Barack Obama a employé son premier voyage de président américain à l'étranger pour rassurer le voisin canadien quant à la solidité du commerce entre les deux pays, malgré des propos de campagne et des mesures récentes pouvant faire croire le contraire. Obama a aussi indiqué, lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre canadien Stephen Harper, qu'il se laissait jusqu'au sommet de l'Otan en avril pour accéder ou non à la demande de ses commandants en Afghanistan d'envoyer davantage de renforts après les 17.000 soldats déjà annoncés cette semaine. Les deux hommes ont par ailleurs annoncé le lancement d'un dialogue bilatéral sur les énergies propres. Crise économique, commerce, énergie, environnement et Afghanistan ont été les grands sujets de discussion à Ottawa où Obama est arrivé dans la neige pour un premier séjour à l'étranger de moins de sept heures. Le Canada est inquiet de la velléité exprimée pendant la campagne électorale de réexaminer le grand accord de libre-échange nord-américain (Alena) et, tout récemment, une clause contenue dans un vaste plan de relance affirmant la préférence commerciale américaine. "J'ai assuré au Premier ministre Harper que je veux accroître le commerce, pas le réduire", a-t-il dit. Selon lui, la cause "achetez américain" ne s'oppose pas à cela et est conforme aux obligations internationales des Etats-Unis. Quant à l'Alena, il s'est prononcé pour que les dispositions sur le droit du travail et le respect de l'environnement en fassent partie intégrante et n'en soient plus seulement des annexes. Mais il a souligné sa volonté d'agir en concertation avec les partenaires canadien et mexicain, d'une manière qui "ne trouble pas la relation commerciale extraordinairement importante" entre les Etats-Unis et le Canada. Il a aussi laissé entendre qu'avec la crise mondiale le moment n'était peut-être bien choisi pour ouvrir cette négociation: "L'heure réclame que nous fassions très attention à tout ce qui revient à un signal de protectionnisme". Obama était aussi venu parler d'Afghanistan, l'une de ses grandes priorités. Le Canada a décidé de retirer en 2011 ses quelque 2.700 soldats, alors que M. Obama attend au contraire plus de ses alliés pour mettre fin à la dégradation permanente de la situation. Il avait surtout l'intention de parler avec les Canadiens du réexamen qu'il a engagé de la stratégie afghane. Il a rappelé que l'objectif était d'achever ce réexamen d'ici au sommet de l'Otan début avril. Il a ainsi refusé de se prononcer sur l'éventualité de nouveaux renforts après ceux de cette semaine. Le baptême international de Obama, accueilli à sa descente d'avion par la gouverneure générale Michaëlle Jean, d'origine haïtienne, devait durer moins de sept heures. Mais la venue d'un président qui jouit d'environ 80% d'opinions favorables au Canada et a succédé au très impopulaire George W. Bush a provoqué une grande effervescence. R.I
