Photo : M. Hacène Par A. Lemili Il parait de plus en plus que l'Algérie est devenue un eldorado pour les techniciens étrangers et, dans la foulée, une destination encore plus intéressante en ce qu'elle offre d'avantages, notamment en matière de conditions d'accueil, de climat et sur le plan relationnel direct aussi bien avec les footballeurs, les supporteurs que la population. Il faut quand même souligner que l'inverse est tout aussi vrai, en ce sens que nombreux sont les techniciens nationaux qui ont bonne presse dans les pays voisins et qui très souvent réussissent pleinement leur mission. Un tel scénario invite obligatoirement à se poser des questions sur les raisons qui incitent les clubs locaux à recourir à une main-d'œuvre étrangère, qui il est vrai présente l'avantage de réussir plutôt mieux que celle nationale, à laquelle il faut néanmoins accorder des circonstances atténuantes dont la nature même de la contractualisation de la relation de travail, trop souvent construite autour de «principes moraux» allègrement galvaudés dans les mois, semaines, voire jours qui suivent la matérialisation de ladite relation. Ce qui n'est pas le cas des étrangers qui attachent, et pour cause la précarité de l'emploi, beaucoup d'importance au fait que les choses soient faites dans les règles, les conditions de recrutement et de résiliation, voire les indemnisations, et minutieusement discutées. L'entraîneur algérien, et c'est là où le ridicule tue presque, rejoint un club, diront-ils tous sans exception, à la suite «d'un appel du cœur, au nom des amis que j'ai au sein du club…pour y avoir évolué un jour…etc». En somme rien que du factice dont il n'est nul besoin de revenir sur les conséquences : l'instabilité au sein de la formation, les mauvais résultats, la grogne générale et le recours à un autre technicien à chaque fois. Le cercle vicieux par excellence. La solution ? Tout d'abord une révolution mentale, une éducation morale, un assainissement des rouages et des composantes humaines des directions de clubs, le respect des règles de travail. Ainsi les techniciens algériens feront nettement l'affaire pour peu, évidemment, qu'ils disposent d'une formation, ce qui est, depuis l'instauration du professionnalisme, une obligation. La compétence des techniciens nationaux semble effective depuis deux ou trois années pour la réussite des challenges qui leur sont impartis, pour peu également que les exigences des clubs employeurs restent à la hauteur de leur portefeuille, des infrastructures sportives et des équipements dont ils disposent, de la qualité de la composante humaine. La question du recours systématique au technicien national est elle-même tributaire de l'ensemble du système du sport le plus populaire d'Algérie. Or, compte tenu de l'état où se trouve la discipline, il parait peu probable que ce recours puisse apporter grand-chose. L'assainissement du secteur est essentiel pour permettre au football d'émerger. En somme, il ne servira à rien de former de nombreux techniciens locaux si les conditions de travail ne sont pas en phase. Le football a énormément évolué et en Algérie la seule évolution qui a eu lieu effectivement n'a concerné que les salaires des joueurs et de leurs entraîneurs.