L'augmentation des procédures de saisie aux Etats-Unis, consécutiveà la crise immobilière, a attiré une nuée d'escrocs qui tentent, par tous les moyens, d'extorquer aux emprunteurs en détresse leur bien immobilier, ou quelques centaines de dollars au passage. "Vous avez aujourd'hui beaucoup de gens désespérés, qui vont faire des victimes idéales", résume Amy Mix, avocate de la puissante association des retraités américains (AARP), qui a défendu plusieurs victimes d'arnaques liées aux saisies. Près de 1,3 million de logements aux Etats-Unis ont fait l'objet d'une procédure de saisie immobilière en 2007, selon le cabinet spécialisé RealtyTrac. Au premier trimestre 2008, le nombre de logements touchés était en augmentation de 112% sur un an. Des dizaines de sociétés surfent sur ce raz-de-marée, offrant des solutions aux emprunteurs sous le coup d'une saisie. Quelques mots-clefs sur un moteur de recherche et une légion de candidats se présente. Mais elle comprend des cabinets véreux qui, au même titre que certains agents immobiliers voire de simples particuliers, trouvent leur cible en épluchant les publications des greffes et les avis publiés dans la presse. Les établissements prêteurs sont, en effet, contraints par la loi de rendre publique la procédure de saisie par ces deux moyens. "Certains font littéralement du porte à porte dans certains quartiers, se faisant parfois passer pour des ecclésiastiques, cherchant tous les moyens pour entrer chez les gens", explique Mme Mix. Une fois le contact établi, les offres prennent principalement deux formes. La première, rudimentaire, consiste à promettre assistance en échange d'un versement initial de quelques centaines de dollars, puis d'éviter ensuite tout contact avec l'emprunteur jusqu'à la saisie effective. La deuxième, de loin la plus répandue, revient à convaincre l'emprunteur en défaut de paiement de transférer le titre de propriété du bien en échange de la prétendue mise en place d'un système de leasing, qui lui permet théoriquement de rester dans les lieux et de racheter le bien ultérieurement. Dans les faits, l'indélicat ne règle pas les arriérés de paiement de l'emprunteur pas plus qu'il n'honore les échéances courantes du prêt. En revanche, alors que l'emprunteur lui verse des mensualités au titre de son aide, le falsificateur contracte un emprunt gagé sur le titre de propriété ou vend purement et simplement le bien. Près de 60.000 foyers, déjà en situation difficile, pourraient être touchés par ces malversations cette année aux Etats-Unis, selon des chiffres publiés par le Sénat américain. Lors d'auditions devant la commission du Sénat sur la vieillesse, une avocate de Milwaukee (nord), Catherine Doyle, a fait état de plusieurs cas d'école, notamment celui d'un couple acculé par d'importantes dépenses de santé, le mari étant malade et en phase terminale. Menacé de saisie, le couple a accepté de déménager dans un appartement, convaincu par une femme se présentant comme consultante qui devait procéder à la vente du bien et leur restituer 20.000 dollars. Si la manipulatrice a bien vendu la maison, le couple n'a rien touché et le mari est décédé peu après. "Nous observons une augmentation du nombre d'appels à ce sujet", reconnaît Bryan Hubbard, de l'autorité américaine de régulation des banques OCC, qui a récemment lancé une grande campagne d'information comprenant des spots massivement diffusés à la télévision. L'ampleur du phénomène pourrait même être masquée temporairement par un effet retard. "Cela prend du temps aux gens de prendre contact avec un avocat. Le temps qu'ils réalisent ce qui leur arrive, il s'écoule probablement un an, voire plus", décrit Mme Mix.