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Que se passe-t-il en Tunisie ?
Le Jasmin a l'odeur de la poudre
Publié dans La Tribune le 18 - 02 - 2013

Bien que le régime de Ben Ali ait réussi à mettre en sourdine la classe moyenne tunisienne, il a échoué à la laminer comme ce fut le cas en Algérie. Pendant les années quatre-vingt. Cette classe médiane, ciment de la société et élite intellectuelle, industrieuse et politique a continué à occuper ses espaces sociaux et à servir avec un relatif succès de barrage à l'extrémisme qui a tenté de prendre racine en Tunisie tout au long des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. La répression du régime policier de Ben Ali a semé la terreur sans pouvoir réduire au silence cette élite qui reste aujourd'hui, en dépit de ses valses hésitations, le rempart de la Tunisie contre les dérives totalitaires d'Ennahda et de ses alliés salafistes embusqués. L'élite tunisienne qui se manifeste essentiellement à travers les débats publics pour mettre à nu les visées politiques et idéologiques de la classe politique et mettre en exergue les limites et les dangers de la dynamique de mutation en cours, n'a plus d'autre choix que de s'impliquer dans le combat ultime entre les velléités hégémonistes d'Ennahda et les querelles stériles d'une opposition laïque qui ne dispose pas d'un programme alternatif qui donne un sens et une consistance aux discours ponctués de bonnes intentions. L'enjeu aujourd'hui, est à la fois politique et économique.
Le pragmatisme caractéristique des Tunisiens est un atout pour le courant qui sache formuler des solutions politiques et économiques à une crise profonde qui ne peut s'accommoder de promesses électorales. Cette réalité explique en grande partie l'attitude du Premier ministre Hamadi Jebali, qui est aussi le secrétaire général d'Ennahda. Contrairement à d'autres dirigeants d'Ennahda, Hamadi Jebali n'a jamais rompu les amarres avec ses concitoyens, leur quotidien et leurs souffrances. Né en 1949 à Sousse, Hamadi Jebali est ingénieur de formation, spécialisé dans les énergies solaires et éoliennes. Parallèlement à ses activités professionnelles, il devient directeur de l'hebdomadaire du parti Ennahda, Al Fajr. Opposant de longue date du régime de Zine el-Abidine Ben Ali, il passe plus de seize ans en prison, dont dix à l'isolement. C'est d'abord en tant que journaliste qu'il est condamné en 1991 : un an de prison pour diffamation à cause d'un article sur les tribunaux militaires. À sa seconde arrestation pour activisme politique, en 1992, aux côtés de plus d'un millier de militants d'Ennahdha, il est condamné à seize ans de prison ferme pour «appartenance à une organisation illégale» et «complot visant à changer la nature de l'Etat». Après une grève de la faim en 2002, il reçoit une grâce présidentielle qui lui permet de sortir en 2006. Suite à la victoire d'Ennahda lors de l'élection de l'Assemblée constituante du 23 octobre 2011, durant laquelle il est élu dans la
circonscription de Sousse, il est le candidat officiel du parti pour le poste de Premier ministre. La presse internationale le présente souvent comme le «modéré» de son parti, surtout du point de vue religieux. Ce n'était pas un caprice lorsque Jebali a exigé lors de sa désignation au poste de Premier ministre, d'avoir les mains libres et les coudées franches en toutes circonstances afin de moduler son gouvernement en toute liberté en cas de besoin. La Constituante a consigné ses exigences ce qui explique la légitimité de la démarche de Jebali de vouloir un gouvernement de technocrates. L'opposition catégorique de Ghannouchi au Premier ministre révèle deux aspects déterminants : d'une part le désarroi d'Ennahda qui se rend compte de sa perte de vitesse et du recul de sa popularité qui était déjà relative au regard des résultats des urnes (37% des sièges de l'ANC) et d'autre part, une profonde division au sein de la direction d'Ennahda entre tendance modérée et réaliste et tendance radicale et maximaliste. Ennahda avait testé ses forces lors des débats et de la rédaction de la mouture de la nouvelle constitution au sein de l'ANC. Ainsi, les islamistes ont tenté cette formulation de l'article 2 : «L'Etat s'engage à conserver l'identité arabo-musulmane du pays et s'abstient de légiférer en opposition avec la religion islamique».
