Les 150 pays membres de l'OMC sont engagés depuis 2001 dans le cycle de négociations de Doha, lancé dans la capitale du Qatar pour mettre la libéralisation des échanges au service du développement des pays pauvres. La négociation aurait déjà dû être conclue fin 2004, mais les pays riches rechignent à réduire leurs subventions agricoles qui sapent les prix mondiaux et pénalisent les paysans du Sud. Les Etats-Unis ont beau avoir présenté un nouveau projet de loi d'orientation agricole, pour l'Union européenne, il ne sera que de peu d'effet sur les subventions versées aux producteurs américains. Or, Bruxelles estime avoir fait sa part de concessions dans les négociations de l'OMC et attend plus de Washington. D'après le porte-parole de la commissaire à l'Agriculture, la réforme de la PAC ouvre la voie à une réduction de 70% des subventions côté européen. Bruxelles, qui négocie au nom des 27, a réaffirmé sa disposition à réduire de moitié ses droits de douane sur les produits agricoles, alors que la France s'oppose à une baisse de plus de 39%. "Si les conditions sont réunies, l'Union européenne est prête à jouer son rôle dans l'agriculture", a promis le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, qui a voulu dire que le cycle de Doha n'est pas mort. Lors des dernières négociations, les Etats-Unis avaient été montrés du doigt par leurs partenaires pour avoir refusé de réduire leurs subventions sans une ouverture accrue des autres pays à leurs produits. Les Etats-Unis sont, aujourd'hui, priés de faire des efforts. Le projet de loi américain suppose que les prix des produits agricoles de base resteront à leur niveau élevé et dans ce cas, le soutien sera moindre, estiment les spécialistes Mais si la tendance des prix changeait, les subventions perturbant les échanges augmenteraient de nouveau. Voilà qui risque de prolonger le gel des négociations de l'OMC sur la libéralisation du commerce mondial, suspendues depuis juillet 2006. Les pays membres de l'OMC ont décidé de relancer le processus et ont prévu de se rencontrer en mars -avril prochains. Mais, peu de chances en tout cas que les deux parties (USA et UE) arrivent à un compromis sur l'agriculture. Ça sera une enième tentative. Lancé en grande pompe en 2001 , le "cycle du développement" ou "cycle de Doha" est censé permettre aux pays les moins avancés (PMA) de mieux profiter des avantages du libéralisme économique. Ce lancement intervenait deux mois après le traumatisme des attentats du 11 septembre et deux ans après la précédente conférence de l'OMC à Seattle, où les antimondialistes, pas encore qualifiés d'altermondialistes, avaient déplacé l'attention des salles des négociations aux rues américaines. Le "cycle de Doha" devait prouver que l'OMC n'est pas seulement une enceinte destinée à permettre aux deux blocs majeurs du monde développé - Union européenne et États-Unis - de mieux accéder aux marchés du Sud. Pourtant, six ans après Doha, aucun compromis n'a été fait et les pays en développement continuent de subir les affres du libéralisme des pays riches.