Le président du Mouvement pour la société de la paix (MSP) a avoué «ne pas s'expliquer» la défection «inattendue» de Mustapha Benbada, ministre du Commerce, reconduit dans le gouvernement Sellal, à la faveur du dernier remanient partiel. Déjà marqué par la dissidence du ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, lui également reconduit à son poste, le MSP se garde toutefois de flancher, en dépit de tous les coups accusés depuis la disparition de son fondateur Mahfoud Nahnah. Présidant, hier au siège national du parti, une réunion du bureau d'Alger en présence de Smaïl Mimoun, désormais ex-ministre du Tourisme et de l'Artisanat et en l'absence de l'ex-ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Abdallah Khanafou et El Hachemi Djaâboub, ancien ministre du Commerce, Bouguerra Soltani président du Mouvement, a tenu dans son allocution à «saluer les positions des fidèles au Mouvement». Il a indiqué que la maison MSP n'a pas chancelé en dépit des différents coups qu'elle a eu à encaisser, depuis la disparition, en 2003, de Mahfoud Nahnah, en passant par la dissidence, en 2008, de l'ancien ministre de l'Industrie, Abdelmadjid Menasra, et d'un groupe de militants, au lendemain du 3e congrès du parti, en arrivant à la défection de Ghoul -qui s'est offert, entre temps, une nouvelle vitrine politique (parti TAJ)- et Benbada, tous deux ayant gardé les postes ministériels qu'ils occupaient sous l'ère Ouyahia. «Le MSP n'a plus de ministre dans le gouvernement. Ceux qui y sont actuellement ne nous représentent pas», a lancé Bouguerra Soltani, allusion à Benbada. Interrogé sur les mesures disciplinaires à prendre à l'encontre de celui-ci, l'orateur a répondu que c'est à la commission de discipline du parti de trancher. Il a néanmoins reconnu qu'il ne s'explique toujours pas ce «revirement» de la part de celui qui milite au sein du parti depuis 1994. «Il a assisté à la réunion du conseil national au lendemain de l'annonce par Ghoul (qui, lui, a rejoint le parti en 1992) de son refus de quitter le gouvernement conformément à la résolution du conseil consultatif. Sa présence était, à mon sens, une preuve claire qu'il désapprouvait cette décision», a commenté Soltani, pressé par les journalistes pour avoir un peu plus de précisions. Mais, cela ne semble pas ébranler le parti cher à feu Nahnah, qui est arrivé, selon son président, à un niveau de maturité «tel qu'il n'est pas affecté ni par des facteurs endogènes ni exogènes». Avant de prononcer la fin des «alliances politiques», Bouguerra Soltani a indiqué que le dernier remaniement de l'exécutif a conforté sa formation dans sa décision de quitter l'Alliance présidentielle, qu'elle formait avec le FLN et le RND. «Il n'y a plus d'alliance présidentielle !» a-t-il annoncé. Par ailleurs, Soltani a assuré que le gouvernement «technocrate» de Sellal ne résoudra pas la crise multiple que vit le pays, dans la mesure où, a-t-il dit, «la crise en Algérie est foncièrement politique et sa solution ne peut être que politique». Bouguerra Soltani a en outre réitéré son appel pour la dissolution du Parlement et l'organisation de nouvelles élections. Il a, à ce propos, plaidé en faveur du report des élections locales (prévues pour le 29 novembre) et l'entame d'un dialogue sur la Constitution. Soltani a rappelé que sa formation milite pour un système parlementaire comme mode de gouvernance, où le gouvernement est redevable devant le peuple. Y. D.
Soltani et le «phénomène de la double allégeance» Le discours de Bouguerra Soltani était truffé d'allusions, à la fois à l'adresse d'Amara Benyounès (Mouvement populaire algérien) – qu'on dit proche du président Bouteflika- et Mohamed Saïd (Parti de la lLiberté et de la justice) –opposition-qui font leur entrée dans le gouvernement Sellal. Le premier hérite du portefeuille de l'Aménagement du territoire tandis que le second prend le secteur de la Communication. Tous deux, aux yeux de Soltani, sont coupables de ce qu'il a qualifié de «phénomène de la double allégeance». À propos du nouvel exécutif dont la responsabilité échoit à un «non-partisan» et non au parti majoritaire lors des législatives du 10 mai en l'occurrence le FLN, Soltani a relevé que les résultats électoraux sont devenus «une monnaie non convertible». Y. D.