Après des années de bataille juridique, l'Etat algérien annonce l'acquisition de 51% du capital de Djezzy pour 2,643 milliards de dollars auprès du russe VimpelCom qui conserve le management du leader de la téléphonie mobile en Algérie. En effet, le Fonds national d'investissement (FNI) a signé hier à Paris un contrat d'achat d'actions pour l'acquisition d'une participation de 51% dans la société Orascom Telecom Algérie SPA (OTA) pour un montant de 2,6 milliards de dollars. La signature de l'accord s'est déroulée à Paris auprès de Global Telecom Holding, filiale majoritairement détenue par la société VimpelCom, opérateur de service de télécommunications leader dans le monde, selon un communiqué. L'actionnaire russe, qui s'était emparé d'OTA via le rachat début 2011 de l'Egyptien Orascom Telecom, pourra également rapatrier les bénéfices tirés de l'activité d'OTA, bloqués depuis plusieurs années. Dans un premier temps, GTH touchera un dividende de 1,862 milliard de dollars. La société pourra toucher 4 milliards nets d'impôts après le règlement de toutes les procédures en cours et le paiement des amendes. Ceci permettra ensuite de rembourser des prêts d'actionnaires accordés par Vimpelcom à GTH. Egalement, les restrictions de change et d'importation mis en place par la Banque d'Algérie contre OTA depuis avril 2010 seront levées à la suite du paiement par OTA au Trésor algérien de l'amende de 99 milliards de dinars algériens (environ 1,3 milliard de dollars). Le groupe algérien Cevital, qui détient 3% de l'opérateur, s'est engagé à céder ses parts pour 178 millions de dollars, portant à 49% la part de Vimpelcom. Selon les communiqués respectifs du FNI et de Vimpelcom, la finalisation de la transaction est attendue dans le courant de l'année. Mission accomplie Les plus grands du secteur des finances ont été mobilisés pour mener à bien le processus, qui finit par, faut-il noter, l'annulation de la demande d'arbitrage du russe. Selon le FNI, cet accord «intervient au terme d'un processus long et complexe ayant mobilisé, depuis de nombreux mois, plusieurs cabinets conseils, notamment Shearman et Strerling LLP, qui a apporté tout son savoir-faire dans le montage juridique de l'opération et la rédaction des accords ainsi que FTI Consulting, expert financier impliqué dans la valorisation et la négociation des aspects financiers». «L'accord intervenu entre le FNI et le groupe VimpelCom ouvre une ère nouvelle dans le développement de Djezzy en donnant à OTA un nouvel actionnariat solide et stable», souligne le Fonds. Tout en consacrant l'ancrage algérien de Djezzy, cet accord va lui permettre de poursuivre son activité dans un marché dynamique, d'intensifier ses investissements notamment en renforçant et développant son infrastructure de réseau à l'heure où le marché de la téléphonie mobile se caractérise, grâce aux évolutions technologiques notamment la 3G, par une forte croissance des télécommunications de données par la voie mobile, estime le FNI. Afin de faciliter la réalisation de l'opération, OTA apportera ses activités à Optimum Telecom Algérie SPA, filiale entièrement détenue par OTA, ajoute la même source, assurant que «cette réorganisation interne de la structure de Djezzy n'aura aucun impact sur ses conditions d'exploitation et n'affectera pas les conditions d'emploi de son personnel». Le partenariat ainsi institué entre le FNI et le groupe VimpelCom sera régi par un pacte d'actionnaires qui décrit la structure de gouvernance d'OTA et Optimum et encadre le sort futur des participations de chacun, ajoute le FNI. Ce pacte d'actionnaires, précise-t-on, comporte aussi des clauses relatives à la composition, aux modalités de désignation et de révocation et aux pouvoirs des organes de direction et de surveillance des sociétés. Il permet à VimpelCom de conserver le contrôle managérial et opérationnel d'OTA mais confère au FNI des droits de veto sur les grandes décisions stratégiques. La réalisation définitive de l'acquisition devrait intervenir avant la fin de l'année 2014 car elle est soumise à certaines conditions suspensives, dont l'obtention d'autorisations réglementaires. «L'acquisition