Les Emirats arabes unis font preuve d'un certain regain d'intérêt pour l'Algérie depuis quelques années. Une tendance qui s'est vue renforcée par la 6e session de la commission mixte algéro-émiratie, qui a permis d'intensifier le volume des investissements à destination de l'Algérie. C'est ce qui ressort du dernier rapport du cabinet de consulting britannique Oxford Business Group. Celui-ci met en exergue le fait qu'à l'issue de la visite du ministre émirati de l'Economie, Soltan El-Mansour et d'une délégation d'investisseurs émiratis à Alger, le 24 juin dernier, il a été décidé d'augmenter le volume des investissements émiratis en Algérie pour la période de 2006 à 2010. "Les investissements émiratis en Algérie devront dépasser les 50 milliards de dollars, en prenant en compte la valeur des projets d'investissement des deux dernières années et des trois prochaines années. Ces projets concernent plusieurs secteurs tels que ceux de l'industrie, les services, l'énergie, l'immobilier et l'agriculture", a indiqué le ministre Soltan El-Mansour lors de la conférence de presse ayant suivi la session. Jusqu'à présent, les principaux projets d'investissements émiratis ont été réalisés dans les secteurs de la construction et de l'immobilier. Par exemple, le groupe EIIC (Emirates International Investment Company) a débuté cette année le lancement du projet "Parc Dounya", pour un montant de 5.2 milliards de dollars. "Les besoins en espaces verts sont énormes à Alger et il s'agissait de trouver le bon projet pour répondre aux attentes des autorités et des citoyens. D'une superficie de 670 ha, le Parc Dounya sera un des plus grands parcs urbains au monde", a dit Malik Si Hassen, DG d'EIIC en Algérie, à OBG. Au terme des cinq années d'aménagement, 75% du terrain seront remis aux autorités publiques sous forme de " parc public ", tandis que les 25% restants seront consacrés au développement privé d'aménagements commerciaux et professionnels. Toutefois, le groupe EIIC entend diversifier ses investissements en Algérie, notamment dans les domaines de la câblerie électrique, de l'industrie lourde et de l'agriculture. Un projet de ferme laitière constituant un cheptel de 10 000 vaches laitières est actuellement en cours de concrétisation et deviendra l'unité d'élevage la plus importante en Afrique. D'autres groupes Émiratis, comme Emiral et Al Qudra, ont jugé bon de s'installer en Algérie pour y réaliser divers types d'investissements, notamment au niveau touristique. À titre indicatif, le complexe de Sidi Fredj réalisé par Al Qudra, verra le jour en juillet 2010 et mobilise 250 millions de dollars pour la réalisation d'un complexe hôtelier, résidentiel et commercial de haut standing sur la côte méditerranéenne. "L'Algérie est extrêmement attractive pour les investisseurs émiratis et devient une priorité stratégique pour notre groupe. Nous planifions par la suite de réaliser des complexes touristiques et commerciaux similaires dans les wilayas d'Oran et de Mostaganem", a déclaré Firas Al Sayegh, directeur des projets internationaux d'Al Qudra holding, à OBG. Parmi les groupes émiratis qui ont annoncé des investissements en Algérie pour l'année 2008 figurent trois projets du groupe Emaar. Il s'agit de la nouvelle ville de Sidi Abdellah qui vise la création d'un pôle du savoir et des technologies en banlieue d'Alger; la cité de la santé à Staouéli et de l'aménagement de la corniche Colonel Abbès. Ces projets n'ont toutefois pas encore démarré. L'ambitieux projet de réaménagement de la baie d'Alger, toujours sous l'égide d'Emaar, demeure quant à lui au stade de négociation et de discussions avec les autorités algériennes. Par ailleurs, et selon les autorités émiraties, le problème du règlement du foncier ralentit les projets d'investissements en Algérie. "Le groupe Emaar examine actuellement avec les autorités les moyens de lever les obstacles qui entravent la mise en œuvre de leurs projets en Algérie", a affirmé le ministre des Finances, Karim Djoudi. " Il nous appartient d'identifier les contraintes avant d'agir ", a-t-il ajouté. Bien que les investisseurs émiratis se plaignent notamment des lourdeurs bureaucratiques qu'ils rencontrent en Algérie, ils continuent de vouloir investir dans de nouvelles branches d'activités. Après le tourisme et l'immobilier, l'industrie devient un secteur porteur, notamment suite à l'annonce du consortium Dubal-Mubadala, connu sous le nom d'Emal International, de réaliser un complexe d'aluminium de 7,5 milliards de dollars qui produira d'ici 2013, 750 000 tonnes d'aluminium par an. "Le projet Aluminium de Aïn Témouchent deviendra potentiellement le plus grand projet d'investissement direct étranger dans l'histoire de l'Algérie", a déclaré à OBG Guy de Grandpré, directeur d'Emal International Algérie. "Cependant, il ne sera pas uniquement jugé sur son apport économique mais également sur son impact sur la qualité de vie et sur l'environnement local. L'intérêt particulier de ce projet pour l'Algérie est de développer une industrie moderne d'aluminium qui créera 2 500 emplois directs et 7 500 emplois indirects stables et à long terme dans la wilaya de Aïn Témouchent" a t-il précisé.Bien que les échanges commerciaux entre l'Algérie et les Émirats aient atteint 444 millions de dollars en 2007, faisant des Emirats arabes unis le 4e plus important investisseur en Algérie, ils restent en-deçà des attentes des Emirats. En effet, la délégation émiratie a déploré le manque de visibilité et de pragmatisme des autorités algériennes et juge que le climat des affaires en Algérie pourrait être encore plus attractif pour les investisseurs. M. Djoudi, a, quant à lui, appelé les investisseurs émiratis à tenir leurs promesses d'investissements en Algérie. Il a par ailleurs salué la décision que la dette algérienne contractée auprès des Emirats arabes unis, estimée à 333 milliards de dollars, sera convertie en forme d'investissements directs et que les Émirats examinaient actuellement la possibilité de créer un fonds d'investissement en Algérie, la création de fermes-pilotes et la réalisation d'investissements portuaires.