Par Karima Mokrani Les travailleurs d'Algérie Poste (AP), structurés au sein du Snap (Syndicat national autonome des postiers), syndicat autonome, poursuivent leurs démarches pour provoquer un changement radical dans le fonctionnement de l'entreprise. Ce changement, ils insistent pour qu'il se produise, tout d'abord, au niveau du sommet, c'est-à-dire la direction générale, avant qu'il n'atteigne les autres parties du corps de l'entreprise. Les protestataires s'emploient assidûment à cette démarche. Ainsi, après avoir paralysé les bureaux de postes durant toute une semaine, du 14 au 22 août, dans 26 wilayas du pays, ils ont gelé leur action protestataire jeudi et repris totalement leur activité, hier samedi. C'est le deuxième mouvement contestataire du genre, après celui observé durant 12 jours au cours du mois de janvier de l'année en cours. La reprise du travail a été décidée par le Snap lui-même, initiateur de ces mouvements de grève à répétition, après avoir eu des engagements du ministre, Moussa Benhamadi, de satisfaire les revendications exprimées, à leur tête la révision des rappels des primes, avec effet rétroactif à partir de janvier 2008, application de la nouvelle grille des salaires à partir du mois d'octobre prochain, titularisation des contractuels et annulation de toutes les sanctions décidées à l'encontre des postiers traités d'agitateurs ou de meneurs. Non satisfait de cette réponse «pour le moment positive», le Snap décide de s'attaquer directement au DG, Mohand Laïd Mehloul, et de le poursuivre en justice pour «mauvaise gestion et corruption». L'organisation autonome qui ne reconnaît aucune autre autorité sur les travailleurs, surtout pas celle d'un syndicat Ugta «au service de l'administration», est forte de l'adhésion des employés et ambitionne d'aller toujours loin dans ses actions sur le terrain. Ainsi, apprend-on, les travailleurs du Snap (le syndicat n'est pourtant pas agréé par les services du département du travail), ont saisi le procureur général près la cour d'Alger. Ils accusent clairement le DG d'AP d'être impliqué dans des affaires de corruption. Ils affirment avoir les preuves de ce qu'ils avancent, «des faits aisément vérifiables». Les postiers du Snap sont d'autant plus décidés à poursuivre leur bataille sur le plan judiciaire et autre parce qu'il s'agit, selon leurs dires, des intérêts de l'entreprise : «Plusieurs affaires de corruption qui mettent en péril les finances et l'exposent à la faillite» du fait d'une utilisation «hasardeuse» et «abusive» de l'argent du contribuable. Affaire à suivre. Par ailleurs, apprend-on également, des postiers quittent l'Ugta et rejoignent le Snap. La page Facebook créée par le Snap suscite l'intérêt et la curiosité des travailleurs et autres. Publications, commentaires, critiques…échanges en permanence pour imposer de nouvelles méthodes de communication, de travail et autres. C'est un porte-voix aux sans voix. K. M.