Le village millénaire de Youkous, dans la wilaya de Tébessa, sera prochainement restauré à la faveur d'une étude lancée par la direction du tourisme. Le projet, mis en branle dans un souci de protéger le patrimoine architectural national tel que prôné par le ministère de la culture, impliquerait des investisseurs tant nationaux qu'étrangers. L'étude d'un montant de un million de DA, vise à rendre au site son visage d'antan en établissant un équilibre entre sa protection et sa mise en valeur, tant du point de vue paysager que fonctionnel. Cette valorisation, note-t-on, sera basée essentiellement sur la préservation du caractère écologique du site, la restauration des habitations traditionnelles, l'organisation de l'accueil du public dans des conditions optimales de confort et de sécurité, et la mise en place d'une politique de gestion qui garantisse, à long terme, la qualité du site et son caractère d'espace naturel remarquable. Situé dans la commune d'El-Hammamet, à une vingtaine de kilomètres au nord/ouest de Tébessa, le village de Youkous est connu par son histoire ancienne, ses sources d'eau minérale, son milieu naturel et ses maisons en pierres. Il s'est fortement dégradé depuis plusieurs années, faute d'entretien, regrette-t-on à la direction du tourisme. Le site s'étend sur une surface de 22 hectares et accueille les deux cités Ras-essour et El-medda, composant le village. Riche de sa forêt et traversé par l'oued Bou Akous, il est aussi réputé pour ses ruines, des bains témoignant d'une présence romaine remontant au 1er siècle après J-C, selon des historiens. A cette époque, Youkous ou "Aqua Sisarusse" (les bains, selon l'appellation romaine), constituait également une zone de transit militaire sur la grande voie stratégique entre Carthage et Lambèse (Tazoult-Batna), en passant par Théveste (Tébessa). Les conquérants musulmans se sont installés eux aussi, dans cette région aux ressources hydriques inépuisables et à la nature luxuriante, trouvant, selon ces historiens, un accueil favorable auprès des populations locales, qui ont épousé, sans coup férir, la nouvelle religion. L'administration française modifia substantiellement le style urbanistique de Youkous, en introduisant des plans en damier avec de larges boulevards. Selon les intervenants dans le secteur du tourisme, la région peut devenir un pole touristique générateur d'emplois. L'APC d'El-Hammamet table, de son côté aussi, sur l'investissement privé pour optimiser l'exploitation du site et en faire une destination prisée par les touristes nationaux et étrangers. Une soixantaine de sites d'intérêt archéologique et historique existent à travers la wilaya de Tébessa dont 10 sont classés patrimoine national. Les autres sites attendent la réalisation d'étude et de fouilles à même de déterminer leur importance historique et culturelle. Parmi ceux-ci, il est cité un des plus grands amphithéâtres romains en Afrique du nord, situé en plein coeur de la ville de Tébessa. Ce site de forme circulaire pourra être utile pour des galas et autres spectacles, une fois restauré. Il a été prévu, en outre, la réalisation prochainement d'un centre d'étude et d'orientation touristique, d'un plan durable déterminant l'ensemble des sites existants et d'une banque de données sur les biens culturels, dans le but de réhabiliter le tourisme culturel et naturel dans la wilaya. Le coût total des opérations retenues est évalué à 30 millions de DA. Youkous a été promu cette année, rappelle-t-on, au rang de zone d'expansion touristique (ZET), avec l'ancienne ville de Negrine et la forêt de Bekkaria. L'ancienne ville de Negrine à 150 Km au sud de Tébessa, bâtie en terre, a bénéficié, elle aussi, d'une opération similaire en vue de sa réhabilitation.