Bien ancrée dans la tradition populaire de la capitale, la possession de vaisselle et autres accessoires en cuivre est considérée à Alger comme un signe de bon goût. Idem pour d'autres objets artisanaux soigneusement confectionnés à la Casbah, tels que les trousseaux destinés au bain maure «hammam», mais hélas ces genres d'articles tant convoités par les touristes sont devenus de nos jours une denrée rare, surtout avec la disparition à Alger d'un grand nombre de métiers d'artisanat telles que l'ébénisterie, la peinture sur verre, l'argenterie. Afin de vérifier cela, une simple virée dans les dédales de l'antique Casbah reflète cette terrible vérité. Boutiques fermées pour la plupart appartenant à des artisans, les seuls qui restent se sont transformés en de simples revendeurs d'objets artisanaux, des objets anciens. «Je suis un brocanteur spécialisé dans les objets en cuivre telle que Snî, plateau traditionnel en forme circulaire. J'ai énormément d'objets anciens mais hélas très peu de personnes s'intéressent à ce genre d'articles», déclare un brocanteur, dont le magasin côtoie Dar Khdaouedj el âmia, aujourd'hui transformé en musée des arts et traditions populaires. Pour les amateurs de cuivre, seul le jeune Abdelouahab est présent pour offrir ses services, cependant on ne trouve pas grand-chose dans sa boutique, qui propose sur ses étals d'autres articles tels que des cadres, des miroirs et autres destinés aux touristes, «le métier de dinandier est un métier en voie de disparition, la plupart du temps on se retrouve à réparer et redonner de l'éclat aux objets des gens. Les jeunes ne s'intéressent plus à ce genre d'articles jugés encombrants et qui nécessitent un entretien permanant», nous dit-il. Connu jadis pour son quartier des artisans, la Casbah de nos jours est quasiment désertée par ses artistes, le visiteur est carrément choqué de ne plus trouver aucun maître cordonnier encore moins les travailleurs du cuir. Ignorés par les autorités, les maîtres artisans qui restent et continuent à œuvrer le font tout juste par passion du métier car, en l'absence de touristes, il leur est quasiment impossible de vivre de leur métier. Avec l'inflation des prix des matières premières tels que le cuivre et le cuir, ces arts sont aujourd'hui sérieusement menacés, c'est d'autant plus grave que cela risque d'entraîner à terme la disparition de certains symboles de culture algéroise et algérienne. Complètement en ruine en attendant la réalisation de son plan de sauvegarde, la Casbah semble triste et cela affecte aussi son visiteur, ce qui explique la disparition des touristes exception faite des nostalgiques. Ce qui est également déplorable c'est le manque de volonté flagrant des institutions culturelles situées à la Casbah, à l'image des musées, dont les responsables ne font aucun effort pour la promotion des métiers locaux tels que l'organisation d'exposition permanentes dans leurs sièges ou même en plein air. Se rejetant la faute les uns sur les autres. C'est à se demander qui est le véritable responsable de ce drame, est-ce la cherté des prix, l'absence de clientèle ou celle d'une véritable prise en charge et revalorisation de ces arts ? W. S.