Le président renversé du Honduras Manuel Zelaya est retourné samedi à la frontière hondurienne et a annoncé vouloir y camper, en dépit des protestations de certains chefs d'Etat étrangers, souhaitant éviter toute escalade avec le gouvernement intérimaire qui a pris le pouvoir à Tegucigalpa. Positionné dans une zone rurale de la frontière, en territoire nicaraguayen, il s'est immédiatement adressé avec un mégaphone à ses partisans, soit quelques centaines de personnes. Il les a appelés à rester le long de la frontière et à demandé à ce que sa famille, qu'il n'a plus vue depuis le coup d'Etat du 28 juin, soit autorisée à le rencontrer. "Nous allons tenir bon," a déclaré Manuel Zelaya. "Aujourd'hui, nous allons installer notre campement ici, avec de l'eau et de la nourriture. Nous allons rester ici cette après-midi, ce soir et demain matin". Il a précisé qu'il effectuerait la navette entre la frontière et la ville d'Ocotal, à environ 40km de là. Sa femme, Xiomara Castro, a expliqué sur CNN, par téléphone, avoir été bloquée à un barrage routier, sur l'autoroute conduisant à la frontière, ainsi que d'autres personnes. Dans l'après-midi de samedi, les tentes promises par le président déchu n'étaient pas encore montées et l'équipe de Manuel Zelaya a dû s'abriter sous les toits des magasins et des restaurants délabrés de la frontière, lorsqu'il s'est mis à pleuvoir des cordes. Des bus ont ensuite conduit ses supporters jusqu'à Ocotal, dans un gymnase, où ils pourront passer la nuit, avant de retourner à la frontière dimanche matin. De leur côté, les Honduriens tentaient de rejoindre la frontière nicaraguayenne, à travers la forêt et par petits groupes, pour mieux éviter les patrouilles de police, qui refusent de les laisser passer. Le professeur Dania Gomez Perez, 26 ans, a atteint la frontière vendredi, après avoir marché dans les montagnes toute la journée, le bus dans lequel il se trouvait, ayant été bloqué par la police. "Nous sommes prêts à risquer notre vie, parce que le peuple demande" le retour de Manuel Zelaya, a-t-il affirmé. Samedi, sur le site de l'actuel ministre hondurien de la Défense, on pouvait lire: "Nous soutenons une solution au problème auquel notre pays est confronté, au travers d'un processus de négociations dans le cadre de l'Accord de San Jose" Vendredi, Manuel Zelaya avait effectué quelques pas sur le sol de son pays, pendant une trentaine de minutes, avant de regagner le Nicaragua, pour éviter que ses partisans ne soient attaqués par la police, avait-il dit. Le corps d'un jeune homme a été retrouvé vendredi, à cinquante mètres de la zone où s'étaient rassemblés les manifestants, qui dénoncent les forces de sécurité. Le porte-parole de la police, Daniel Molina, a réfuté ces accusations. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a alors qualifié la tentative de Manuel Zelaya d'"imprudente", jugeant que cela n'aiderait pas à rétablir l'ordre démocratique et constitutionnel au Honduras. Manuel Zelaya a l'intention de se rendre à Washington mardi pour "poursuivre les discussions", a confirmé samedi le porte-parole du département d'Etat américain, Philip Crowley. Une délégation de parlementaires américains, emmenée par le républicain Connie Mack, de Floride, devait arriver samedi au Honduras, pour chercher une sortie de crise avec des représentants du gouvernement de facto, qu'elle doit rencontrer dès dimanche. Connie Mack fait partie de ceux qui pensent que ce qui s'est passé le 28 juin n'était pas un coup d'Etat mais une réaction légitime, par rapport à la tentative du président de changer la Constitution.