la seule voie qui puisse apporter un réconfort aux familles en attendant la concrétisation de beaucoup de projets destinés à cette frange de patients», reconnaît notre interlocutrice qui s'articule sur le concours du Centre national de formation du personnel pour handicapés (Cnfph) qui par le biais de psychologues et consultants assurait des conseils aux parents. Pour maintenir cette cadence de dynamique, l'association envisage d'engager un séminaire médical via la société franco-algérienne Solimed. «Le but des trois journées envisageables incessamment seront d'un intérêt particulier pour les autistes. Des spécialistes de Lyon viendront animer les débats et éclairer davantage sur les avancées faites en matière de prise en charge des autistes», devait souligner l'un des organisateurs, notant que Solimed compte rallier en premier lieu la wilaya d'El-Oued pour prendre le tempo de la nouvelle association qui venait de naître afin de prévoir des actions médicales. Une hirondelle ne fait pas le printemps. Mais Wafa continue de braver cette expression en maintenant sa volonté de faire sortir davantage les malades de leurs bulles respectives.