«L'Algérie est qualifiée à 99% et, sauf miracle, l'Egypte n'a plus rien à espérer» * Que ressentez-vous aujourd'hui que vous vous apprêtez à accomplir la omra après trois ans d'interdiction de quitter le territoire national ? C'est un grand soulagement de me débarrasser de cette accusation injuste et enmême temps un immense bonheur de savoir que Dieu m'a accordé la chance d'aller voir La Mecque et d'accomplir ce rituel. Le fait qu'il y ait eu intervention en haut lieu pour me blanchir est une preuve de reconnaissance pour tout ce que j'ai donné à mon pays. * Revenant à ce fameux match de 1989 et cette histoire qu'on vous a imputée injustement. Comment ça s'est passé au juste ? Je vais vous dire tout ce que je sais à ce sujet, sans détour. A notre retour du stade et après notre défaite contre l'Egypte, les Egyptiens avaient compris que les médias n'allaient pas passer sous silence tout ce qu'on a vécu sur le terrain pour nous éliminer du Mondial 1990. C'est là qu'ils ont eu l'idée de créer un surévénement, histoire de détourner l'attention de l'opinion publique. Même si l'on ne doit rien occulter de ce que ce pauvre médecin égyptien avait enduré.Mais personnellement, je ne peux rien vous certifier car je n'avais rien vu de ces incidents dont j'ignore s'ils se sont déroulés à l'intérieur ou à l'extérieur de l'hôtel. Ce que je sais par contre, c'est que les Egyptiens avaient très peur avant de nous affronter, puisque nous les battions tout le temps et ils avaient tout fait ce jour-là pour ne pas perdre encore une fois. * Pourquoi les Egyptiens ont-ils choisi Belloumi et non pas quelqu'un d'autre ? Les pros avaient tous quitté le Caire après le match. Il ne restait donc que les locaux à l'hôtel. C'était donc facile de choisir le joueur le plus médiatisé du groupe. Il faut savoir qu'à cette époque, le nom de Belloumi était considéré comme le plus représentatif du football algérien. Ils m'ont donc choisi pour servir de «mouton de sacrifice». * Après le match, vous avez été chez le juge d'instruction, c'est bien cela ? J'étais alors dans ma chambre pour me reposer un peu, lorsque des policiers sont venus frapper à la porte pour me signifier de les suivre. Les dirigeants de l'EN ont bien sûr refusé de me laisser partir. Mais par la suite, ils sont revenus avec un mandat qui m'obligeait de les suivre à l'hôpital pour répondre de plusieurs plaintes déposées contre moi. Une fois devant le juge, ce dernier m'a fait part des accusations. On m'avait accusé d'avoir agressé le gardien du stade, puis celui du bus, puis après celui de l'hôtel ainsi que d'avoir saccagé le vestiaire du stade au passage pour ensuite terminer sur ce pauvre médecin qui a perdu son oeil et d'autres accusations aussi fausses les unes les autres. J'ai dit alors textuellement au juge : «J'ignorais que j'étais un expert des arts martiaux ! A moi tout seul, vous croyez que je suis capable de faire tout cela ?» A ce moment, il a souri en avouant qu'il lui était un peu difficile de croire à toutes ces accusations. * Certains joueurs de l'EN ont évoqué un nom qui serait derrière cet acte de violence pour lequel on vous a accusé, non ? La majorité des joueurs de l'époque ont affirmé que c'était Kamel Kadri qui en est l'auteur. Mais personnellement, je ne l'ai pas vu faire cela pour la simple raison que je me trouvais au 6e étage en compagnie de notre coach Kermali. Au niveau du tribunal d'Alger, il y a un dossier dans lequel les joueurs de l'époque avaient confirmé que c'est bien Kadri qui en est l'auteur. C'est après la décision d'Interpol que la justice algérienne a commencé son enquête avec les conclusions que je viens d'évoquer. Même Cheikh Kermali avait témoigné pour me blanchir en affirmant que je me trouvais avec lui au moment des faits. * Pourquoi vous avez raté la CAN de 1990? Cette histoire est très profonde. Toute ce que je sais, c'est que l'Algérie a gagné la CAN et on était tous contents ce jour-là. Une fois, quelqu'un a demandé à Kermali pourquoi il ne m'avait pas retenu dans le groupe et le cheikh lui répondu que beaucoup de journalistes en étaient contre. A vous de juger. * L'Algérie va affronter le Rwanda le 11 octobre, mais le 10 l'Egypte ira jouer en Zambie. Votre pronostic ? Je pense que l'Algérie a assuré à 99% sa qualification au Mondial 2010. Une victoire contre le Rwanda est largement à notre portée. L'Egypte n'a plus rien à espérer. Je vois déjà trèsmal comment ils vont réussir à surprendre les Zambiens qui leur avaient donné une leçon de football au match aller. Franchement, je ne donne aucune chance aux Egyptiens et les Verts ont leur destin en main. Ils n'ont pas le droit de nous priver d'une telle fête alors que tout le monde attend notre réussite. L'Algérie ira en Coupe du monde cette fois in cha' Allah. S. B. In Al Arab (Qatar)