La demande de pétrole dans les pays riches ne s'est guère améliorée, tandis que la timidité de la reprise mondiale pourrait inciter l'Opep à maintenir sa production au même niveau lors de sa prochaine réunion, déclare l'Agence internationale de l'énergie. Les stocks élevés de produits distillés des pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), soulignent la lenteur de la reprise, le diesel étant un indicateur clé de l'activité industrielle, souligne Nobuo Tanaka, directeur exécutif de l'AIE. "Nous sommes préoccupés par les prévisions très élevées concernant la reprise économique, alors qu'il est vrai qu'en Chine, en Inde, dans des pays de l'OCDE comme le Japon et en Europe, nous n'avons pas vu une importante reprise réelle de la demande de pétrole", a-t-il dit à Reuters en marge d'une conférence à Singapour sur l'énergie. En conséquence, selon le dirigeant de l'AIE, les stocks élevés de carburant pourraient inciter l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à maintenir son niveau de production. "Les stocks de l'OCDE sont très élevés, et l'inquiétude de l'Opep porte sur la reprise économique mondiale. Donc, si les économies redémarrent fortement, ils (les pays membres de l'Opep) devront produire davantage. Si ce n'est pas le cas, accroître simplement les stocks n'a pas de sens." Nobuo Tanaka souligne en outre que la faiblesse du dollar est "certainement un élément de renchérissement des cours du pétrole" mais a refusé de dire si un baril à 80 dollars était un prix trop élevé. "Tout dépend du niveau de la croissance économique. Ce qui constitue un niveau convenable est très difficile à dire. Mais si les prix augmentent trop, trop vite, cela pourrait ébranler la reprise économique", a-t-il déclaré. Interrogé pour savoir si, selon lui, les cours du pétrole devrait être libellés dans un panier de devise ou même en euro à la place du dollar pour être plus stables, le directeur de l'AIE a répondu: "la devise la plus fiable et la plus liquide reste le billet vert. En changer pourrait ne pas être nécessairement la solution." Concernant le problème de l'offre mondiale, Nobuo Tanaka a déclaré que les gisements pétroliers étaient proches de leur pic de production et que compenser cette baisse supposerait des investissements massifs. Mais comme il l'a rappelé, "tout dépend du prix". Les pays membres de l'Opep se réuniront le 22 décembre à Luanda en Angola pour décider de leur politique en matière de production pétrolière. Le président de l'Opec Jose Maria Botelho de Vasconcelos a rappelé lundi que la fourchette de 75 à 80 USD le baril était adéquate pour favoriser la reprise économique globale. En attendant, les cours du pétrole brut étaient orientés à la baisse hier dans les échanges électroniques en Asie au lendemain d'une hausse due à l'affaiblissement de la monnaie américaine. Le "light sweet crude" de New York pour une livraison en décembre a baissé de 20 cents à 78,70 USD le baril. Le brut de la Mer du Nord pour une livraison en janvier chutait lui de 32 cents à 78,44 USD le baril. Dans les échanges européens, les cours du brut reperdaient du terrain. Vers 11H30 GMT (12H30 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord, échangé à Londres, pour livraison en janvier, perdait 32 cents à 78,44 dollars. A la même heure, le baril de "light sweet crude" échangé à New York, pour livraison en décembre, perdait 36 cents à 78,54 dollars. Le billet vert reprenait du terrain, hier, se rapprochant du seuil de 1,49 dollar pour un euro, rendant moins attractifs les achats de matières premières libellés en dollars. Lundi, les prix du pétrole s'étaient hissés près des 79 dollars sur fond de faiblesse du billet vert, qui s'échangeait de nouveau à proximité de 1,50 dollar pour un euro, et de regain d'optimisme sur la vigueur et la pérennité de la reprise économique après de bons indicateurs japonais et américains. "Actuellement, le principal moteur du marché est la corrélation (du brut) avec le dollar", soulignait Olivier Jakob du cabinet Petromatrix, les fondamentaux de l'offre et de la demande ne permettant pas d'orienter les mouvements. L'attention des investisseurs se portera sur le rapport hebdomadaire du Département américain de l'Energie (DoE), attendu mercredi à 15H30 GMT. Les analystes interrogés par Dow Jones Newswires s'attendent à ce que le DoE annonce une stagnation des stocks de brut, une hausse de 400.000 barils des réserves d'essence, mais une réduction des réserves de distillats, de 600.000 barils. Ces réserves, qui incluent le fioul de chauffage et le diesel, sont très surveillées en période hivernale. Les chiffres des réserves de brut seront scrutés pour évaluer l'impact des mauvaises conditions climatiques récentes sur la production des installations du golfe du Mexique, ajoutait Olivier Jakob. Il ajoutait cependant qu'un recul des stocks ne serait pas une surprise et pourrait déclencher des ventes automatiques. S.G.