Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d'Université, Expert comptable, Expert International Ex-Directeur des Etudes Economiques et Premier Conseiller à la Cour des Comptes V- POUR UNE TRANSFORMATION CULTURELLE DES MENTALITES La prospérité ou le déclin des civilisations de l'Orient et de l'Occident avec ce brassage des cultures à travers le temps, ont montré qu'il ne s'agit pas de renier les traditions positives qui, moulées dans la trajectoire de la modernité, peuvent être facteurs de développement : l'expérience du Japon, de la Chine, de l'Inde et de bon nombre de pays émergents l'atteste, car un peuple sans sa culture est comme un peuple sans âme. Or, l'absence d'une élite organique agissante en Algérie capable d'élaborer des idées structurantes et peser par ses analyses sur les tendances et les choix majeurs qui fondent et marquent le lien social, se fait cruellement sentir. Ce vide culturel a des incidences sur la décrédibilisation de la politique, ce qui réduit l'influence de l'élite politique qui, avec la tendance actuelle de son discours, risque d'être disqualifiée. Et le vide, si vide il y a, risque alors en cas d'un désespoir majeur de nourrir les appétits dormants ou naissants de franges en gestation. La tendance laborieusement démocratique qui se dessine alors perdrait l'essentiel de ses acteurs car la société civile, avec les archaïsmes qui traversent bon nombre de ses segments, ne peut assurer à elle seule l'aboutissement du processus démocratique en cours dans notre pays. Mais au-dessus de tout, l'Algérie reste un pays dynamique, plein de vitalité, qui se cherche et cherche sa voie. Un processus de mutations internes est en train de se faire, par une certaine autonomie qui annonce de nouvelles mutations identitaires - pas celles qu'on croit, mais celles qu'on soupçonne le moins qui s'imposeront. Nous devons devenir des citoyens qui se respectent parce qu'ils se respectent d'abord entre eux d'où l'importance de la tolérance et de débats contradictoires productifs (une opposition féconde nécessaire à tout pouvoir qui a besoin de se corriger) qui seuls sont à même de dynamiser la société. Par ailleurs, les exigences d'un Etat fort de sa droiture et de son droit, si elles constituent un outil vital pour la cohésion nationale et le destin de la nation, ne doivent pas occulter les besoins d'autonomie de pouvoirs locaux qui doivent être restructurés en fonction de leur histoire anthropologique et non en fonction des nécessités électoralistes ou clientélistes. VI- POUR UNE GOUVERNANCE RENOVEE La moralisation de la société et donc en atténuant la corruption (il ne faut pas être utopique elle a toujours existé dans toutes les sociétés et les différents scandales financiers actuels avec la crise économique le montrent clairement) implique la refondation de l'Etat, pour ne pas dire sa fondation comme entité civile, passe nécessairement par une mutation profonde de la fonction sociale de la politique car démobilisant la société. Quand le Président Bouteflika pour l'Algérie évoque pour ceux qui veulent bien l'entendre, la fin de l'Etat de la mamelle, puis celle de la légitimité révolutionnaire, il signifie surtout que le pouvoir bienfaisant ou de bienfaisance inauguré comme contrat politique implicite par les tenants du socialisme de la mamelle afin de légitimer l'échange d'une partie de la rente contre la dépendance et la soumission politique et qui efface tout esprit de citoyenneté active, ce pouvoir doit céder la place à un pouvoir juste, justicier et de justice, sans cela, les grandes fractures sont à venir et la refondation de l'Etat actuellement en préparation ne dépasserait pas une vaine tentation de restauration d'un pouvoir, certes, nationaliste mais qui ne serait plus en mesure de réaliser les aspirations d'une Algérie arrimée à la modernité tout en préservant son authenticité. La refondation de l'Etat ne saurait se limiter à une réorganisation technique de l'autorité et des pouvoirs. Elle passe par une transparence totale et une clarté sans nuance dans la pratique politique et les hommes chargés par la Nation de la faire car la gouvernance est une question d'intelligence et de légitimité réelle et non fictive. Aussi, la refondation de l'Etat algérien, passe par un nouveau mode de gouvernance dont le fondement est la liberté, au sens large, pour une société participative et citoyenne tenant compte de notre anthropologie culturelle historiquement datée, comme en témoignent les différents cycles de civilisations depuis que le monde est monde. Toute cette présente analyse renvoie à une vision stratégique globale, l'histoire devant être intégrée (le devoir de mémoire) où le Politique, l'Economique, le Social et le Culturel sont inextricablement liés au sein d'un univers de plus en plus globalisé, où les grands espaces socioéconomiques dominent, basés sur la maîtrise des innovations technologiques (le savoir), la révolution dans le domaine de l'information, le contrôle des circuits commerciaux et financiers et en prenant en compte les effets de la crise mondiale actuelle qui devrait entraîner un bouleversement géostratégique et économique entre 2015/2020 Et avec cet aspect qui concerne notre problématique, la résolution du G20 dernièrement à Londres de lever le secret bancaire. Avec cette préoccupation majeure en ce XXIème siècle, le défi écologique qui nous impose un changement profond dans les deux prochaines décennies de notre mode de production et de consommation si l'on veut éviter un désastre planétaire qui touchera en premier lieu les pays les plus pauvres. AM FIN Docteur Abderrahmane MEBTOUL, Professeur d'Université Expert International Ex-Directeur des Etudes Economiques et Premier Conseiller à la Cour des Comptes Docteur d' Etat Es Sciences Economiques ( 1974) et diplômé de l'Institut Supérieur de Comptabilité et de gestion de Lille - Ex Directeur Central des Etudes Economiques et Premier Conseiller à la Cour des Comptes ( 1980/1983) Ex-Commissaire aux Comptes 1990/1995. Assure actuellement des cours de Doctorat en gestion à l'université d'Oran. Suite et fin.