La crise politique égyptienne relative à la destitution de Mohamed Morsi par l'armée demeure toujours tendue et le bras de fer persistant. Les tractations pour une sortie de crise vont bon train. Et les pressions aussi. Une enquête pénale a été ouverte pour «espionnage, incitation à la violence et destruction de l'économie» à l'encontre de l'ex-président écarté du pouvoir il y a dix jours. Le désormais ex-chef de l'Etat, est détenu depuis le 3 juillet par l'armée dans un lieu tenu secret, probablement dans les locaux de la Garde républicaine au Caire. Les services du procureur général ont publié un communiqué affirmant avoir reçu des plaintes contre Morsi et huit autres responsables du parti, dont le guide des Frères musulmans, Mohamed Badie. Le dépôt des plaintes est la première étape de la procédure pénale, permettant au ministère public d'entamer des investigations qui pourraient déboucher sur des inculpations. Cette annonce pourrait bien rentrer dans le cadre des tractations de l'armée avec les Frères pour les inciter à appeler leurs partisans au calme. Le pouvoir militaire multiplie les éléments de pression contre Mor si et les Frères pour les amener à sortir de la posture de défiance. La confrérie avait appelé ses membres à une poursuite des manifestations la semaine prochaine pour exiger le rétablissement immédiat de Morsi dans ses fonctions. Prolongeant de fait une crise qui risque toujours de dégénérer. D'un autre côté le nouveau Premier ministre, Hazem Beblawi, a débuté des entretiens téléphoniques avec les ministres pressentis pour la constitution du gouvernement. Ce dernier qui sera constitué de 30 membres pourrait-être annoncé mardi ou mercredi. «Restaurer la sécurité, assurer la fourniture des biens et services et de préparer les échéances électorales (législatives et présidentielle)» en seront les principaux axes de travail. Le ministre de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi et celui de l'Intérieur, Mohamed Ibrahim, devraient garder leur poste. Mohamed El Baradei, figure de proue de l'opposition au président déchu, a prêté serment comme vice-président chargé des relations internationales. Ces démarches témoignent de la volonté de l'Armée de dépasser la situation de blocage actuelle, malgré la poursuite des protestations de rue des partisans de Mohamed Morsi. Cependant le bras de fer entre les deux camps rivaux ne trouve toujours pas de répit. Des centaines de manifestants anti-Morsi se sont rassemblés de leur côté place Tahrir, ainsi qu'aux abords du palais présidentiel, où ils ont rompu le jeûne en fin de journée. Vendredi la foule avait été particulièrement nombreuse devant la mosquée Rabea al-Adawiya, dans le quartier de Nasr City, où les partisans de Morsi manifestent depuis deux semaines. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont de nouveau réclamé le retour du président déchu à son poste. Les Frères musulmans exigent le retour immédiat de Mohamed Morsi, la tenue de législatives et la création d'une commission pour la réconciliation nationale. L'armée reste intransigeante face à ces demandes, assurant que Morsi se trouvait «en lieu sûr» et était «traité dignement». L'ex-président n'est pas apparu en public depuis son arrestation, suite à sa destitution. Washington, qui consacre 1,3 milliard de dollars d'aide militaire par an à l'Egypte, avait réclamé sa libération. M. B./Agences