La référence à la chariâ est subtilement faite. Ce projet de Constitution a été révélé à la suite du piratage, le 7 avril 2012, du courrier électronique de Hamadi Jebali, par des hackers d'Anonymous. Deux semaines plus tôt, le 25 mars, Ennahda s'était officiellement prononcé pour le maintien tel quel de l'article 1 de la Constitution tunisienne de 1959 : «La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain. Sa religion est l'Islam et sa langue est l'Arabe». Pour Thameur Mekki, journaliste indépendant tunisien, dans un article dans le Monde diplomatique de février 2013, «le parti islamiste semble ballotté entre la pression de son aile la plus rigoriste, sensible aux sirènes des salafistes, et la résistance du contre-pouvoir que représentent, au moins sur ce sujet, les partis de l'opposition, la société civile et la grande centrale syndicale du pays, l'Union générale tunisienne des travailleurs (Ugtt)». Mekki rapporte que Ghannouchi avait déclaré en mars 2012 que «même nos alliés de la troïka nous on dit qu'ils ne vont pas voter pour la charia» et qu'«il est possible qu'on arrive à 51 % avec les élus d'Al-Aridha (une formation au programme démagogique créée par un homme d'affaires propriétaire d'une
chaîne de télévision, M. Hechmi Hamdi, et représentée par une vingtaine de parlementaires). Mais une Constitution votée à 51 % n'a pas de valeur. Les deux tiers sont nécessaires». Après le large mouvement de protestation contre un Etat religieux, les alliés d'Ennahda, le Congrès pour la république (CPR) de Merzougui et Ettakatol de Ben Jaâfar, ont contraint Ennahda à reculer et maintenir l'article 2 de la Constitution de 1959 inchangé. Mekki rapporte aussi que Ghannouchi confiait en effet à ses partisans : «Nous y arriverons, petit à petit, par étapes. Tant que le peuple est aux commandes, n'importe quelle loi en divergence avec l'islam sera refusée.» Il ajoutait :
«Y a-t-il une différence entre l'islam et la charia ? C'est du pareil au même.» Ainsi, Ennahda ne désarme pas et poursuit son forcing par des méthodes plus musclées en fermant les yeux sur les violences que commettent les salafistes dans l'espoir d'instaurer un climat de terreur et de peur qui ferait taire les laïcs. Cependant, un événement somme toute anodin a néanmoins alerté Ennahda. Selon Thameur Mekki, «les élections aux conseils scientifiques universitaires se sont traduites par une déroute des listes islamistes de l'Union générale tunisienne des étudiants (Ugte), au profit de celles de l'Union générale des étudiants de Tunisie (Uget, gauche).
La perturbation des cours par des sit-ins organisés par les salafistes s'est vue durement sanctionnée». Cette défaite serait-elle le prélude à d'autres déroutes des islamistes ?

Jebali en pompier
Le Premier ministre tunisien, en dépit de sa modération reste un militant d'Ennahda et son secrétaire général. Cependant, sa
clairvoyance le pousse à sauver son parti de la déroute qui le guette s'il continue à défendre des positions maximalistes et à s'accoquiner avec des salafistes qui passent à l'action violente. Jebali est conscient aussi du défi économique auquel aucune réponse sérieuse et concrète n'a été formulée alors que de larges pans de la société subissent les effets de la crise économique mondiale et la stagnation économique en Tunisie.
