De notre correspondant à Constantine A. Lemili Il y a quelques jours, tout semblait être rentré dans l'ordre avec la désignation d'une commission chargée de faire la lumière sur le conflit social qui rongeait l'établissement public communal d'assainissement de Khroub. Cela ne semble pourtant pas être le cas dans la mesure où les agents de nettoiement se sont transportés avec leurs camions au cours de la journée de lundi vers le siège de l'APC dont ils ont fait le… siège. La situation ne s'est décantée qu'en début de soirée après que les représentants des travailleurs, le directeur par intérim et les membres du conseil d'administration de l'EPCA eurent trouvé un accord provisoire, parce que verbal, en attendant sa matérialisation par un procès-verbal, seule condition réputée atténuer la colère du collectif. Or, ladite commission, qui devait remettre ses conclusions le 12 octobre, ne l'a pas fait au motif que l'un des membres (un élu RND) se serait désisté. Le lendemain même, le directeur de l'EPCA, qui est au centre de la grogne, reprenait des fonctions d'où il avait été éloigné par une mesure administrative provisoire dans l'attente d'un retour à une situation normale. Il semblerait, selon les syndicalistes et le directeur par intérim que nous avons rencontrés dans la matinée d'hier, que «dès sa reprise de fonction, ce responsable a commencé par provoquer ceux qu'il considérait comme à l'origine de ses déboires. Il affichait le plus grand mépris et l'exprimait ostensiblement à l'endroit des travailleurs, annonçant des mesures de rétorsion contre quelques cadres et prévoyant leur remplacement par de nouveaux recrutements [chef du personnel, chef de service comptabilité, chef de service technique] alors que, jusque-là, il n'a eu de cesse de procéder à des coupes parmi les effectifs au motif que les charges prenaient de plus en plus d'importance». Toutefois, le point d'orgue de la nouvelle colère des agents de nettoiement fait suite à la décision du directeur de faire procéder à la ponction de six jours de salaire consécutivement à l'arrêt de travail observé au cours de la première semaine d'octobre. Or, pour nos interlocuteurs, «notre activité consiste à tenir la ville et sa périphérie dans un état de propreté convenu. S'il est vrai que les ordures se sont amoncelées durant une semaine, ces mêmes ordures ont été ramassées une fois un accord trouvé. Mieux, les agents ont redoublé d'effort en travaillant de jour comme de nuit afin de rendre les lieux encore plus avenants qu'initialement. Nos effectifs avaient l'habitude de ramasser environ 100 tonnes d'ordures ménagères par jour, ils ont ramassé toutes celles qui se sont amassées durant l'arrêt de travail. La prestation de l'établissement ou du moins ce qui est attendu de ses travailleurs s'est par conséquent faite normalement. En fait, la décision du directeur n'est que le résultat d'une vindicte qui ne dit pas son nom». Vraisemblablement, toutes les décisions prises à la hussarde par ce dernier ont été annulées. En tant que gestionnaire, il a été mis à la disposition de l'APC dont il est également un élu. Le collectif des travailleurs a été informé que la situation statutaire de l'établissement serait revue à la fin de l'année. Soulignons enfin que l'EPCA a été créée le 29 décembre 1988 par arrêté du wali et pourrait être dissoute dans les mêmes conditions dans le cas où elle serait déficitaire. Elle l'est par ailleurs, avec des charges mensuelles largement supérieures à 4 millions de dinars pour des recettes de 3,2 millions (montant de la convention avec l'APC). Le conseil d'administration aurait proposé la nomination d'un nouveau directeur mais les travailleurs préfèrent celui actuellement en poste. Leur souhait pourrait être exaucé ne serait-ce que pour ramener la sérénité sur place.