Nécessité alimentaire comme source de protéines d'appoint ou simple distraction, la pêche continentale fait de plus en plus d'adeptes à M'sila et ses plans d'eau ne désemplissent plus. Des férus de la ligne n'hésitent pas à parcourir des kilomètres pour retrouver leur zone préférée de pêche dans l'un des cours d'eau de la région, alors que certains autres jettent leur dévolu sur le barrage de K'sob tout proche laissant à d'autres encore le loisir de faire le long déplacement jusqu'au barrage de Ain Zada situé entre les wilayas de Sétif et de Bordj Bou Arreridj. Il va sans dire que cette activité développe avec le temps chez ses habitués une sorte d'accoutumance au point, affirment-ils, qu'il ne peuvent plus y renoncer et la distance à parcourir à pied, à vélo ou en voiture compte alors bien peu. Nombreux sont ceux qui pêchent toutefois dans des plans d'eau proches de leur site de résidence. Ceux-là connaissent bien les lieux les plus poissonneux, se montrent particulièrement habiles dans le maniement de la canne à pêche et pêchent beaucoup à plusieurs moments de la journée. D'autres n'ayant pas cet avantage, enfourchent un vélo ou un motocycle pour aller au barrage de K'sob, s'ils habitent le chef-lieu de wilaya, ou bien l'oued Lehm pour les résidents de certaines communes comme Khtouti Sed El Jir, Maârif ou Banyou. Les plus nantis sortent leurs véhicules particuliers pour se rendre plus à l'Est au barrage de Ain Zada pour pêcher notamment la carpe chinoise. Au fil du temps, tout ce beau monde a développé, à l'évidence, un savoir-faire propre, connaît les meilleures zones de pêche en amont ou en aval des cours et sait s'y prendre pour ratisser une zone bien délimitée. Les pêcheurs de la carpe, espèce non introduite dans les plans d'eau de M'sila, le font en dehors de la wilaya comme au barrage Ain Zada. Ils soutiennent notamment que ce poisson s'y trouve à profusion et reste facile à attraper. En plus, le temps mis à attraper plusieurs carpes serait moins long que celui nécessaire pour la prise d'un saumon, un exercice exigeant plus d'application et surtout beaucoup plus de patience. Pour ces mêmes pêcheurs, il n'est pas toutefois donné à tout un chacun de maîtriser le bon usage, en cuisine, des poissons dulcicoles, objet d'aversion générale chez les M'silis en raison de leur odeur presque fétide. Pour se débarrasser de cette mauvaise senteur, les connaisseurs affirment qu'il n'y a pas mieux que de tremper la prise dans du vinaigre ou la recouvrir de sel pendant toute une journée avant de la nettoyer. Ces deux procédés élimineraient presque totalement toute odeur désagréable. Un autre procédé, non moins efficace semble-t-il, consiste à placer le poisson dans un congélateur et de l'y laisser pendant plusieurs semaines. Décongelé, le poisson est ensuite grillé sur de la braise dont la qualité de cuisson serait bien meilleure que sur une gazière. La patience est la meilleure arme des pêcheurs qui peuvent "poireauter" pendant plusieurs heures, canne à pêche entre les mains et les yeux rivés sur le bout de la ligne avec toujours l'espoir de décrocher la grosse prise. Lorsque la prise est trop jeune, elle est immédiatement remise à l'eau, affirment les plus anciens pêcheurs locaux, un tantinet écolos, tout en signalant que comparativement aux années 1970 et 1980, les moyens de pêche ont évolué considérablement donnant naissance à toutes sortes de cannes, de fils et d'hameçons, jusque-là inaccessibles, ce qui a considérablement facilité l'exercice de cette activité. Pour "tuer le temps", certains pêchent à deux. La compagnie leur permet d'oublier un tant soi peu le temps qui semble ici interminable. les pêcheurs solitaires se munissent, eux, de "baladeurs" à musique afin de casser la monotonie sans risquer de troubler le silence des lieux de pêche, indispensable si on ne veut pas faire fuir le poisson. La pratique de la pêche continentale à M'sila, bien qu'assez réduite et son fruit limité aux usages particuliers, ne date pas d'hier, puisque, comme en témoignent les plus anciens des pêcheurs, qui se souviennent des temps bénis et pas très lointains où Oued Lehem et K'Sob grouillaient littéralement de poissons.