Le contexte politique tendu et l'insécurité n'encouragent pas le retour des touristes et la reprise du secteur clé de l'économie du pays. A ce titre, la proposition d'un gouvernement de technocrates vise à calmer la scène politique tunisienne et à engager des actions de nature à booster l'économie. Selon une source citée par le monde diplomatique de février 2013 : énéral du parti et celle de Premier ministre. Ses critiques au sein d'Ennahda lui reprochent de ne pas les avoir consultées sur sa proposition d'un gouvernement de technocrates. Or, selon elles, la formation d'un tel gouvernement représenterait un changement radical dans la stratégie du parti, qui était fondée sur des élections et sur le choix populaire. D'autre part, le départ des politiques reviendrait à dévitaliser le gouvernement, au moment même où se développent les forces contre-révolutionnaires. Enfin, un tel changement reviendrait à mettre le pays sous la coupe de technocrates dont beaucoup sont liés à l'ancien régime, à l'“Etat profond”, voire sous la coupe de l'étranger (institutions financières internationales).» La même source ajoute qu'«Ennahda craint aussi qu'un tel gouvernement revienne à marginaliser la voix des urnes telle qu'elle s'est exprimée aux dernières élections et que cela laisse libre cours à la voix de la rue». Paradoxalement, Ennahda se réfère aux urnes et ignore la rue. Mais Jebali estime que son parti ne réagit pas assez, ne semble pas saisir les enjeux de l'évènement et ne fait aucune proposition pour apaiser la situation au risque de voir le parti se fourvoyer avec la droite religieuse. Jebali pense que «l'assassinat représente un événement majeur qu'il faut prendre en compte, même si le Premier ministre avait depuis plusieurs mois entamé une réflexion sur les impasses de la transition en Tunisie. Il craignait déjà que les échecs n'aboutissent au discrédit de la politique, et pas seulement pour les partis de la majorité.».
C'est pour ces raisons que le Premier ministre vise, à travers sa démarche, la préparation des élections générales pour l'automne 2013, la finalisation de la Constitution et permettre une gestion efficace des affaires publiques. Pour Hamadi Jebali : «La création d'un gouvernement de technocrates permettrait de soustraire cette institution aux critiques et aux surenchères politiques et stabiliserait la situation interne. L'achèvement de la rédaction de la Constitution, qui ne demande pas beaucoup d'efforts supplémentaires, permettrait de fixer un cadre institutionnel stable. Dans ces conditions, les partis auraient le temps de se préparer aux batailles électorales à venir, de peaufiner leurs programmes pour affronter les tâches difficiles de la reconstruction, de préciser quelles réformes il veulent mener à bien.» La manifestation organisée par Ennahda samedi dernier, s'apparente à un baroud d'honneur sans effet politique, mais risque d'être perçue par les courants salafistes radicaux comme un signal pour multiplier les actions de violence pour défendre leur droit de gouverner. Ces derniers, semblent avoir en mémoire l'arrêt du processus électoral de 1991 en Algérie.
A. G.

Les radicaux d'Ennahda
Abdellatif Mekki :
ministre de la Santé.
Ex-leader étudiant dans la Tunisie des années 1980, il est proche de Rached Ghannouchi. Son nom circule avec insistance, depuis de longs mois, comme potentiel successeur de Hamadi Jebali, si celui-ci était contraint de démissionner. Abdellatif Mekki a été élu à la présidence du congrès d'Ennahda, en juillet. Il est parmi ceux qui ont reçu le plus de voix, au même congrès, pour entrer au majlis al-choura, l'instance dirigeante du parti.
Lotfi Zitoun :
proche de Rached Ghannouchi, dont il a partagé l'exil londonien. Il était jusqu'à tout récemment ministre conseiller chargé des Affaires politiques auprès du Premier ministre. On le disait placé à ce poste par Ghannouchi, afin de «surveiller» le Premier ministre. En désaccord avec le projet de remaniement ministériel, il a démissionné quelques jours avant l'assassinat de Chokri Belaïd. Il indiquait dans sa lettre de démission n'avoir plus confiance en Jebali, qu'il accuse de ne pas avoir tenu compte de ses conseils et d'avoir porté atteinte au parti islamiste. La presse, souvent critique à l'égard d'Ennahda, était régulièrement dans son collimateur. Il avait à plusieurs reprises menacé de publier une «liste noire» des journalistes.
Abdelkarim Harouni :
ministre des Transports.
Il était secrétaire général de l'Union générale tunisienne des étudiants, syndicat islamiste qu'il a cofondé, ce qui lui a valu une condamnation à perpétuité sous Ben Ali.
Habib Ellouze :
cadre historique du parti.
Il a toujours plaidé avec force pour une rupture très nette avec l'ancien régime. Comme Lotfi Zitoun, il a participé, cet été, à la campagne Ekbes, appelant le gouvernement à accélérer les réformes. Il avait aussi pris la parole au «festival du prêche» salafiste, organisé sur l'avenue Bourguiba le 14 janvier dernier.


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