Le gouvernement israélien a approuvé à une forte majorité hier un accord avec le Hezbollah pour un échange de prisonniers. Le mouvement libanais doit restituer les corps de deux soldats israéliens enlevés en 2006 en échange d'un militant détenu en Israël depuis près de 30 ans. Le Premier ministre israélien Ehoud Olmert avait auparavant annoncé pour la première fois le décès des deux soldats, Ehoud Goldwasser et Eldad Regev, dont l'enlèvement lors d'un raid transfrontalier en juillet 2006 avait déclenché une guerre d'un mois au Liban. Le Hezbollah n'a jamais fourni de preuves de vie des deux militaires et la Croix-Rouge n'a pas été autorisée à leur rendre visite. Dimanche, M. Olmert a déclaré que les autorités israéliennes ont conclu à leur décès, au cours de l'opération commando perpétrée par des islamistes liés au Hamas ou peu après. "Nous savons ce qui leur est arrivé. D'après ce que nous savons, les soldats Regev et Goldwasser ne sont pas en vie", a-t-il expliqué aux membres du gouvernement, selon les propos rapportés par ses services. En contrepartie du corps des deux soldats, Israël doit libérer un militant libanais, Samir Kantar, condamné à plusieurs peines de réclusion à perpétuité pour le meurtre d'un père, de sa fille de quatre ans et de deux policiers lors d'une infiltration en 1979 dans une ville du nord d'Israël. Le gouvernement a débattu pendant près de six heures avant d'avaliser par 22 voix contre trois l'accord avec le Hezbollah, qui doit encore donner son feu vert. Les chefs du Mossad et du Shin Bet, les services de renseignement israéliens, se sont opposés à l'échange approuvé au contraire par le chef d'état-major de l'armée, ont expliqué des responsables du gouvernement. Aux termes de l'échange négocié avec la médiation de l'Allemagne, Israël recevra en outre des informations sur le sort de l'aviateur Ron Arad porté disparu depuis le crash de son avion au Liban en 1986, tandis que quatre militants du Hezbollah et un nombre non précisé de prisonniers palestiniens doivent être remis en liberté. Selon la presse israélienne, les dépouilles des soldats Regev et Goldwasser doivent être envoyées en Allemagne et identifiées par des légistes israéliens avant la remise en liberté de Samir Kantar. Le processus d'identification puis l'échange doivent s'étaler sur environ deux semaines. Cet accord avec le Hezbollah a suscité un vif débat en Israël. L'opinion est partagée entre la doctrine de Tsahal consistant à tout mettre en oeuvre pour récupérer un soldat tombé sur le champ de bataille ou aux mains de l'ennemi, et l'énorme concession que représente la libération d'un terroriste condamné. Smadar Haran Kaiser, dont la famille a été décimée par Samir Kantar, s'est déclarée bouleversée par la décision du gouvernement israélien, qu'elle dit cependant comprendre. "Ce misérable assassin Kantar n'a jamais été mon prisonnier personnel, mais celui de l'Etat", a-t-elle expliqué au cours d'une conférence de presse.