Les Algériens, depuis plusieurs mois, payent la facture herculéenne du sucre sans qu'ils aient la possibilité d'en saisir les raisons. Une situation qui pénalise surtout le citoyen, forcés de payer le prix fort en l'absence d'un mécanisme étatique de régulation du marché. A ce sujet, il faut dire que la hausse des prix du sucre en Algérie obéit à la loi de l'offre et de la demande. Tout en sachant que la hausse des prix du sucre a touchés d'abord les marchés internationaux et nationaux. Par ailleurs, il faut souligner que l'Algérie, qui a signé l'accord d'association avec l'Union européenne, devait tirer profit d'une réduction des prix de certains produits à la consommation dont le sucre précisément, seulement ce n'est pas le cas. Car, même si l'Algérie importe moins de sucre, il n'en reste pas moins qu'elle le paye aussi cher. Il faut tout de même savoir que l'Algérie, pays dépendant de l'importation, consomme mensuellement quelque 80.000 tonnes de sucre. En effet, l'inflation mondiale des prix du sucre s'avère avoir un effet négatif sur le marché national. A noter que le fossé entre l'offre et la demande de sucre pour la saison 2009/2010 est encore plus profond que prévu, selon l'Organisation internationale du sucre. Le prix à la tonne, qui a atteint des records en janvier, est sous tension. Cependant, le marché du sucre se porte encore moins bien que prévu. Le fossé entre l'offre et la demande devrait s'élever à 9,42 millions de tonnes sur la saison 2009/2010, selon les derniers chiffres de l'Organisation internationale du sucre (OIS). Elle tablait auparavant sur un fossé de 7,3 millions de tonnes. En cause, des récoltes désastreuses au Brésil et en Inde. Par ailleurs, la révision à la hausse de la production de 3,7%, à 157,16 millions de tonnes, ne suffira pas à combler l'augmentation de 1,5% de la demande, à 166,58 millions tonnes. Manifestation concrète de cet état de pénurie, le prix du sucre blanc pour livraison en mai a augmenté avant-hier jusqu'à 1,1%, à 714,50 dollars la tonne sur le marché Liffe, rapporte l'agence Bloomberg. En janvier, les prix avaient atteint des records, à 767 dollars la tonne. En outre, il faut noter d'emblée que les deux mauvaises récoltes consécutives en Inde et au Brésil ont provoqué les déséquilibres sur le marché du sucre. "Cette saison, la météo a amputé près de 10 millions de tonnes la production de ces deux géants", selon Emmanuel Jayet, responsable recherche produits agricoles chez Société Générale. Du coup, les Indiens, qui étaient exportateurs de sucre il y a encore deux ans, doivent trouver "en urgence" entre 3 et 5 millions de tonnes, a averti, avant-hier, dans un rapport les conseillers économiques du gouvernement. Forts de ce constat, les agriculteurs ont favorisé la production de céréales, les prix de ces derniers étant largement plus intéressants que ceux du sucre. Enfin, le retrait forcé des exportations européennes, suite à la réforme du marché européen du sucre, est revenu à retirer près de 5 millions de tonnes du marché ces deux dernières années. Résultat de ces tensions, les stocks sont au plus bas. Même si la saison 2010-2011 devrait voir disparaître le fossé entre offre et demande, comme le prévoit l'OIS, les niveaux très bas des stocks interrogent. Cependant, "la production devrait rebondir grâce aux prix élevés qui vont inciter les agriculteurs à produire plus de sucre", estime Emmanuel Jayet. Si la météo le permet.