Photo : Riad De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine L'université, ce lieu du savoir, du développement des compétences et de formation des futurs cadres de la nation, a observé, à travers le temps, des mutations accélérées ayant fait d'elle un espace sensible à tous les soubresauts. Des réformes importantes ont été engagées pour moderniser l'enseignement supérieur, et ce, par le renforcement des équipements pédagogiques, la réalisation de nouvelles structures et la formation de l'encadrement pédagogique ainsi que par la propulsion de la recherche scientifique qui doivent être mis, évidemment, au service du développement de différents secteurs dans notre pays. Hébergement, restauration, et transport, source de problèmes L'hébergement, la restauration et le transport universitaires font également partie des préoccupations de la tutelle durant ces dernières années. Cependant, tous les efforts fournis n'ont pas abouti aux résultats espérés, d'autant que le niveau de la formation universitaire actuelle, même s'il a connu des améliorations, demeure encore loin de répondre aux besoins de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Les raisons de cette situation sont à mettre, selon des spécialistes, sur le dos de l'enseignement dispensé dans les paliers du moyen et du secondaire, et même au niveau primaire, sachant qu'à l'université l'enseignant est appelé à donner de nouvelles informations qui viennent renforcer des données déjà acquises. Actuellement, de nombreux enseignants éprouvent d'énormes difficultés à dispenser leurs cours du fait que les étudiants n'arrivent pas à suivre à cause de leur niveau d'instruction, souvent jugé très bas. Selon un enseignant interrogé à ce sujet, l'université n'est pas responsable si le nouveau bachelier n'a pas une formation de base acceptable qui lui permette de suivre une formation supérieure. L'échec dans les études est souvent visible pour une grande partie de ces nouveaux bacheliers et les efforts des enseignants sont orientées particulièrement vers la mise sur les rails de cette catégorie, donc il ne faut pas s'attendre à de grands résultats dans l'immédiat, selon notre même source, qui ajoute par ailleurs que le niveau de formation reste tributaire du rôle que va jouer le secteur de l'éducation nationale. D'autres problèmes sont apparus au niveau de l'université algérienne. Parmi ceux-ci, nous citons, entre autres, la violence, qui a pris des dimensions inquiétantes. Des enseignants sont victimes de mauvais comportements de la part de certaines étudiantes. En revanche, il se trouve que le manque d'expérience de certains d'entre eux est à l'origine du mécontentement des étudiants. Selon un enseignant, depuis quelques années, le comportement des étudiants a changé à cause des mutations qu'observe la société. Cet interlocuteur ajoute qu'auparavant un étudiant qui n'a pas bien travaillé à l'examen éprouvait de la honte et ne pensait jamais demander de l'aide, alors qu'aujourd'hui, la nouvelle génération d'étudiants vient harceler les enseignants pour se faire ajouter des points et font même intervenir des connaissances, alors que nombre d'entre eux n'ont assisté qu'à une seule séance de travaux dirigés en un semestre. Il faut aussi noter que de nombreux parents d'étudiants harcèlent les enseignants à travers des connaissances pour assurer de bonnes notes ainsi que le passage à leurs enfants. Ces pratiques sont connues comme étant les conséquences des transformations de la société. D'ailleurs, le vocable «tout passe» a touché le milieu universitaire et cause des souffrances aux enseignants qui préfèrent couper leurs téléphones après les examens pour éviter les différents modes d'ingérence dans les notes à attribuer. Les grèves comme seul moyen de revendication Au niveau des cités universitaires, la situation est aussi délicate puisque des problèmes surgissent à cause du manque de prise en charge des revendications des étudiants. La semaine dernière, une grève a été menée à l'intérieur de la cité universitaire de Boutaine (Khemis Miliana), les représentants des étudiants, à savoir les organisations telles que UNJA, LNEA, ONSE ont soulevé des préoccupations liées au transport universitaire, affecté, selon eux, par un manque de véhicules de transport et une perturbation dans les horaires de rotation. Ces mêmes organisations ont exigé la mise à disposition d'une ambulance à l'intérieur de la cité et la réouverture de la salle de soins durant la nuit. Dans un communiqué signé par ces organisations, il est fait état aussi de certaines revendications ayant trait à l'ouverture de la salle de lecture, de la salle d'Internet et d'un foyer équipé de télévision. L'amélioration de la qualité du repas, la disponibilité de l'eau chaude ainsi que l'ouverture d'une salle de sport forment également des revendications émises par les représentants des étudiants. Des chantiers en attente d'être lancés En somme, la nature des problèmes dont souffrent ces étudiants montre qu'il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la qualité de vie des étudiants, qui, normalement, doit être propice pour les aider à développer leurs connaissances. A partir de cela, on peut dire qu'un étudiant qui éprouve des difficultés pour rejoindre les salles de cours à cause du manque du transport et dans l'impossibilité d'accéder à Internet à l'intérieur de la résidence universitaire ne pourra pas trouver un environnement convenable à l'enseignant supérieur, lequel, d'ailleurs, exige la présence de paramètres importants permettant de propulser les étudiants dans le monde du savoir. Il ne faut pas omettre de dire aussi que l'université doit être mise à l'abri de tous les courants politiques et ne doit plus être une scène de manœuvre de certaines organisations estudiantines, activant souvent selon les orientations de partis politiques. Entre autres, en ce qui concerne l'encadrement pédagogique en particulier, l'enseignant universitaire doit jouer pleinement son rôle, un rôle qui dépend bien évidemment de la prise en charge qu'il reçoit de la part de la tutelle.