Avant juillet 1962, la France coloniale soutenait et affirmait à tout vent, particulièrement aux Nations-Unies, que la Méditerranée traversait la France comme la Seine traverse Paris. Aujourd'hui, plus que jamais auparavant, l'Afrique considère et veut que la Méditerranée soit un lac de Paix. D'où le caractère particulier de cette rencontre sur la rive nord de la Méditerranée. À Nice, double caractère particulier parce que la tenue de ce sommet a été marquée dans une autre mer transformée en un champ de bataille par Israël. D'emblée de jeu à Nice, au sommet « Françafrique », c'est toute la représentation africaine aux grandes instances internationales qui a été à l'ordre du jour en prélude du sommet des chefs d'État dont le président Bouteflika et de gouvernement. De l'avis même de plusieurs diplomates, la discussion a été «houleuse», parfois «très dure», alors que de son côté Bernard Kouchner déclarait que « ce fut un débat vivant, assez long, animé . Il est évident que les positions de l'Union africaine (UA) devaient être respectées, même si on tentait de faire évoluer les choses, comme une preuve de réalisme», a déclaré M. Kouchner. À titre d'exemple, l'Afrique qui représente les 27% des États membres des Nations-Unies ne dispose à l'heure actuelle que de trois sièges de membres non permanents au Conseil de sécurité. Une véritable mascarade pour opiacer les peuples. Déjà en 2005, l'Afrique avait adopté une position unique pour réclamer deux sièges permanents avec droit de veto et au moins deux sièges non permanents supplémentaires. Concernant particulièrement notre pays, il faut là aussi préciser de prime abord que le déplacement de Abdelaziz Bouteflika à Nice aura sûrement des conséquences sur les relations algéro-françaises et surtout rouvrir le dialogue entre les deux États après un blocage enveloppé par des provocations et des déclarations à distance. C'est le moment probablement aux deux chefs d'État de désamorcer la crise par un dialogue direct et franc sans intermédiaires. Ainsi, il était attendu que des entretiens entre le Président Bouteflika et le Président Sarkozy aient lieu à Nice en marge du Sommet Afrique- France. À rappeler que la dernière rencontre entre les deux hommes remonte à juillet 2008 lors du sommet du G8 au Japon. Après toutes les tentatives de Paris de renouer le dialogue entre l'Algérie à travers notamment différents émissaires envoyés par le président français Nicolas Sarkozy, à commencer par le représentant de l'Elysée sans qu'il y ait des échos d'Alger qui a transmis sa position et attend la réponse de Paris sur plusieurs questions. Ainsi, le Président Bouteflika a choisi de se déplacer lui- même à ce rendez-vous , ce qui ne peut être interprété selon certains observateurs que par le fait qu'il y a une volonté de dépasser «le blocage» actuel sans qu'il y ait de concessions. Il faut dire que les dossiers qui enveniment les relations entre Alger et Paris ne manquent pas, à commencer par l'héritage historique lourd dont les conséquences n'en finissent pas et les provocations de Paris sur ce point ne s'arrêtent pas. Mais, le plus gros travail de ce sommet de Nice restent la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU dans l'intérêt de l'Afrique et une meilleure association du continent aux travaux du G8 et du G20. Ainsi, les pays africains participants à ce Sommet auront l'occasion de plaider leur cause auprès de la France et des autres membres de l'Union européenne (UE) pour faire entendre leur voix.