L'un des plus grands promoteurs immobiliers de Dubaï, Nakheel, qui construit trois îles artificielles symboles du spectaculaire développement de cette ville,a annoncé dimanche le licenciement de 15% de son personnel, preuve que cet émirat du Golfe dont la prospérité repose sur le tourisme et l'immobilier est lui aussi touché par la crise. Nakheel, qui vient d'annoncer un projet portant sur la construction d'une tour de plus de 1.000 mètres de haut, a précisé dans un communiqué avoir décidé de se séparer de 500 employés en raison de la crise qui frappe le secteur. Il s'agit du licenciement le plus massif aux Emirats arabes unis depuis le début de la crise financière mondiale cet automne. La firme, qui est contrôlée par le gouvernement de Dubaï, a expliqué avoir pris "une action responsable au regard des conditions actuelles du marché mondial". Le gouvernement de Dubaï a annoncé récemment la création d'une commission pour évaluer l'impact de la crise sur l'émirat et proposer les mesures nécessaires pour venir en aide à différents secteurs, notamment la banque et l'immobilier. L'émirat a également reconnu avoir massivement emprunté pour financer son développement, précisant récemment que sa dette publique atteignait 10 milliards de dollars et celle des firmes qu'il contrôle sept fois ce chiffre, soit une dette totale de 80 milliards de dollars. Nakheel avait déjà dû annoncer il y a quelques jours un ralentissement de ses activités, alors même que la construction de ses trois îles en forme de palmier, devenues un symbole du développement parfois extravagant de l'émirat, est loin d'être achevée. "Nous avons la responsabilité d'opérer des ajustements dans nos plans d'activités pour nous adapter à l'environnement créé par la crise", a souligné la firme, qualifiant ces licenciements de "regrettables". D'autres signes avaient déjà montré que Dubaï n'était pas à l'abri des effets de la crise. Début novembre, Damac Group, qui contrôle le plus gros promoteur immobilier à capitaux privés de la région, Damac Properties, avait ainsi annoncé 200 licenciements, soit 2,5% de son personnel. Mais la décision annoncée par Nakheel a une portée symbolique nettement plus forte en raison de l'identité de ce groupe. L'essor de Nakheel repose sur la construction d'ensembles résidentiels de luxe dont le succès a été favorisé par l'ouverture du marché immobilier aux étrangers il y a quelques années. Le 5 octobre, alors que le monde était frappé de plein fouet par la crise financière, Nakheel avait dévoilé un nouveau projet de 38 milliards de dollars, le "Nakheel Harbour and Tower", dont l'élément central doit être une tour de plus d'un kilomètre, ce qui en ferait la plus haute du monde. Le 20 novembre, la firme avait organisé une fête de 20 millions de dollars, avec à la clé un gigantesque feu d'artifice, pour marquer l'inauguration d'un hôtel de grand luxe, Atlantis, sur le¨Palm Jumeirah", l'une de ses trois îles artificielles. Malgré la crise mondiale, les promoteurs immobiliers de Dubaï se sont dits à plusieurs reprises optimistes. Mohammed Al-Abbar, patron de l'autre géant local de la construction contrôlé par l'émirat, Emaar, et chef du groupe de travail chargé d'évaluer l'impact de la crise sur Dubaï, a ainsi laissé entendre récemment que les grandes firmes immobilières de l'émirat limiteraient l'offre pour freiner la chute des cours. "Notre priorité est de gérer l'offre sur le marché immobilier de manière à assurer l'équilibre" avec la demande, avait-il dit. Mais cela n'a pas suffi à rassurer les investisseurs.Le marché financier de Dubaï n'a ainsi cessé d'accumuler les pertes ces dernières semaines, perdant 67% de sa valeur depuis le début de l'année, dans la foulée d'Emaar. Dubaï, l'une des sept composantes de la fédération des Emirats arabes unis, compte environ 1,5 million d'habitants, dont plus de 80% d'étrangers.