Depuis les trois dernières années, une véritable révolution sur le marché mondial du gaz est entrain de se jouer sous nos yeux, introduite principalement par la technologie (1) développée par les USA en matière d'extraction des gaz dits non conventionnels (shales gas), contenus notamment dans les gisements de gaz de schistes, qui ont permis de réduire considérablement les coûts de production et d'augmenter la productivité par puits. Or, les perspectives mondiales, en matière énergétique, selon l'AIE et à l'intérieur de son scénario de référence, il est clairement affirmé que quels que soient les profils des politiques publiques mises en œuvre par les pays, le gaz naturel devra jouer un rôle clé dans le bilan énergétique mondiale et la consommation (2). En effet, la demande mondiale de gaz va passer de 3.000 Milliards de m3 en 2007 à 4.300 Milliards de m3 en 2030, soit un taux de croissance moyen annuel, durant la période, de 1,5%, avec une caractéristique fondamentale, à savoir que le secteur de l'électricité demeurera le moteur principal de la demande de gaz dans toutes les régions. Cette tendance est construite sur la base d'une estimation des réserves prouvées (3), en fin 2008, de plus de 180.000 Gm3, soit à quelques 60 ans de production actuelle, réparties sur trois pays seulement (La Russie, l'Iran et le Qatar). Or, les gaz non conventionnels représentent 45% de ce total et notamment le gaz de schistes et l'on estime que la production mondiale de gaz non conventionnel, va passer de 367 Gm3 en 2007, à 629 Gm3 en 2030. Les USA sont passés, en l'espace d'une année, à la première place des pays producteurs de gaz avec une production de quelques 630 Milliards de m3, devançant la Russie qui a produit 590 Milliards de m3 en 2009. S'agissant du plus grand pays consommateur de gaz, il est très significatif de signaler que cette consommation est quasiment exclusivement produite en Amérique du nord (USA et Canada) et plus de la moitié de cette dernière provient de gaz non conventionnel, soit moins de 260 Milliards de m3, en 2007, l'importation de GNL ne représentant que 1% de la consommation domestique. Tous ces éléments conjugués, vont avoir un effet direct sur le niveau des prix moyens qui ont chutés de 9 $ / MBTU en 2008, à 3/4 $ / MBTU en septembre 2009, ce qui va entraîner une diminution de la demande en GNL à court et moyen terme. Peut-on affirmer, dès lors qu'une surabondance de gaz va marquer la prochaine décennie ? Il y a un réel danger si une concurrence débridée voit le jour entre exportateurs par gazoduc et ceux sous la forme de GNL. En effet, le marché spot pourra être utilisé pour prendre des parts importantes du marché gazier, par prix cassés interposés, en dehors contrats à long terme et en la forme de GNL. A l'évidence, les clauses contractuelles des contrats (4) à long terme protègent un peu de ce danger, en déplaçant le problème sur le terrain juridique sans apporter de solutions durables pour toutes les parties et ne nous prémunissent pas de déstabilisations puissantes que pourra subir le marché et de leurs conséquences directes sur le niveau actuel et futur des prix. Le principe même de l'indexation des prix du gaz sur celui de pétrole qui prévaut sur le marché européen pourrait volet en éclat sous les coups de boutoirs du marché spot du GNL.. Cette tendance pessimiste doit cependant être atténuée par la vigueur économique des pays asiatiques (L'Inde, la Chine et les pays de l'ASEAN) et en conséquence leurs besoins en énergie doublée de la nouvelle donne écologique mondiale et le problème du réchauffement de la planète. Cependant, il faut être très clair à cet endroit, soit les pays membre du FPEG se mettre d'accord pour mettre en œuvre une stratégie commune pour faire face aux déséquilibres annoncés et prévisibles soit les solutions à prendre se feront à leurs détriments et à ceux de leur population. Ce période troublée vaut test de crédibilité et indiquera les tendances et évolutions à venir. (1)il s'agit essentiellement des techniques du forage horizontal associé à la fracturation hydraulique (2) Voir le rapport de World energy Outlook 2009. (3) Des estimations relatives aux des réserves gazières récupérables et exploitables, à long terme, affichent un niveau mondial de 850.000 Gm3. (4) parmi ces clauses contractuelles celle dite du «take or pay».