A la recherche de nouvelles économiques satisfaisantes dans un grand pays asiatique ? L'Indonésie a ce qu'il vous faut. La campagne pour les élections législatives nationales du 9 avril s'y est déroulée dans un climat serein. Il faut dire que la confiance des consommateurs dans l'économie du quatrième pays le plus peuplé au monde est à son plus haut niveau depuis plus d'un an. Le produit intérieur brut devrait augmenter de 4,8 % en 2009, selon une prévision de Bloomberg, un taux pour lequel seules la Chine et l'Inde peuvent rivaliser. Le mérite revient en grande partie à l'actuel président Susilo Bambang Yudhoyono, qui a encouragé les investissements étrangers et s'est attaqué à la corruption, la bête noire de l'Indonésie. Dans cette démocratie à l'Islam traditionnellement modéré, riche en ressources, c'est la consommation qui soutient l'économie, plutôt que les exportations. Or, ce modèle atteint peut-être ses limites. Car les exportations ont diminué d'un tiers en février et la relance budgétaire, qui avait créé un déficit contenu de 2,5 % du PIB, n'est pas assez vigoureuse pour maintenir le dynamisme de la consommation. D'ailleurs, après une chute de 7 % en un mois de la roupie indonésienne par rapport au dollar, la pression va se faire sentir pour utiliser une partie des 54 milliards de dollars (40,5 milliards d'euros) de réserves de change pour soutenir la monnaie nationale. La fuite des capitaux est aussi une préoccupation économique majeure. L'Indonésie a 36 milliards de dollars de dette extérieure venant à échéance en 2009, une sacrée somme comparée à la cagnotte des 54 milliards de dollars. Seule la Corée du Sud affiche un ratio aussi élevé - et les chiffres pour l'Indonésie ne couvrent pas les emprunts cachés des entreprises, ou encore les roupies (pour 10 milliards de dollars) que des investisseurs étrangers anxieux pourraient vouloir déverser sur le marché, selon les estimations du Credit Suisse. Au pire, on assisterait alors à une ruée sur la monnaie locale. Ce qui est toutefois peu probable si les prêteurs adoptent un raisonnement rationnel. Mais avec plus de la moitié des prêts dans la région provenant d'Europe, le scénario du comportement irrationnel reste plausible. Dans l'hypothèse d'une baisse de la disponibilité de l'investissement étranger, l'Indonésie aurait peut-être accès à 15 milliards de dollars de fonds étrangers, par des contrats d'échange de devises. Mais à part quelque 3 milliards de dollars, le reste de ces fonds nécessite une approbation du Fonds monétaire international (FMI).