L'opposition bahreïnie a réinvesti la rue jeudi et hier, pour crier sa colère contre le régime sunnite de la dynastie familiale des Al-Khalifa, à l'occasion de la commémoration du deuxième anniversaire du soulèvement populaire et des partis de l'opposition, issus de la majorité chiite. Des centaines de personnes ont en fait défilé dans les rues de Manama et des villes environnantes, ont rapporté les agences de presse. Deux personnes, dont un civil de seize ans, ont péri dans des heurts qui ont eu lieu jeudi, qui coïncide avec le deuxième anniversaire du déclenchement de la colère populaire dans ce petit archipel du Golfe. Hussein al-Jaziri, 16 ans, est mort après avoir été grièvement blessé, notamment à la poitrine, par des tirs à la chevrotine, lors d'affrontements avec les forces antiémeutes dans le village de Daih, selon la principale formation de l'opposition chiite, Al-Wefaq. Le parquet, cité par l'agence de presse officielle BNA, a annoncé qu'il interrogeait deux policiers soupçonnés d'implication dans la mort du protestataire, selon Reuters. «Hussein al-Jaziri a été tué de sang froid», a accusé l'opposition, déplorant «des dizaines de blessés et plusieurs arrestations illégales». «Le peuple est déterminé à obtenir ses droits légitimes pacifiquement (...) pour une transition démocratique», a ajouté dans un communiqué l'opposition, qui réclame notamment une monarchie constitutionnelle, un gouvernement issu d'élections et la fin de la discrimination confessionnelle. L'opposition avait annoncé qu'elle reprendrait la contestation, alors que les autorités royales de Manama ont appelé au dialogue national, un appel qui sert en fait à faire taire les opposants à la veille des commémorations prévues pour l'an deux de la révolte des Bahreïnis. Dimanche, le roi et des représentants de l'opposition et de la société civile avaient repris les discussions pour tenter de sortir le Bahreïn de la crise politique qui le secoue depuis deux ans. Mais aucun résultat positif n'a encore été obtenu de ce premier rendez-vous après la dernière rencontre du genre qui a eu lieu en juillet 2011. Tout en jouant la carte de l'apaisement et en usant d'un ton conciliant, le régime de Manama, qui a marginalisé les chiites, injustement accusés d'être à la solde de l'Iran, a procédé à l'arrestation de plusieurs figures de l'opposition. Ces derniers sont accusés de terrorisme et de tentative d'atteinte à la sécurité nationale, un argument qui ne convainc ni l'opposition ni les défenseurs des droits de l'Homme qui, malheureusement, travaillent loin des projecteurs des médias locaux et occidentaux. Pour rappel, la contestation, déclenchée en 2011, s'est soldée par 80 morts, selon la Fédération internationale des droits de l'Homme. Le régime de Manama est soutenu par l'Arabie saoudite et les autres pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Le CCG bénéficie en fait d'un soutien quasi-explicite des puissances occidentales, à leur tête les Etats-Unis dont les intérêts pétroliers et géostratégiques dans la péninsule arabique empêchent la Maison-Blanche de soutenir l'opposition politique chiite. L. M/Agences