La défaite dès le premier tour de Serena Williams, un événement normalement inconcevable, a frappé de stupeur, mardi, Roland-Garros, où Rafael Nadal est, pour sa part, apparu en pleine forme, avouant même se sentir bien mieux que l'an passé. Le Central a frémi quand la Française Virginie Razzano, formidable d'abnégation, a fini par vaincre Williams sur sa huitième balle de match, pour signer l'exploit le plus retentissant de sa carrière. Après un match au suspense hitchcockien et 3h04 d'efforts, la Française venait de s'offrir (6-4, 7-6, 6-3) l'ex-N°1 mondiale, la joueuse aux 13 titres du Grand Chelem. L'exploit est d'autant plus insensé que jamais l'Américaine n'avait été éliminée au 1er tour d'un tel tournoi (46 victoires, 0 défaites jusque-là). La motivation de la cadette des sœurs Williams a souvent fléchi ces dernières années. Mais c'était bien la Serena guerrière et plus déterminée que jamais qui était sur le court mardi. Sacrée à Charleston et Madrid, la N°5 mondiale restait sur 17 succès de suite sur terre battue. Un bilan qui en faisait l'une des principales prétendantes au titre. Mais son courage pour rester en vie dans un troisième set dramatique n'a pas suffi. A 29 ans, l'expérimentée Razzano, 111e mondiale, s'est montrée assez solide mentalement pour s'imposer. «J'ai commis tellement d'erreurs», a déploré Williams, sans voix mais digne en conférence de presse. «Je n'ai pas joué aussi bien qu'à l'entraînement. C'est décevant, mais c'est la vie. Les choses pourraient être pires.» Cette rencontre a égayé une journée plutôt monotone jusque-là, où toutes les autres favorites ont été expéditives, à l'image de Maria Sharapova, la N°2 mondiale, victorieuse 6-0, 6-0 de la Roumaine Alexandra Cadantu.Sombre présage pour ses adversaires, Nadal, habitué aux débuts heurtés à Paris, a montré qu'il tournait déjà à plein régime. L'Espagnol rêve de battre cette année le record qu'il co-détient avec Björn Borg de six titres à Roland-Garros. Le N°2 mondial a croqué Simone Bolelli (6-2, 6-2, 6-1). L'Italien n'est certes que 111e joueur mondial et n'a gagné qu'un match en 2012, en Coupe Davis contre la République tchèque en février. Mais il a un joli coup de raquette.La forme de Nadal contraste en tout cas radicalement avec celle qu'il avait affichée l'an passé à la même époque. Battu en finale à Madrid et Rome par Novak Djokovic, il était arrivé à Paris le moral dans les chaussettes.Poussé dans un cinquième set pour la première fois de sa carrière à Roland-Garros par l'Américain John Isner au premier tour, il ne s'en était tiré que grâce à sa volonté féroce.Puis, tout au long de la quinzaine, il avait plusieurs fois laissé paraître son mal-être et ses doutes. Ce qui ne l'avait pas empêché de terrasser tout le monde, y compris Roger Federer en finale.Mais cette année, Nadal est dans une autre dynamique après ses succès à Monte-Carlo, Barcelone et Rome. Et cela s'est senti contre Bolelli. «J'étais moins stressé que lors de mes premiers tours dans le passé ici», a-t-il jugé. «Cette année, je suis très motivé et je me sens beaucoup mieux sur le court», a-t-il ajouté. «Je pense que c'est l'un de mes meilleurs premiers tours.»