d'une participation de 51% dans OTA s'inscrit parfaitement dans la mission confiée par les pouvoirs publics au FNI de participer au développement économique de l'Algérie et dans notre plan stratégique», a indiqué M. Ahcene Haddad, PDG du FNI, cité par le communiqué. Pour M. Haddad, cet investissement traduit la volonté du Fonds «de participer à la croissance d'une entreprise de haute technologie». «La qualité de Djezzy répond entièrement aux critères que nous nous sommes fixés dans notre politique d'investissement: une société à forte valeur ajoutée, profitable et présente dans un secteur clef du développement d'une économie moderne», a-t-il souligné. «Nous sommes très fiers d'investir aux côtés du groupe Vimpelcom et de poursuivre avec lui le projet de croissance et de développement d'OTA» a poursuivi le premier responsable du FNI. Fin d'un long processus de négociations L'acquisition par l'Algérie de 51% du capital d'OTA vient conclure un long et complexe processus de négociations et de consultations avec la société russe VimpelCom ainsi qu'avec des cabinets internationaux de conseil. Le FNI a annoncé avoir signé le contrat d'achat d'actions pour l'acquisition de 51% d'OTA pour un montant de 2,6 milliards de dollars. L'accord d'hier intervient donc «au terme d'un processus long et complexe ayant mobilisé, depuis de nombreux mois, plusieurs cabinets conseils, notamment Shearman & Sterling LLP. Il s'agit du deuxième accord entre les autorités algériennes et VimpelCom, propriétaire d'Orascom Telecom Holding (OTH) actionnaire majoritaire d'OTA, après celui conclu en janvier 2012 et dans lequel la firme russe avait accepté de céder à l'Etat algérien la majorité du capital de l'opérateur téléphonique Djezzy. En vertu du protocole d'accord de 2012, les deux parties avaient aussi confirmé leurs intentions de poursuivre les discussions en vue d'examiner les modalités d'une éventuelle cession à l'Etat algérien, par OTH d'une participation majoritaire dans le capital de sa filiale OTA, faut-il rappeler. Le processus d'évaluation du premier opérateur de téléphonie mobile en Algérie en termes de nombre d'abonnés a été ensuite lancé et la filiale française du cabinet Shearman & Sterling LLP s'est vue confier par les autorités algériennes cette mission d'évaluation. Mais, en vertu de la clause de confidentialité, aucune annonce sur la valeur de Djezzy n'a été faite auparavant par les deux parties bien que l'ancien propriétaire de Djezzy avait fixé sa valeur à 7,8 milliards de dollars. L'affaire Djezzy a, entre temps, a été porté dans les tribunaux lorsque OTA fut accusé d'avoir commis de 2007 à 2009 des infractions d'une valeur de 189 millions de dollars lors du transfert de capitaux vers l'étranger. Le tribunal de première instance de Sidi M'Hamed avait condamné en mars 2012 OTA, personne morale à une amende de 93 milliards de DA et Tamer Mokhtar Mahdi, son directeur général, à deux (2) ans de prison ferme et à une amende de 6 milliards de DA. Citybank où l'opérateur Orascom Télécom était domicilié a été acquittée. La Banque d'Algérie avait découvert que des infractions avaient été commises par Djezzy lors du transfert de capitaux vers l'étranger au niveau de Citybank. Vimpelcom avait racheté en mars 2011 le groupe italien Wind Telecom qui détenait 51% d'OTH, propriétaire majoritaire d'OTA. L'ancien propriétaire de Djezzy, le groupe OTH de Naguib Sawiris-fils, avait fixé sa valeur à 7,8 milliards de dollars lorsqu'il avait tenté de négocier avec le groupe de téléphonie sud-africain (MTN) la vente de Djezzy. L'Algérie avait alors immédiatement fait prévaloir son droit de préemption et entamé par la suite des négociations pour le rachat de Djezzy, qui comptait 17.574.249 abonnés en 2013. Malgré le conflit, Djezzy est resté le numéro un du marché. Fin 2013, l'opérateur comptait 17,6 millions de clients, pour une part de marché de 52,6%. Cet établissement a contribué au financement de plusieurs projets d'investissements publics ou en partenariat notamment celui de l'usine Renault d'Oran, du complexe sidérurgique de Bellara (Jijel) et d'une cimenterie à Relizane. Rachida T.