Produits alimentaires étalés à l'air libre, casiers de poisson côtoyant des eaux usées, utilisation du papier journal pour envelopper des fruits... En dépit des rappels à l'ordre par les services du commerce et des prix, les règles élémentaires en matière d'hygiène restent encore peu observées à Jijel. Que ce soit durant le mois de ramadhan ou pendant les autres saisons de l'année, des commerçants sans scrupule se livrent à des pratiques malsaines condamnées aussi bien par la loi que par la morale. Dans le centre-ville de Jijel, plus exactement dans ce qui est encore appelé le "marché central", le poisson gît à même le sol dans des caisses en bois desquelles dégouline, sous un soleil à faire fondre le plomb, un liquide brunâtre qui empeste au fil des heures, la chaleur aidant. Dans cet endroit qui est pour le commun des Jijeliens, le nombril de l'antique "Igilgili", les marchands de poissons et les vendeurs de produits agricoles, agglutinés autour de vieilles constructions datant de l'époque coloniale, brillent par leur vieux réflexe. Celui d'exposer sur le trottoir des produits halieutiques sensés être mis en valeur dans un présentoir et dans des conditions d'hygiène et de salubrité exemplaires. La commune, consciente de cet état de fait, a réalisé, il y a quelques années, une poissonnerie moderne à proximité du boulevard Rouibah Hocine, mais qui demeure sous-utilisée jusque là. "Chassez le naturel, il revient au galop", ont dû se chuchoter à l'oreille les occupants des lieux après une présence "symbolique" de quelques jours avant de rejoindre leur lieu habituel. Cet établissement, pourtant doté de bassins et de robinets livrant de l'eau à toute heure, et dont la réhabilitation à coûté plusieurs dizaines de millions de dinars au trésor public, a été déserté au profit du marché central où les conditions de vente du poisson laissent beaucoup à désirer. Tous les alentours dégagent des odeurs nauséabondes émanant des tas d'ordures formés d'épluchures et autres morceaux de carcasses de bovins et ovins. Dans un autre marché de proximité situé au quartier populaire "Village Moussa", la situation bien qu'elle ait pris un autre aspect plus ou moins positif depuis que les autorités ont "délogé" les occupants, reste encore sujette à problèmes. Des commerçants, jeunes et moins jeunes, récalcitrants, continuent d'activer dans des conditions précaires d'hygiène et de salubrité : d'importantes quantités de produits alimentaires (agricoles, casiers de poissons, pâtisseries orientales) cohabitent avec des immondices et une benne géante dégageant des odeurs pestilentielles. Le marché mitoyen, aménagé hâtivement, ressemble à s'y méprendre à un capharnaüm de par la configuration des étalages exposés dans une enceinte mitoyenne de la route nationale. Dans cette aire, l'hygiène est le grand absent et les sachets en plastique et autres déchets règnent en seigneur, au grand jour. Certes, la commune, avec ses moyens humains et matériels limités, tente de gros efforts en matière d'assainissement et de salubrité de la ville, mais le manque de civisme flagrant prend parfois le dessus et la cité se retrouve, de temps en temps, submergée dans des problèmes d'hygiène. Dans ce cadre, des poubelles "écolo " de couleur verte ont été distribuées, il y a quelques temps, au niveau de l'ensemble des quartiers et cités d'habitation. Ces dispositifs n'ont même pas eu droit à un minimum de "respect", se retrouvant dégradées, sans leurs roulettes et dans un état de puanteur inouïe. D'autres poubelles ont été purement et simplement dérobées pour atterrir dans des habitations qui se les sont appropriées! Dans un autre site qui fait office de marché hebdomadaire, situé sur le territoire de la commune de Kaous, le grand espace qui accueille chaque vendredi des marchands ambulants sur ce terrain vague termine sa journée par un spectacle des plus désolants et ahurissants. Des centaines, sinon des milliers de sachets en plastiques noirs, gris, blancs, papiers journaux, boîtes de cartons jonchent ce terrain vague.