Les plus grands argentiers de la planète sont réunis, depuis hier, pour une rencontre de deux jours dans le cadre de la réunion de printemps de la BM et du FMI, dont les révisions n'annoncent rien de bon pour la sortie de la crise économique et financière. Depuis janvier dernier, le FMI a déjà procédé à trois révisions de ses pronostics sur la croissance économique mondiale attendue pour l'année en cours avec des prévisions de +0,5% faites au début de l'année pour remonter à une fourchette allant entre +0,5 % et 1% en mars dernier, avant de décroître à -1,3%. Pire encore, il avance même que les perspectives actuelles étant exceptionnellement incertaines, elles risquent encore d'être révisées à la baisse et que la récession mondiale sera probablement "d'une longueur et d'une gravité inhabituelles" et la "reprise terne" en dépit des dispositifs d'assainissement des secteurs financiers des pays industrialisés et de plans de relance à coups de plusieurs centaines de milliards de dollars. De son côté, le G7 estime que l'activité économique devrait entamer son redressement durant l'année 2009 et que les données récentes laissent penser que le rythme de contraction des économies de ces pays ralentit avec même des signes de stabilisation. Constituant le maillon faible dans cette crise, les pays en développement et, plus particulièrement, les pays pauvres souhaitent contraindre les pays industrialisés et le FMI à mettre la main à la poche pour les aider à atténuer les effets de la crise. Pour rappel, l'accord du G20 à Londres, qui s'était engagé à accroître les ressources mises à la disposition du FMI pour lui apporter 500 milliards de dollars dans le cadre des Nouveaux accords d'emprunt (NAE), devrait faciliter ces appuis financiers. Mais dans une rencontre informelle du G20, tenue vendredi à Washington, pour faire le point sur les mesures annoncées début avril dans la capitale britannique, des tiraillements entre les pays membres du G20 semblent se profiler sur la question. Certains ont annoncé leur engagement à augmenter le volume des accords de crédit alors que d'autres ont seulement exprimé leur intention d'examiner favorablement ces augmentations. Dans ce contexte, et pour les pays les plus pauvres, il est crucial que les donateurs accordent une aide supplémentaire afin de ne pas neutraliser les acquis dans la lutte contre la pauvreté et la stabilisation financière. C'est dans cette logique que Mme Oby Ezekwesili, vice-présidente de la Banque mondiale, a annoncé, en marge de cette réunion, que le financement du programme d'appui aux infrastructures mis en place par la Banque mondiale en faveur de l'Afrique va être porté de 600 millions à 3,6 milliards de dollars américains. Par ailleurs, le G24 a salué l'engagement pris par les dirigeants du G20 de prendre les mesures qui s'imposent pour stimuler la demande et restaurer la confiance dans le système financier et pour remédier aux profonds dysfonctionnements de la régulation des marchés financiers nationaux et internationaux. Pour le G24, le FMI doit renforcer sa fonction de surveillance en faisant preuve d'une plus grande impartialité et en exerçant une surveillance plus efficace sur les pays avancés ayant une importance systémique pour les flux de capitaux internationaux et les marchés financiers. Enfin, l'autre question de cette réunion de printemps des institutions de Bretton Woods est l'appel, auquel s'était joint également le G20 à Londres, pour que les dirigeants du FMI et de la Banque mondiale ainsi que leurs adjoints soient choisis sur la base d'un processus transparent, sans considération de nationalité, afin de mettre fin à l'accord implicite qui réserve le FMI aux Européens et la BM aux Américains. Z. M