Photo : S. Zoheir Par Amar Rafa Intervenant à l'ouverture de la conférence nationale des élus FFS, qui se tient conformément aux résolutions du 4ème congrès du parti, le premier secrétaire national du parti, Karim Tabbou, a insisté jeudi dernier sur l'importance d'orienter tous les efforts des élus et de l'administration locale en direction de la jeunesse qui «se trouve depuis quelques années dans la misère et une détresse totale». «Pourtant, cette jeunesse arbitrera l'avenir du pays», a-t-il ajouté. Cette conférence sera l'occasion de «mieux cerner, à travers l'expérience acquise sur le terrain, les conditions politiques et administratives requises pour assurer la pleine représentativité des élus et leurs responsabilités devant les citoyens et l'Etat», dira-t-il. Il s'agit, selon lui, d'«exiger une répartition claire des compétences et des prérogatives entre le pouvoir central et celui local et de demander des moyens pour un réel exercice et une certaine autonomie du pouvoir au niveau local». Les élus locaux, avec la collaboration de l'administration locale, «doivent pouvoir disposer d'une capacité réelle d'intervention en ce qui concerne le développement local, en général, notamment la gestion du foncier et le contrôle de l'urbanisme», ajoutera-t-il. Et d'expliquer qu'il s'agit aussi de «libérer les communes, de lever les obstacles qui empêchent l'élu d'être un élu à part entière». Le premier secrétaire national du FFS exprimera sa conviction selon laquelle «l'élu peut être un bon gestionnaire, un bon technicien ; il doit être avant tout un homme politique conscient», car, dit-il, «il n'y a pas de gestion locale neutre, il n'y a pas d'APC ou d'APW neutre». M. Tabbou, situant la rencontre dans une conjoncture difficile que traverse le pays et à la veille d'échéances importantes pour son avenir, a tenu à rappeler certaines positions politiques : «C'est l'absence de liberté et de démocratie qui engendre et reproduit les cycles de violence. La mise en place d'un véritable processus de démocratisation du pouvoir et de la société demeure le seul le chemin de la sécurité nationale, de la stabilité et de l'espoir. Il faut restituer à la société tous les instruments et toutes les attributions de la représentation sociale, permettre aux partis politiques, aux syndicats et à la société civile d'activer librement dans le champ politique nationale, réhabiliter et civiliser le politique tant au niveau central que local, seul moyen d'impliquer toutes les composantes de la société dans le développement du processus démocratique, revendiquer instamment l'exercice de la liberté de la presse et d'opinion et condamner toutes les formes d'exclusion de répression et d'intolérance». M. Tabbou a affirmé que l'un des objectifs de la conférence nationale des élus est d'évaluer ce qui est «nécessaire pour faire de la politique autrement, pour gérer autrement, pour tenir nos engagements dans toute la mesure du possible» : «Avons-nous fait ce qui est nécessaire pour concrétiser les possibilités de débat de participation de la population à la gestion de nos collectivités. Les citoyens qui nous ont élus sont-ils aujourd'hui des citoyens à part entière ou de simples administrés ?» A l'ouverture des travaux, Karim Tabbou a dénoncé «la poursuite des attentats terroristes et de la politique sécuritaire qui ont conduit ce pays au désastre et en font le malade du Maghreb et de la Méditerranée. Ce pays recèle pourtant des potentialités et des richesses politiques». Relevant la coïncidence de la tenue de la conférence nationale des élus du parti avec la Journée mondiale de l'enfance, il a affirmé que «les enfants d'Algérie, qui ont connu les larmes et le terrorisme, ont besoin aujourd'hui de reprendre espoir dans la vie». Il a en outre adressé ses salutations aux citoyens de Berriane, «qui subissent les politiques répressives», indiquant que «la jeunesse exprime un grand besoin d'expression». M. Tabbou, en marge de la réunion, a mis l'accent sur «la situation socio-économique intenable des Algériens». «Il n'y a pas de perspectives sérieuses qui montrent aux Algériens la voie du salut», poursuit-il. Selon lui, il est temps pour les pouvoirs publics d' «avoir le courage de comprendre définitivement que toutes les politiques menées jusque-là ont échoué ; elles ont montré leur inefficience et leur inopérabilité sur le terrain. Il faut laisser le terrain au débat sérieux et à l'éthique politique». Les travaux de cette rencontre ayant concerné les 661 élus du parti, rappelle-t-on, ont été marqués par des communications de M. Bouchachi Mustapha, en sa qualité de président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH), et de M. Mohand Amokrane Cherifi, expert international. Des débats ont eu lieu également autour des la problématique du foncier et de l'intercommunalité.