La sélection nationale de football, c'est un peu, voire même beaucoup, le mythe de Sisyphe sorti de sa «beauté» mythologique et vulgairement banalisé. Un peu comme la discipline elle-même, sur le plan national s'entend. Car il est tellement vrai qu'à chaque fois que tout le monde croit qu'enfin cette sélection est arrivée au bout de ses peines, patatras, voilà qu'elle se ramasse. Pour mardi passé, il serait littéralement prétentieux de dire que les Verts méritaient de gagner. Tout comme leurs adversaires d'ailleurs, quoiqu'il faille reconnaître le mérite aux journalistes tunisiens d'avoir publiquement concédé la victoire de leur formation comme le fruit du parfait «hold-up». Faudrait-il pour autant tomber dans un catastrophisme de mauvais aloi alors qu'il ne s'agit que d'une défaite qui, a fortiori, ne remet pas beaucoup en cause un possible passage au deuxième tour ? même si, évidemment, cela sera toutefois plus difficile et autant le dire quasiment impossible si les deux leaders actuels font le choix de gérer «diplomatiquement » leur confrontation de samedi prochain. Les responsables des Verts qui essaient d'amortir le choc, considèrent qu'il y a encore six points à aller prendre. C'est tout le mal qu'il pourrait leur être souhaité, sauf qu'il faudrait le faire contre des formations dont l'une est l'éternelle prétendante au sacre et l'autre, tenue de prouver qu'elle peut être considérée autrement qu'un simple épouvantail.Cette défaite était-elle prévisible ? En football, la réponse est qu'elle était possible et envisageable dans la mesure où dans une tranche de temps de quatre vingt dix minutes tout ne tient qu'à un détail. Le but tunisien est venu confirmer tout cela. Un adversaire transparent toute une mi-temps, un coaching lucide et avisé de son entraîneur, deux éléments qui ont bouleversé la donne en l'occurrence Darragi et Msakhni et une gestion démoniaque du temps puisque la définitive supériorité au tableau viendra des Tunisiens dans le temps additionnel. Ce qui, dans une partie de football, n'est pas une fatalité, et il suffirait de se souvenir d'une finale de la Ligue des champions remportée par Manchester United face au Bayern de Munich pour se dire qu'en trois minutes tous les renversements de situation sont possibles. Sauf que dans pareil cas de figure il faudrait disposer d'un mental de battant. Ce qui n'a pas été et n'est pas le cas des footballeurs algériens qui ont fait le spectacle, étalant la supériorité technique de leurs individualités mais pas au point de se souvenir qu'il existe, par ailleurs, également et surtout l'option tactique qui leur aurait épargné cette déconvenue. Toutefois, cela relève des attributions du coach et ce n'est pas en déclarant que c'est de sa faute que Halilhodzic modifiera la triste réalité. Il n'y a pas lieu pour autant de le culpabiliser de ce revers sachant toujours que l'issue d'un match de football ne tient qu'à un détail.Qu'en sera-t-il de l'attitude de l'environnement autour de la sélection nationale ? Aux dernières nouvelles données sur le plateau de la chaîne tunisienne Nessma, par l'envoyé spécial d'un magazine spécialisé algérien, quelques supporters ont, après la fin de la rencontre, «gesticulé devant le bus des Verts et bravé les joueurs». Sur le même plateau Hadj Adlane a dit la juste réalité, «cette rencontre s'est plus jouée dans les médias», et c'est ce qui va motiver jusqu'à samedi les critiques d'abord contenues des journalistes, et le fiel abondant qui leur succèdera au cas où la sélection nationale ne terminerait pas sa confrontation avec les Togolais sur un avantage. La triste image à la fin de la rencontre est venue de l'équipe de la Télévision algérienne, dont le «gai» plateau a plié armes et bagages sans autres commentaires. Alors que tout mérite arguments et contre-arguments. Une attitude qui confirme que la fluctuation et souvent la violence du langage sportif chez le journaliste algérien est à l'aune de sa nature de supporter au détriment, en l'espèce, du critère fondamental de professionnalisme. Le correspondant de Compétition n'a-t-il pas été interpellé par l'animateur de Nesma lorsqu'il affirmait sans ambages que «la défaite de l'Algérie tenait au fait que Halilhodzic n'avait eu que du mépris pour l'adversaire en le sous-estimant», alors que la veille il affirmait que le même coach «nourrissait les plus grosses craintes face à un adversaire qui pouvait lui causer les plus gros tracas». C'est dire. En fait, si, sans désemparer un seul instant, les instances sportives nationales ont été disponibles à l'endroit de la sélection nationale, qui a bénéficié des meilleures conditions, souvent au détriment des autres disciplines, le retour sur investissement semble des plus aléatoires et ce d'autant plus que les fans des Verts ne s'attellent qu'au résultat immédiat alors que c'est sur le long terme qu'il faut le plus tabler et axer toute stratégie. D'où régulièrement des sélections nationales en carton-pâte et autant de dénouements tragicomiques lors de grands et importants rendez-vous sportifs. A. L.