La rive sud de la Méditerranée constitue une bouée de sauvetage pour les économies européennes dans le sillage du climat de crise qui affecte de plus en plus le monde. Le constat qui a été dressé il y a quelques semaines par des analystes de divers horizons vient d'être confirmé par une étude approfondie pilotée par un réseau spécialisé dans la coopération dans le Bassin méditerranéen, en l'occurrence Anima Investment Network. Rendue publique au mois de mars dernier et intitulée « les investissements directs étrangers dans la région méditerranéenne en 2008 », l'étude du réseau Anima revient avec force détail sur les défis qui guettent les pays du pourtour méditerranéen et les atouts qu'ils renferment en matière d'attractivité pour les IDE. Au chapitre réservé aux pays de provenance des IDE vers la rive sud de la Méditerranée, ce pont en tout cas les capitaux européens qui se distinguent ; le marché moyen-oriental est caractérisé, quant à lui, par une chute significative des IDE qui y sont destinés par rapport aux pays du Maghreb. Ce recul n'est pas resté sans explication, bien évidemment, puisque dans un chapitre intitulé « Maghreb : les coûts cachés du manque d'intégration économique », les experts d'Anima soulignent que «dans cette chute concomitante, le Maghreb s'en tire un peu moins mal que le Machrek en 2008 et attire 8 milliards d'euros contre 7,3 milliards d'euros pour le Machrek». Le même rapport souligne que «le Maghreb attire de nombreux projets, principalement européens, dans l'énergie (53 projets représentant 2,7 milliards d'euros), le BTP-tourisme (67 projets pesant 2,5 milliards d'euros) et la banque-assurance (23 projets pour 1,2 milliard d'euros). Les montants de ces IDE en 2008 sont en forte baisse (- 48,7% par rapport à 2007). Toutefois, les facteurs de blocage dans la sous-région du Maghreb sont loin d'être liés uniquement à la conjoncture mondiale actuelle, puisqu'aux yeux des experts d'Anima, les divergences ayant compromis l'édification de l'Union maghrébine sont pour beaucoup dans les contre-performances de cette région. «Alors que partout les frontières s'ouvrent et le commerce régional se développe, l'Afrique du Nord fait l'exception. Une situation dénoncée par le secrétaire général de l'UMA lui-même en janvier 2008 : chiffrant les échanges commerciaux intermaghrébins à 3,36% du volume global du commerce dans la zone, Habib Ben Yahia a invité à les comparer aux 21% de l'Asean (Asie), aux 19% du Mercosur et aux 10,7% de la CEDEAO. De son côté, la Banque mondiale estimait, en 2006, qu'une pleine intégration économique de la sous-région permettrait une hausse importante du PIB de chacun des pays, de 24%, 27% et 34% respectivement pour la Tunisie, le Maroc et l'Algérie entre 2005 et 2015». Cependant que, dans son ensemble, le Maghreb se distingue par un renforcement de ses infrastructures portuaires, en Algérie, est-il encore noté dans le même rapport, «il est difficile de dire qui de la crise ou des nouvelles réglementations affectant l'investissement direct étranger est à l'origine du recul des IDE européens en 2008, avec une proportion de -50% par rapport à l'année d'avant (2007), tant en montants annoncés qu'en nombre de projets». En revanche, Anima met en exergue la percée singulière que sont en train d'opérer les capitaux arabes sur le marché national au détriment des IDE en provenance de l'Union européenne. «Les investisseurs du Golfe continuent, néanmoins, d'avancer leurs pions dans la baie d'Alger». M. Amani