Le phénomène de pillage du sable de mer s'est amplifié ces derniers jours sur certaines plages de Jijel au mépris de la réglementation qui interdit cette pratique préjudiciable à l'environnement en général et plus particulièrement au domaine maritime. Pas moins de 57 individus reconnus coupables de vol de sable de mer ont été arrêtés au cours du premier semestre de cette année par les éléments de la Gendarmerie nationale lors de patrouilles sur le terrain. La quantité saisie a été évaluée à 175,15 m3 de sable qui ont été confisqués et remis à des chantiers communaux. La charge de 2 tonnes de sable est vendue au prix de 3.500 DA.La Gendarmerie qui reconnaît par la voix d'un officier que ces arrestations sont des "mesures insuffisantes", déplore également "le silence complice des riverains". Pour l'heure, et malgré les arrestations opérées, des camions de différents tonnages, assistés de "dumpers" et de main-d'oeuvre largement disponible, conduits par des jeunes le plus souvent sans permis de conduire continuent, régulièrement, à se livrer au vol du sable des plages situées sur la côte Est de Jijel, notamment à Tassoust, à quelques encablures du chef-lieu de wilaya. Le mois de ramadhan semble avoir aussi été considéré comme un moment propice pour agresser le littoral à coups de pelleteuses. En principe, aucune extraction n'est permise mais des carrières clandestines ont "poussé" dans divers endroits des plages, décimant les dunes de sable et offrant un spectacle qu'un habitant de Tassoust juge "révoltant". Tous feux éteints, ces véhicules dont les plaques d'immatriculation sont illisibles sont de surcroît maculés de boue pour empêcher toute identification, chargés de sable à ras bord, sillonnent pistes, chemins, voire la route nationale sur laquelle s'effectue pourtant un trafic automobile remarquable, même de nuit. Des témoins oculaires ont raconté "l'art et la manière" de voler le sable en se servant d'engins motorisés qui empruntent tous les méandres de la plage, non sans l'inévitable ronron du matériel roulant pour commettre l'infraction. Selon un riverain, dont l'habitation est à un jet de pierre des "lieux du crime", les pilleurs choisissent de s'attaquer au sable entre 22 h et 5 heures du matin. La nuit est devenue le royaume de ces nouveaux "vampires" du sable qui sévissent dans des sites clandestins qu'ils ont habitude d'écumer. En outre, le téléphone portable concourt à coordonner les opérations de pillage "en toute sécurité".Selon les mêmes témoins, l'activité de pillage s'intensifie chaque soir à quelques mètres de la plage. Le mode opératoire ne change jamais : les camionneurs éteignent les feux de leurs engins avant d'accéder au site. Ils connaissent parfaitement le terrain sinueux qui mène jusqu'à la "carrière". Des clôtures et autres garde-fous installés pour barrer l'accès aux sites sont enlevés, volés et déplacés pour faciliter le passage et éviter aux camions de s'enliser dans le sable. Malgré les efforts des pouvoirs publics pour la protection du sable de mer, les pilleurs de ces richesses naturelles ne reculent devant rien pour dénaturer les belles plages et porter un coup sérieux à l'environnement, générant ainsi de grands et hideux cratères sur ces portions du littoral. "Une nouvelle stratégie de surveillance s'impose", a commenté un témoin pour dénoncer ce massacre qui pend de l'ampleur, notamment pendant la nuit, mais en attendant, la spéculation entretenue sur ce matériau de construction "noble" a aiguisé les appétits de nouveaux apprentis et autres candidats au pillage et à la spéculation, au grand dam des défenseurs de l'environnement. Selon des spécialistes, l'extraction incontrôlée et effrénée des sables de plage présente le plus souvent un "impact négatif" et des "risques éminents et immédiats" sur l'environnement avoisinant. Il s'agit notamment de la "rupture de l'équilibre dynamique des plages, susceptible de provoquer des érosions marines intenses, voire une disparition pure et simple de la plage toute entière", ont-ils prévenu.